Aimé ou détesté, l'édifice laisse rarement indifférent et fête demain ses 50 ans. Un lieu que des milliers de visiteurs auditeurs connaissent,devenu un repère dans le ciel de Paris. Malade de trop grands risques d'incendies et de l’amiante, sa réhabilitation se poursuit après déjà 10 ans de travaux.
- Félicie Dubois Ecrivaine
- Olivier Poivre d'Arvor ambassadeur de France en Tunisie, ancien directeur de France Culture, romancier
- Nadim Callabe directeur chargé de la réhabilitation de la Maison de la Radio
Malade de trop grands risques d'incendies et de l’amiante, sa réhabilitation se poursuit après déjà 10 ans de travaux. Et elle veut redevenir un grand lieu culturel ouvert au public, malgré notamment des contraintes de sécurité.
14 décembre 1963. Le général de Gaulle baptise à jamais de « Maison » le fruit du projet « Cheval », présenté par l’architecte Henry Bernard :
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Mais dès le départ, ce château fort moderne, de fer, d’aluminium et de verre souffre d'un hiatus. Car son père, géomètre et Prix de Rome, l'a conçu comme un bâtiment fonctionnel et très introverti. Un « Colisée du XXe siècle » pour réunir quantité de services dispersés et dont il revendiquait le manque de fantaisie. Écrivain et productrice de longue date à Radio France, Félicie Dubois a signé une autobiographie de l'édifice pour ses 30 ans :
Félicie Dubois à propos de la Maison de la Radio et du public
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**Bus spéciaux et entrée libre pour faire venir du public, dès 1965 !
"La santé de nos enfants est en péril", clame alors l'association de sauvegarde du Parc des sports où a été édifiée cette forteresse de l'information. Inaugurée en pleine guerre froide, avec ses abris anti atomique. Cette "Cathédrale des ondes" pour les uns, "Notre-Dame de la redevance" pour les autres, a pris place loin du métro pour éviter les vibrations, et dans une zone originellement populaire et de peu de passage. Face à un grand hall d'entrée désert, en particulier le dimanche, le directeur des programmes de la RTF, Roland Dhordain, décide de lancer "Entrée libre à l'ORTF", en partenariat avec la RATP ! Un grand rendez-vous dans plusieurs studios en même temps, avec notamment une bourse aux porte-clefs et un tir aux disques ! Le succès est tel que la préfecture de police de Paris le fera cesser pour des raisons de sécurité : les vitres du grand hall auraient pu céder en raison de l'affluence ! Producteur sur France Culture et grand connaisseur de l'histoire de la radio, *Thomas Baumgartner raconte (voir la vidéo ci-dessous) * :
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"Dans le Musée, on expliquait bien aux gens qu'ils étaient ici chez eux !"**
Puis, pendant des années, d'autres émissions phares comme l’Oreille en coin, quantité de concerts (dont Peter Gabriel, Carlos Santana, Renaud ou Manu Chao) ou de rencontres et débats, mais aussi une Poste, une banque et une agence de voyage ont attiré des centaines de milliers de personnes.
Sans oublier le Musée de la radio et de la télévision, ouvert fin 1966 et aujourd'hui en sommeil.
Son patrimoine historique et technique riche de plus de 2500 objets devrait à terme revivre dans quelques vitrines.
Pendant plusieurs années, Anne-Christine Marsaud, hôtesse conférencière , l'a fait découvrir à un public très varié :
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Mais depuis presque dix ans, les passants se heurtent au mécano des travaux. Comme Bernard, qui vit en province et dans un pied à terre voisin . Ce matin-là, il regardait justement le panneau des sociétés à l’œuvre sur le chantier :
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Anne-Christine Marsaud ajoute aussi que le développement des réseaux sociaux et d'internet n'a pas facilité le contact avec des auditeurs qui peuvent désormais gagner leurs invitations ou jouer en ligne.
Une future rue traversante
Dans un an, une artère piétonne reliant l'entrée en bord de Seine à la rue Raynouard devrait symboliquement faire tomber ce "mur du son".
Constituée d'une nef surmontée d'une verrière à 18 mètres de haut, elle mènera notamment à l'agora, nouveau coeur du bâtiment.
Un nouvel auditorium symphonique de 1.400 places devrait ouvrir en même temps.
Et d’ici début 2017, fin annoncée des travaux (soit plus de 4 ans de retard), la présidence de Radio France promet de retransformer les lieux en espace culturel majeur.
« Le public pourra ainsi entrer de manière libre et déambuler », affirme le Directeur chargé de la réhabilitation, Nadim Callabe, qui coopère avec "Architecture studio", auteur du projet.
Il dessine ce que sera cette rue et les services culturels et de restauration à venir. Comme la renaissance du " bar noir", où José Artur reçut un temps fin des années 60 :
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"On a envie de créer un grand bordel dans le quartier."
Directeur de France Culture, Olivier Poivre d'Arvor est aussi depuis peu Commissaire en charge de la programmation culturelle de la Maison de *Radio France *. Le 6 octobre dernier, il répondait aux questions de Stéphane Paoli, sur France Inter. Et d'expliquer comment « faire de ce lieu un lieu vivant, ouvert presque jour et nuit » :
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Vos souvenirs, suggestions, réactions
Comme chaque semaine, vous vous êtes exprimés sur notre sujet via Twitter et Facebook :
A l'instar de certains personnels et syndicats**, Félicie Dubois** tempère ces envies. D'après elle, « le lieu a pour vocation première d'accueillir du public. Mais il ne doit pas devenir un grand centre commercial, comme en face à Beaugrenelle, avec des gens qui viendraient voir journalistes et producteurs comme des animaux au zoo » :
Félicie Dubois : "Ne pas faire de la Maison de la Radio un grand centre commercial"
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Dans un tract d'avril dernier, la CGT de Radio France dénonçait « la dérive » de la direction de vouloir « faire de la Maison de Radio France un média à part entière ». Affirmant entre autres que « Les salarié-es qui subissent, dans leur activité quotidienne, les coupes budgétaires toujours plus importantes, assistent, médusé-es à la proclamation d’un « nouveau média » : le bâtiment ! ». Et le syndicat de pointer quantité de « ratés » du chantier, ainsi que son surcoût.
Enfin, la récente affaire du tireur de Paris et de ses environs est venue rappeler la délicate question de la sécurité : édifice bouclé et gilets pare-balles pour les huissiers. Comment gérer l'accueil du public dans une enceinte de médias, par exemple en fonction de Vigipirate ?
A noter que vous pourrez pour la première fois entendre la Maison de la Radio la semaine sur France Culture ! Dans une série de 4 "A voix nue", réalisés par Gilles Davidas et produits par Thomas Baumgartner :
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