Films restaurés : un nouveau marché

Cinéma Le Champo, dans le Quartier latin à Paris
Cinéma Le Champo, dans le Quartier latin à Paris ©Radio France - Catherine Petillon
Cinéma Le Champo, dans le Quartier latin à Paris ©Radio France - Catherine Petillon
Cinéma Le Champo, dans le Quartier latin à Paris ©Radio France - Catherine Petillon
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Avec le basculement du cinéma dans le numérique, les films sont de plus en plus nombreux à être restaurés. Ils ont désormais leurs festivals, comme "Toute la mémoire du monde", organisé par la Cinémathèque à Paris du 3 au 7 février. Et ouvrent un nouveau marché dans le monde du cinéma.

** **Depuis quatre ou cinq ans, la restauration des films s'est développée, améliorée. Elle a aussi été facilitée. C'est le numérique qui a provoqué cette rapide évolution. De plus en plus de films redeviennent disponibles des années après leur sortie, avec une très bonne qualité d'image et de son. La sortie d'une "version restaurée" devient même un argument commercial.  

 Cela redonne une nouvelle vie à des oeuvres. "Il n'y a pas de définition en tant que telle du film de patrimoine, de catalogue, de répertoire ou du films classique. Toutes ces appellations désignent un films qui n'est plus dans son premier cyle d’exploitation. On considère en général que c'est au bout de dix ans", précise Laurent Cormier, directeur du patrimoine au CNC, le Centre national de la cinématographie.  En 2014, près de 60% des films en salles avaient plus de dix ans.  

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 "Toute la mémoire du monde", festival international du film restauré
"Toute la mémoire du monde", festival international du film restauré
© Radio France - Catherine Petillon

Désormais, les restaurations de films concernent un spectre très large d'oeuvres."Dans les années 80, quand il y a eu un effort de fait sur le patrimoine cinématographique et la restauration, on avait tendance à considérer que la restauration concernait le côté "films muets en concert", 30 ans plus tard le cinéma de patrimoine est à nos portes. Les films qu'il faut remontrer sont aussi ceux des années 80 ou 90," souligne Frédéric Bonnaud, tout nouveau patron de La Cinémathèque. "Il y a eu un élargissement dans le temps :  un film comme Robocop, qui est un film de ma jeunesse, a déjà été restauré ."  Paul Verhoeven, (qui a réalisé ce film en 1987) est d'ailleurs l'invité d'honneur de la 4è édition de " **** Toute la mémoire du monde" , le festival du film restauré, organisé par La Cinémathèque.

Frédéric Bonnaud : la Cinémathèque doit devenir un diffuseur

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Que ce soit lors de cette manifestation ou à l'occasion du ** festival Lumière (**qui se tient à l'automne à Lyon et alentours), les films restaurés sont célébrés et mis à l'honneur. Il faut dire qu'ils connaissent depuis quatre ou cinq un élan inédit. "La nouvelle aventure du patrimoine commence avec le numérique", résume Jean-Fabrice Janaudy. Il est à la tête des Acacias, un distributeur spécialisé dans le patrimoine. Et avec la numérisation des salles - et donc des films, il a vu tout changer en peu de temps. 

JF Janaudy : un éparpillement des spectateurs

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Si à Paris les salles qui vont vivre les classiques sont depuis longtemps nombreuses, notamment dans le Quartier latin, en région,  de nouveaux cinémas s'engagent dans cette démarches de promotion des films. Les salles d'Art et Essais labellisées "Patrimoine et Répertoire" sont désormais 288, un chiffre en hausse.  

Les circuit à l'assaut du patrimoine

A leur côté, les salles de circuit proposent désormais elles aussi des séances dédiées aux classiques - à l'image des séances UGC Culte.  Les cinémas Gaumont-Pathé ont même décidé de dédier un multiplexe entièrement au patrimoine, une première. En novembre, ils ont ouvert dans le quartier des Gobelins, (Paris 13è), les Fauvettes, un cinéma de cinq salles où ne sont diffusés que des films restaurés.  

Le cinéma Les Fauvettes propose une rétrospective James Bond (février 2016)
Le cinéma Les Fauvettes propose une rétrospective James Bond (février 2016)
© Radio France - Catherine Petillon

Le pari de son patron, Jérôme Seydoux, c'est qu'il existe des spectateurs pour aller voir en salle de films cultes, même régulièrement diffusés à la télévision. Après avoir ouvert avec Le Corniaud de Gérard Oury avec Bourvil et Louis de Funès, ce cinéma propose en février une intégrale James Bond. 

 "L'objectif c'est de toucher une nouvelle génération de cinéphiles, des trentenaires", explique  le journaliste cinéma Jean- Pierre Lavoignat en charge depuis quelques jours de la programmation des Fauvettes."__On n'est pas la Cinémathèque nous n'avons pas vocation a faire découvrir des cinéastes oubliés, mais à proposer des nouvelles émotions autour de films cultes. On ira sûrement davantage vers les films des années 60, 70, 80, 90 que vers ceux des années 30." 

J P Lavoignat : que la jeune génération revoie ces films en salle

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En trois mois, le cinéma n'a pas encore attiré foule, mais il illustre l'intérêt commercial que représentent désormais les films restaurés.  

 "Seuls les anges ont des ailes" d'Howard Hawks, à la Filmothèque (Paris)
"Seuls les anges ont des ailes" d'Howard Hawks, à la Filmothèque (Paris)
© Radio France - Catherine Petillon

Des spectateurs plus nombreux ou éparpillés? 

 Les films restaurés sont désormais si nombreux que leur renouvellement en salle tend à suivre un rythme comparable à celui des nouveautés. "On arrive à un certain embouteillage, il y a parfois trop de films de patrimoine qui sortent pour le nombre de spectateurs", constate François Causse, programmateur de La Filmothèque, une salle Arts et essai emblématique du Quartier latin à Paris. Derrière le terme de restauration, il y a des réalités très disparates. Ressortir les oeuvres des Frères Lumière, ou les films avec Belmondo, faire une simple adaptation techniques aux nouveaux supports, ou élaborer un travail de réédition pour des films sinon oubliés : le spectre des restaurations de films est désormais très large.  

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François Causse, programmateur à la Filmothèque (Paris)

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Reste que l'ensemble des professionnels espèrent, avec l'arrivée d'une nouvelle offre, toucher un plus grand nombre de spectateurs. 

Un nouveau marché

  Un marché du film de patrimoine est en train d'émerger. Mais il reste économiquement très déséquilibré.

Pour Laurent Cormier, du CNC, on assiste bien à une modification du paysage d'exploitation. "On voit émerger un marché du film de patrimoine, au sens où il y a une offre et une demande. Mais c'est un marché qui est économiquement très déséquilibré : pour quelques films qui vont très bien marcher en salle, avoir une belle édition DVD et une vente télé - et où l'ayant-droit va retomber sur ses pieds financièrement- beaucoup d'autres ont du mal à financer les restauration car la réponse du marché pas suffisante." 

Laurent Cormier (CNC) un marché du film restauré

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En 2012, le CNC a instauré une aide aux ayants droit à la restauration et à la numérisation des films. Depuis la création, de ce dispositif, le CNC a concourru à hauteur de  38 millions d'euros à la restauration de films.

Catherine Petillon 

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