Filmer l'adolescence au cinéma, c'est filmer la métamorphose, la mise en parenthèse du monde adulte, et le passage du temps. Plan large sur un genre de l'intériorité et des premières fois, avec Sébastien Lifshitz, cinéaste du passage, et Adrienne Boutang, historienne du cinéma.
- Jeanne Dressen Cinéaste
- Sébastien Lifshitz Cinéaste
- Adrienne Boutang Historienne du cinéma, maîtresse de conférence dans le département d’anglais de l’Université de Bourgogne Franche-Comté
- Mathieu Macheret Critique de cinéma, journaliste au Monde et aux Cahiers du Cinéma
"Tout ce que fait un adolescent sur un écran, il a l’air de le faire pour la première fois", disait François Truffaut. Filmer l’adolescence, ce serait ainsi retrouver le geste primitif, celui de l’enfance du cinéma, quand tout apparaissait à l’écran pour la première fois. 60 ans après Les 400 Coups, c’est avec la même émotion qu’on voit vivre et se transformer sous nos yeux Emma et Anaïs dans Adolescentes, le nouveau film de Sébastien Lifschitz en salles depuis le 9 septembre. Cinéaste du passage, des mutations et donc du temps qui passe, il a suivi pendant 5 ans, de leurs 13 à leurs 18 ans, de la sortie de l’enfance à l’entrée dans l’âge adulte, deux amies, deux jeunes filles d’une petite ville de France, et par un montage dense et fluide, en a tiré matière à un pudique et émouvant portrait, exploration de l’intime et de ses manifestations extérieures, et de comment se construit une identité, comment aussi l’époque nous façonne.
Filmer la métamorphose
Je m’interrogeais sur comment leurs liens fonctionnent. C’était très étrange pour moi d’observer ce lien improbable. Je n’étais pas sûr que le lien tienne sur les 5 ans. Le projet du film pour pouvoir filmer la métamorphose, d’un enfant en jeune adulte, ça prend du temps. J’aimais l’idée de construire une fluidité, de laisser sentir de manière imperceptible à travers les saisons, le passage du temps. Dans le rapport au temps que je cherchais à construire narrativement, je voulais que le film soit pensé comme une fiction.
Sébastien LifshitzPublicité
Filmer l’adolescence, est-ce pour autant faire un teen movie ? L’historienne du cinéma et spécialiste de la question, Adrienne Boutang, maîtresse de conférences à l’université de Franche-Comté, co-autrice avec Célia Sauvage de l'ouvrage Les Teen Movies (éditions Vrin), nous livre son regard sur le film de Sébastien Lifschitz, et comment il résonne, ou non, avec ce genre, très américain, qui convoque, selon elle : "des hordes agitées de jeunes gens gominés en route pour les drive-in_, des freluquets frustrés, boutonneux, et désespérément puceaux, des comédies au-dessous de la ceinture, ou encore des gamines mièvres attendant éternellement l’arrivée d’un prince charmant ou d’un vampire désespérément puritain, dans des chambres à coucher tapissées de rose."_
Le journal du cinéma : portraits de femmes
Rencontre avec la cinéaste Jeanne Dressen, pour son film A ma place, en salles depuis le 9 septembre**,** beau portrait d’une femme, Savannah, 25 ans, étudiante en sociologie préparant son entrée à Normale Sup en grande banlieue le jour, et militante de Nuit debout place de la République la nuit. On est en 2016, c’est peu dire qu’elle est épuisée, et calmement en colère contre le fonctionnement de notre société et les prémices de la répression violente des moments sociaux. (Retrouvez sur la page Facebook du film, les nombreux ciné-débats programmés à l'Espace Saint-Michel à Paris.)
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Les sorties de la semaine : La Daronne, difficile d’y échapper, c’est Isabelle Huppert, devant la caméra de Jean-Paul Salomé. Un film assez improbable, à vrai dire, mais qui vaut mieux que la comédie bouffonne, notamment grâce à la prestation d’Huppert. Il y a aussi des joueuses de football cette semaine, avec Stéphanie Gillard qui a suivi l’équipe féminine de l’Olympique Lyonnais dans Les Joueuses #paslàpourdanser. Un portrait d’adolescente en galère dans le Londres multiethnique d’aujourd’hui, c’est Rocks, de Sarah Gavron, ou comment, en Angleterre, le teen movie est toujours ancré dans le réalisme social et politique. Et puis enfin, le retour au cinéma du plus âgé et du plus anticonformiste des cinéastes français, Paul Vecchiali, 90 ans, avec Un soupçon d'amour, portrait d’une tragédienne qui ne veut plus l’être, interprété par sa fidèle Marianne Basler.
Une rétrospective Sébastien Lifshitz est à voir à la Cinémathèque de Nice, du 17 septembre au 3 octobre. Le cinéaste sera également l'invité du Festival international du film indépendant de Bordeaux, du 14 au 19 octobre.
La chronique de Mathieu Macheret : retour sur la Mostra de Venise
De retour de la 77ème Mostra de Venise, le plus vieux festival de cinéma au monde, qui se termine ce samedi 12 septembre 2020, Mathieu Macheret nous donne la température sur le Lido, où tout le monde est masqué depuis 10 jours, et pas pour le carnaval. C’est la première manifestation cinématographique d’envergure à avoir réussi à se tenir physiquement depuis le début de la pandémie, et on se réjouissait d’y voir projeté, en compétition et sur grand écran, les nouveaux films de Kioshi Kurosawa, Andreï Kontchalovski, Kornel Mundruczo, Gianfranco Rosi et même, Nicole Garcia, seule représentante française en compétition. Dans les œuvres qui échappent à l'académisme auteuriste de la Mostra, Mandibules, de Quentin Dupieux, un film au chaos et au grotesque explosif ...
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Extraits de films et musiques
- Adolescentes, de Sébastien Lifshitz (en salles le 9 septembre 2020)
- La Boom, de Claude Pinoteau (1980)
- Breakfast Club, de John Hugues (1985)
- Adolescentes, de Sébastien Lifshitz (2020)
- Take Care in Your Dreams, des Tindersticks
- Montage des sorties de la semaine : Un soupçon d'amour, de Paul Vecchiali ; Rocks, de Sarah Gavron ; Les Joueuses #paslàpourdanser, de Stéphanie Gillard ; La Daronne, de Jean-Paul Salomé.
- A ma place, de Jeanne Dressen (en salles le 9 septembre 2020)
- Mandibules, de Quentin Dupieux (en salles le 2 décembre 2020)
- Ti Amo, de Umberto Tozzi (musique présente dans la bande originale du film La Troisième Guerre, de Giovanni Aloi, 2020)
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