

Plan large sur le Festival de Cannes 1939, édition avortée par l'entrée en guerre, et qui voit enfin le jour dans la ville de son fondateur, Jean Zay. Du Magicien d'Oz de Victor Fleming à La Charrette fantôme de Julien Duvivier, trois regards critiques se croisent et se confrontent sur la sélection.
- Sophie-Catherine Gallet Collaboratrice à France Culture, critique de cinéma à Revus et corrigés, cinéaste
- Charlotte Garson Rédactrice en chef adjointe des Cahiers du cinéma
- Marc Cerisuelo Professeur en Histoire et esthétique du cinéma à l'université Paris-Est Marne-la-Vallée
« La Côte d’Azur cette année s’était annexé Hollywood, de Norma Shearer à Constance Bennett, de Charles Boyer à George Raft, d’Edward G. Robinson à Erich Von Stroheim, de Marlène Dietrich à Simone Simon. […] Le Festival du film s’annonçait […] sous les meilleurs auspices. Les étrangers avaient envoyé leurs meilleurs films. Les Américains, notamment, avaient pris la chose très au sérieux. […] Lorsqu’apparurent, assombrissant le ciel d’azur, les nuages symboliques. » Racontées par Robert de Thomasson, romancier et critique de cinéma, dans Pour Vous le 30 août 1939, ces « nuages symboliques », ce sont bien sûr ceux de la mobilisation générale, qui ont sonné le glas du premier Festival International du Film de Cannes, prévu pour s’inaugurer le surlendemain 1er septembre, jour de l’invasion de la Pologne par l’Allemagne nazie, avec les conséquences que l’on connaît. L’histoire de Cannes 1939, ce « festival qui n’a pas eu lieu » commence à être connue.
Sauf que ça y est, ce Festival a lieu en ce moment même à Orléans, et devant des salles combles, dans la ville de son fondateur, le ministre de l’Education Nationale et des Beaux-Arts de 1939, Jean Zay. Orléans donc qui a eu la riche idée de recréer la manifestation avortée en projetant l’intégralité des films qui devaient composer sa compétition, et bien d’autres encore. Le palmarès du jury présidé par le cinéaste Amos Gitai sera dévoilé ce soir. En attendant, comme dans tout Festival de Cannes, c’est la critique qui s’empare de quelques films des 28 sélectionnés en compétition : ce qu’ils disent du monde de 1939, et d'aujourd'hui. Pour cet exercice uchronique, trois critiques autour de notre table : Marc Cerisuelo, de Positif, Sophie-Catherine Gallet, de Revus & Corrigés, et Charlotte Garson, d’Etudes et Images Documentaires.
En fin d'émission, la chronique de Charlotte Garson sur quatre films restaurés de René Clair : le dadaïste Entr'acte et le surréaliste Paris qui dort tournés entre 1923 et 1924, l'étonnant Le Dernier Milliardaire (1934) et son hommage au cinéma muet Le silence est d'or réalisé en France, à son retour des Etats-Unis en 1947. René Clair, dont on oublie sans doute aujourd’hui, tout académicien qu’il fut à la fin de sa vie, qu’il avait été en son temps considéré comme l’égal de Griffith, Chaplin, Pabst ou Eisenstein.

Les recommandations de Plan Large
Toute la sélection des films en compétition, du Festival de Cannes 1939, est à retrouver sur le site officiel du Festival.
Sorties DVD : Le Magicien d’Oz, de Victor Fleming est édité en version 4k ultra HD, en DVD (Warner) et La chevauchée fantastique, de John Ford est édité en DVD et Blu Ray chez Lobster Films.
Rétrospectives : Intégrale Guy Debord à la Cinémathèque de Toulouse du 19 novembre au 23 décembre et le cycle Les talents soviétiques, Collection Arkeion, est à voir à la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé à Paris, du 20 novembre au 10 décembre.
Du côté de Belfort, on vous recommande un autre festival, les excellentes Entrevues, avec une compétition internationale, un hommage à Pierre Salvadori, un panorama du cinéma algérien d’aujourd’hui et du cinéma est-allemand d’hier. C'est du 17 au 25 novembre.
Les extraits de films
- Le Magicien d'Oz, de Victor Fleming (1939)
- Seuls les anges ont des ailes, d'Howard Hawks (1939)
- Les Tractoristes, d'Ivan Pyriev (1939)
- La Grande Solution, d'Hugo Haas (1939)
- La Charrette Fantôme, de Julien Duvivier (1939)
- Alexandre Nevski, de Sergueï M. Eisenstein (1938)
- Le Dernier Milliardaire, de René Clair (1934)
- Le Silence est d'Or, de René Clair (1947)
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