Fondateur du néo-réalisme italien, auteur d'une oeuvre charnière, multi-récompensée, Vittorio De Sica est un cinéaste fondamental dans l'Histoire du cinéma, voilé de nombreux paradoxes. Plan large sur une figure complexe, déconcertante, et contradictoire.
- Sylvie Dubois Enseignante et doctorante en cinéma, à l'Université de Lille
- Fernando Ganzo Rédacteur en chef du magazine "So Film"
- Mathias Sabourdin Directeur de la photo et critique de cinéma
Quoi de commun chez l’acteur aux 150 rôles, du jeune premier du cinéma fasciste des téléphones blancs au comique à succès de la série des Pain, amour et… en passant par l’escroc tragique du Général Della Rovere de Rossellini ? Auteur de 35 films, Vittorio De Sica sera, avec son scénariste et complice Cesare Zavattini, porté aux nues par la critique pour sa contribution majeure à l’Histoire du cinéma et au néo-réalisme italien, considéré pendant les années 1950 comme l’auteur d’un des plus beaux films de tous les temps, Le Voleur de bicyclette, dont la renommée alla jusqu’à, outre-Atlantique, impressionner fortement Alfred Hitchcock, Martin Scorsese ou encore Woody Allen.
Mais De Sica sera aussi taxée par la même critique dans les années 1960, de sentimentalisme et de vulgarité opportuniste, alors qu'il réalise dans les années 1960 des comédies commerciales, à l’italienne et des mélodrames féminins, avant son retour en grâce à la fin de sa carrière, qui lui vaudra de se faire dédier par Ettore Scola un de ses plus beaux films, Nous nous sommes tant aimés.
L’écriture zavattinienne et de De Sica, c’est le drame, mais le drame dans le quotidien, avec ses à côté. Pour revenir à Bazin, il dit que quand les autres essayaient de mettre du réel dans le spectacle, eux faisaient de la réalité un spectacle. Chez De Sica, il y a une absence de dogmatisme, et paradoxalement, c’est sûrement le cinéaste qui a été le plus loin dans la mise en pratique d’une théorie néo-réaliste, du rapport au réel et à la durée. La mise en scène est extrêmement travaillée et toujours en tension, pour reproduire un effet de réalité, fondamental dans l’Histoire du cinéma italien, et qui va influencer Pasolini, les premiers films de Bertolucci, et Antonioni. Mathias Sabourdin
« Pour définir De Sica, il faut remonter à la source même de son art, qui est la tendresse et l’amour », écrivait un de ses grands thuriféraires, le critique André Bazin. Et c’est sans doute bien cette tendresse, cet amour pour ses personnages qui fait l’unité de l’œuvre de cet éternel humaniste qu’était Vittorio De Sica, comme le montrera sans doute la rétrospective qui s’est ouverte à la Cinémathèque française.
Tout le monde a sa part d’humanité chez Vittorio De Sica, qui en même temps est aussi lié à un vrai désenchantement. Mathias Sabourdin
Pour nous y plonger, dans Plan Large aujourd'hui, deux fins connaisseurs du cinéma transalpin : Sylvie Dubois, spécialiste du néo-réalisme, qui enseigne le cinéma à l’Université de Lille, et Mathias Sabourdin, directeur de la photographie et d’un Dictionnaire du cinéma italien, de 1943 à nos jours, paru aux éditions Nouveau Monde.
L’enfant représente la figure De Sica-Zavattini, qui ont tous les deux l’espoir un peu naïf, de ramener l’humanité dans un monde qui est en train de perdre cet espoir. L’enfant est le moyen de ramener cette naïveté et un regard neuf. De Sica mélange beaucoup les genres, il a ce côté enfantin qui l’amène à s’amuser de tout, et à casser les codes. Sylvie Dubois
En fin d'émission, la chronique de Fernando Ganzo, rédacteur en chef de la revue So Film sur Euzhan Palcy, cinéaste de toutes les première fois : première femme à obtenir un Lion d’argent à Venise, première réalisatrice à obtenir un César pour Rue Case-Nègres en 1984, première femme produite par un studio américain, première (et seule) femme à diriger Marlon Brando, dans Une saison blanche et sèche en 1989. Une pionnière donc dans de nombreux domaines que cette cinéaste encore trop méconnue dans son propre pays, la France, et que So Film est allé rencontrer pour leur nouveau numéro.
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La rétrospective Vittorio De Sica est à voir jusqu'au 2 mars à la Cinémathèque française à Paris.
Retrouvez l'intégralité du texte La figure de l’enfant, objet du réalisme poétique, de Vittorio De Sica et Cesare Zavattini, signé Sylvie Dubois, paru dans la revue Italies en 2017.
Le Jardin des Finzi-Contini, de Vittorio De Sica, sort en salles, en version restaurée le 15 avril.
Ressorties en salles : le passionnant Slacker, premier film de Richard Linklater ; le très beau La Beauté des choses, du suédois Bo Widerberg, et enfin Vacances, de George Cukor, formidable screwball comedy .
Le premier numéro de la revue Blink Blank, consacrée au cinéma d'animation, vient de paraître.
Les extraits de films
- Le Voleur de bicyclette, de Vittorio de Sica (1948)
- Miracle à Milan, de Vittorio de Sica (1951)
- Umberto D., de Vittorio de Sica (1952)
- L'or de Naples, de de Vittorio de Sica (1954)
- Mariage à l'italienne, de Vittorio de Sica (1964)
- Le jardin des Finzi-Contini, de Vittorio de Sica (1970)
- Rue Case-Nègres, de Euzhan Palcy (1983)
- Une Saison blanche, de Euzhan Palcy (1989)
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