Du hors-champ, avec Sandrine Kiberlain et Laura Wandel

"Une jeune fille qui va bien", de Sandrine Kiberlain
"Une jeune fille qui va bien", de Sandrine Kiberlain - Crédit Ad Vitam Distribution
"Une jeune fille qui va bien", de Sandrine Kiberlain - Crédit Ad Vitam Distribution
"Une jeune fille qui va bien", de Sandrine Kiberlain - Crédit Ad Vitam Distribution
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Aujourd'hui dans Plan large nous recevons Sandrine Kiberlain pour "Une jeune fille qui va bien" ainsi que Laura Wandel pour "Un monde". Deux premiers films qui confrontent leurs personnages aux âpres difficultés du monde.

Comment aller bien, dans un monde qui va mal ? C’est la question que posent, entre autres, deux premiers longs métrages sortis ce mercredi, qui jettent des filles, jeunes et petites, dans un monde immense et plein de dangers dont, par un choix de mise en scène affirmé, on ne perçoit que ce qu’elles veulent bien en voir.

Une jeune fille qui va bien : les rêves d'une jeune actrice juive durant la guerre

Le premier film est signé d’une actrice fameuse qu’on n’avait pas vu venir comme cinéaste, c’est Sandrine Kiberlain. Avec Une jeune fille qui va bien, elle suit les pas d’une jeune actrice en devenir, préparant le concours du Conservatoire tout en découvrant les premiers émois amoureux. Par ailleurs elle est juive, et dans le Paris de l’été 1942, il est tout sauf facile de vivre autant qu’on le voudrait l’insouciance de la jeunesse.

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"Une jeune fille qui va bien", Sandrine Kiberlain
"Une jeune fille qui va bien", Sandrine Kiberlain
- Crédit Ad Vitam Distribution

Entre biographie fantasmée de ses grands-parents, souvenirs de ses débuts d’actrices, et joie de filmer de jeunes visages d’aujourd’hui, Sandrine Kiberlain raconte que ce premier long-métrage, "c’était aussi pour moi des retrouvailles nostalgiques. Je voulais rendre hommage aux débuts des acteurs, à cet âge-là quand tout est permis." On voit notamment sur l'écran la révélation Rebecca Marder, de la Comédie Française, le jeune acteur qui monte Anthony Bajon et la jeune première qu’on connaissait jusqu’alors comme collaboratrice et apparition dans les films d’Alain Cavalier depuis La Rencontre il y a 25 ans, la délicieuse et mutine Françoise Widhoff dont notre invitée nous dit ce qu'elle "a apporté au rôle, et ce qu’elle a dans la vie, qui ressemble à l’univers d’Alain Cavalier, c’est-à-dire de la poésie, et en même temps une profondeur de savoir ce que c’est que le bonheur et le malheur."

Projection privée
1h 03

Un monde : l'école comme lieu de violences

Nous recevons dans la deuxième partie de Plan Large la cinéaste Belge Laura Wandel, qui avec Un monde nous plonge dans un autre terrain des plus dangereux, et terrifiants : celui d’une cour de récréation, ce "miroir de notre société", comme l’avait fait Claire Simon avant elle, sous forme documentaire, avec Récréations. L'école y est présentée ici comme un monde oppressant, un territoire où se forment les individus, et où souvent se transmet la violence. La petite Nora, formidablement interprétée par la très jeune Maya Vanderbeque, y découvre que son grand-frère est la victime d’une bande de harceleurs, avant d’en devenir un lui-même.

ll y est question notamment de comment se construit l’individu, entre conflits de loyauté et trahisons, et de comment aussi rester droit, dans un monde qui ne l’est pas. La réalisatrice belge déclare ainsi à propos de son film : "j’ai voulu reconfronter le spectateur aux premiers enjeux d’intégration et de besoin de reconnaissance."

"Un monde", de Laura Wandel
"Un monde", de Laura Wandel
- Crédit Tandem Films

Filmé entièrement à hauteur d’enfant, en plans séquences et selon un principe immersif qui met le spectateur en permanence aux aguets de ce que recèle un hors-champ menaçant, Un monde propose aussi un regard nouveau sur cette question des violences à l'école en montrant "le point de vue du témoin dans la mécanique du harcèlement", élément rare au cinéma. Le film a d'ailleurs saisi les spectateurs du dernier Festival de Cannes, où il était présenté dans la section Un Certain Regard et il est également dans la liste des Oscars, pour le meilleur film étranger. Nous avons rencontré sa réalisatrice, Laura Wandel, lors de son passage à Paris.

Par les temps qui courent
1h 00

La chronique de Raphaël Clairefond : Saloum du réalisateur Jean-Luc Herbulo

La semaine dernière, dans Plan Large, nous explorions avec Dyana Gaye et Valérie Osouf 65 ans de cinéma panafricain autour de leur formidable anthologie Tigritudes, toujours en cours au Forum des Images à Paris. C’est à un autre genre de cinéma africain, un cinéma de genre, précisément, que Sofilm s’intéresse dans son nouveau numéro, en partant enquêter sur un film qui ambitionne rien moins que de régénérer le cinéma populaire en Afrique de l’Ouest. Comme l'explique Raphaël Clairefond, "au coeur de ce projet, on retrouve les légendes, les monstres, les mythes, les héros… tout ce qu’on ne montre pas de l’Afrique."

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Les sorties de la semaine, par Antoine Guillot

Un film qui vaut mieux que son titre français un peu niais, et qui derrière son apparence très cliché de film indépendant américain au noir et blanc léché et à la musique sirupeuse, creuse ce que l’enfance peut provoquer comme dérangement salutaire chez un adulte à la bonne conscience bohème, joué par le toujours excellent Joaquin Phoenix, c’est Nos âmes d’enfants, C’mon C’mon en VO, de Mike Mills.

Un exercice d’admiration pour des pères d’adoptions, tout ce que le cinéma français compte d’acteurs cabots vieillissants ou trépassés, c’est le toutefois attachant Adieu Paris, d’Edouard Baer.

Un acteur bombardé candidat aux municipales dans une petite ville des Ardennes, sous forme de docu-fiction, c’est le très casse-gueule Municipale, de Thomas Paulot, où ça casse plus souvent que ça ne passe.

Affaires municipales toujours, avec Isabelle Huppert en maire d’une ville de banlieue parisienne accompagnée de Reda Kateb en directeur de cabinet, tentée de rempiler pour un troisième mandat après avoir promis de raccrocher, c’est Les promesses, de Thomas Kruithof, salutaire exercice de réflexion politique, dont on aurait cependant aimé un rien plus d’inventivité dans la mise en scène.

Un renversement des rapports entre maître et valet, c’est la lutte des classes vue par Joseph Losey, dans le chef-d’œuvre qui donna à Dirk Bogarde le rôle de sa vie, The Servant, qui ressort en salles en version restaurée.

Une exploration expérimentale des horreurs du XXe siècle, en forme de retable en triptyque, c’est le très éprouvant, sombre et beau nouveau documentaire de Rithy Panh, Irradiés.

Et enfin, le premier long métrage de Michelangelo Antonioni, qui porte en lui tout ce que sera son cinéma, c’est le rare et méconnu Chronique d’un amour, ressorti lui aussi mercredi en version restaurée.

A noter aussi   le Festival International du Film sur les Handicaps, qui se tient à Lyon du 4 au 9 février prochain avec 70 films tous inédits ;  la sortie DVD de la formidable comédie musicale des frères Larrieu, Tralala et la diffusion sur Arte de la nouvelle série documentaire de Raoul Peck, Exterminez toutes ces brutes.