

Aujourd'hui, dans Plan Large, nous recevons les cinéastes Nick Richey, pour "1-800-Hot-Nite" et Brett Morgen pour "Moonage Daydream".
- Nick Richey Réalisateur, scénariste et écrivain américain
- Brett Morgen Réalisateur, producteur et scénariste américain
- N.T. Binh Journaliste, critique, enseignant de cinéma (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
- Harold Manning Réalisateur, traducteur et interprète
C’est au versant indépendant du cinéma américain que nous nous intéresserons aujourd’hui à l'occasion de la 48ème édition du Festival du cinéma américain de Deauville, avec deux odyssées qui nous racontent, entre autres, comment trouver sa place dans le monde.
"1-800-Hot-Nite" de Nick Richey
La première, qui a ouvert ce matin la compétition deauvillaise, suit les 400 coups nocturnes d’un jeune ado et de ses copains dans la nuit los angélienne, c’est 1-800-HOT-NITE , de Nick Richey. Le film se passe le temps d’une nuit, à Los Angeles. Trois garçons de 13-14 ans livrés à eux-mêmes, dans la nuit, font les 400 coups, entre fuite des autorités, premiers émois sentimentaux et confrontation à la violence du monde : « ces garçons vivent au bord - au bord de la délinquance -, et ce film, qui se déroule sur 6 heures, montre quelque part ce qui se passe en eux ; je me rappelle avoir réfléchi en tant qu’enfant et me dire « je suis trop jeune pour vivre ça », je ne comprenais pas ce qui m’arrivait, donc ce film est très personnel en ce sens, je voulais montrer au public ce que c’est que ce passage-là ».

"Moonage Daydream" de Brett Morgen
La seconde nous plonge dans les images, la pensée et la persona de David Bowie dans un maelström pictural, musical et sensoriel, c’est Moonage Daydream, de Brett Morgen, qui sort en salles le 21 septembre prochain. Après s'être immergé pendant près de 5 ans dans les archives de la Fondation Bowie, et en épousant la conception de Bowie du chaos qui fait nos vies, Brett Morgen organise, par le biais du montage, un film tout sauf linéaire, dans lequel on passe sans solution de continuité du Bowie de la fin, période Blackstar, au Ziggy Stardust qui est son incarnation la plus emblématique, en passant par le Thin White Duke ou le crooner des années 80 : "J’avais envie de faire un spectacle immersif qui ne soit pas biographique, mais qui le personnifie et conserve l’énigme, le mystère Bowie. J’avais envie de faire comme Bowie lui-même, nous inviter à participer à sa réflexion, et quelque part, j’ai essayé de me rapprocher par ce film de son expérience à lui."
La chronique de N.T. Binh : "Gloria", de John Cassavetes
Une ancienne call-girl qui ne s’en laisse pas compter quand des mafieux essaye de s’emparer du petit garçon portoricain de 6 ans dont elle se retrouve la protectrice à son corps défendant, et qui n’hésite pas à faire feu quand les circonstances l’exigent, c’est Gloria, le rôle préféré, dit-elle, de l’immense Gena Rowlands. Le film, un des plus célèbres de John Cassavetes, a fait l’objet cet été d’une très belle édition Blu-ray chez Wild Side : "C’est un film atypique dans la filmographie de Cassavetes, c’est à la fois un film qui témoigne de l’amour de Cassavetes pour le cinéma et tout le cinéma, mais il est aussi une sorte de défi lancé à l’industrie hollywoodienne, qu’en principe, dans ses réalisations, il cherchait à contrer, par des films personnels, hyper-subjectifs, mais qui, dans l’ombre, le nourrissait".

Les sorties de la semaines
Une petite fille douée d’un super pouvoir olfactif qui la plonge dans le passé de son histoire familiale, c’est Les cinq diables, essai de fantastique à la française, par la cinéaste Léa Mysius, dont on avait adoré le premier film, Ava, il y a cinq ans.
Fantastique à la brésilienne, dans sa version dystopique, puisqu’il décrit un pays dominé par un pouvoir carrément nazi, c’est le très surprenant et animal Memory House, de João Paulo Miranda Maria.
Une exploration échevelée et mélancolique des possibilités ouvertes par le multiverse, c’est le succès surprise de l’été aux Etats-Unis, Everything Everywhere All at Once, du duo Daniel Scheinert et Daniel Kwan, avec la reine du film d’action hongkongais Michelle Yeoh.
Le retour en salle depuis 10 jours du plus poétique des cinéastes punk français, F.J. Ossang, avec ses magnifiques L’affaire des divisions Morituri, Le trésor des îles chiennes et Docteur Chance, que le cinéaste accompagne un peu partout en France dans une véritable tournée de rock star.
Un très beau documentaire d’animation, qui a fait le tour des festivals jusqu’aux Oscars, c’est Flee, de Jonas Poher Rasmussen, où le cinéaste a mis en images le récit qu’un ami afghan lui a fait du périple qui l’a conduit jusqu’au Danemark.
Documentaire encore, c’est My Name is Gulpilil, portrait de la première star aborigène du cinéma, David Gulpilil, du Walkabout de Nicolas Roeg au Charlie’s Country de Rolf De Heer, raconté par l’acteur à la veille de sa mort.
Dans la lignée du travail de notre invité Brett Morgen, l’évocation, par un montage d’archives, de la destinée tragique de Diana Spencer, c’est The Princess, un documentaire d’Ed Perkins, projeté exceptionnellement sur grand écran demain, 25 ans après l’accident funeste que l’on sait.
Claire Denis côté mystère du sentiment amoureux, c’est Avec amour et acharnement, avec aussi Juliette Binoche, Vincent Lindon et Grégoire Colin, d’après un roman de Christine Angot.
Le film qui en 2005 révéla mondialement le regretté cinéaste québécois Jean-Marc Vallée, c’est C.R.A.Z.Y., de retour en salles.
Et enfin, deux copines praguoises qui dynamitent allègrement le réalisme socialistes, ce sont Les petites marguerites, fleuron de la Nouvelle Vague tchèque signé Vera Chytilovà. Un excellent dossier "lycéens et cinéma" lui est consacré sur le site du CNC.
Les recommandations de Plan Large
Comme tous les premiers samedi du mois, Plan Large vous propose de gagner des cinépass pour accéder aux films mis en ligne par notre partenaire LaCinetek, la Cinémathèque virtuelle des cinéastes. Ce mois-ci, c’est Catherine Deneuve, hommagée en ce moment d’un Lion d’Or d’honneur à la Mostra de Venise, qui est à l’honneur à travers 20 films clés de sa carrière, des années 60 à 2000. Il y a aussi 10 films, et pas des moindres, autour de la couleur rouge. Pour jouer, rien de plus simple, il vous suffit de cliquer sur ce lien.
Côté rétrospectives sur grand écran, jusqu'au 27 septembre, un cycle King Vidor à la Fondation Pathé-Seydoux, qui propose également une exposition sur l’ancêtre du home cinema, le Pathé Baby.
Et à la Cinémathèque française, à ne pas rater, une majestueuse rétrospective Douglas Sirk jusqu’au 26 octobre. A suivre dans Plan Large la semaine prochaine…
Extraits sonores
Ashes to Ashes, de David Bowie, (extrait de l'album Scary Monsters (and Super Creeps), 1980)
Changes, de David Bowie (extrait de l’album Hunky Dory, 1971)
Let’s Dance, de David Bowie (extrait de l'album Let's Dance, 1983)
extrait du film Gloria, de John Cassavetes (1980)
L'équipe
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