H comme Hal Hartley, l'insoumis

Amateur, d'Hal Hartley, avec Elina Löwensohn et la main d'Isabelle Huppert (1994)
Amateur, d'Hal Hartley, avec Elina Löwensohn et la main d'Isabelle Huppert (1994) - Hal Hartley / Possible Films
Amateur, d'Hal Hartley, avec Elina Löwensohn et la main d'Isabelle Huppert (1994) - Hal Hartley / Possible Films
Amateur, d'Hal Hartley, avec Elina Löwensohn et la main d'Isabelle Huppert (1994) - Hal Hartley / Possible Films
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Plan large sur le cinéaste Hal Hartley, farouchement insoumis et intègre, représentant d'un certain cinéma américain indépendant dans les années 1990, au ton unique, percutant et décalé, en compagnie de son actrice et égérie Elina Löwensohn, Mathieu Germain et Mathieu Macheret.

Avec

Mais où est passé Hal Hartley ? Pour tous ceux qui ont découvert en France, au début des années 90, et dans le désordre, ses premiers films : L’incroyable vérité, Trust Me, Simple Men et Surviving Desire, ce fut une déflagration, et le début d’un culte. Son cinéma, profondément américain, mais imprégné de cinéma européen, témoignait non seulement, après Jim Jarmush et en même temps que Todd Haynes, Todd Solondz et Amos Kollek, de la possibilité d’un cinéma américain indépendant, quand ce terme avait encore un sens, mais surtout, avec sa ligne claire et ses cadrages obliques, son sens de la répartie vigoureuse et du dialogue, souvent de sourds, sa poétique du décalage, son humour pince-sans-rire et son burlesque à froid, ses chorégraphies d’outsiders, de parias et d’exilés intérieurs, Hal Hartley nous parlait comme personne d’amour, de sexe, de religion, de la famille, et du monde dans lequel nous vivons, individualiste et ultralibéral. Ses acteurs récurrents étaient nos amis pour la vie, et nous aidaient à vivre. 

Durant toute la carrière d'Hal Hartley, l'intégrité fut sa qualité première, de ne jamais faire de compromis, de rester totalement indépendant. Et ça se voit dans ses films. Il donne aux personnages leur pleine vérité. Il les iconise, à tel point que le paysage dans son cinéma, c'est leur visage. Mathieu Germain

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Et puis, alors que les Etats-Unis le découvraient enfin, la France a désaimé Hal Hartley. Le dernier film qu’on a vu sur nos grands écrans, c’était Henry Fool, en 1998. Et puis plus rien. Mais le cinéaste n’était pas resté inactif, loin de là : 15 films, courts et longs confondus ont été réalisés depuis. Où les voit-on ? Sur Internet, où s’est réfugié, par refus de jouer le jeu de l’industrie cinématographique, ce trouble-fête farouchement indépendant et insoumis, dangereux car sincère. Mais bonne nouvelle : Hal Hartley revient en France, par la grâce d’un très beau livre collectif qui lui est consacré, édité par Lettmotif, prémices on l’espère d’un retour de ses films sur nos écrans. A la recherche de Hal Hartley aujourd'hui dans Plan Large avec son fan numéro 1 et admirateur inconditionnel : Mathieu Germain, qui a coordonné cet ouvrage, et une de ses âmes sœurs et icônes, dont ceux qui l’ont découverte dans Simple Men n’ont jamais oublié la fulgurante apparition : Elina Löwensohn.

Hal Hartley dirige les acteurs par l'écriture, un peu à la Shakespeare. Pour moi, c'était quelque chose de naturel, d'évident, je sentais instinctivement la rythmique de son cadre et de son écriture. C'est véritablement un cinéma physique. Elina Löwensohn

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En fin d'émission, la chronique de Mathieu Macheret sur la ressortie en salles le 10 avril, de deux films rares de Federico Fellini en version restaurée : Les Clowns (I Clowns) et Répétition d’orchestre (Prova d’orchestra). Rares en salle puisque ils ont été réalisés pour la télévision : Répétition d’orchestre, sans doute le plus politique de ses films, avec l’orchestre en métaphore de l’Italie post-68, et Les Clowns, qui en 1970 entame à la fois le versant le plus autobiographique du cinéaste (que Fellini poursuivra 3 ans plus tard avec Amarcord) et le vrai-faux documentaire en forme d’enquête imaginaire, comme le sera Roma peu après. Deux films inédits, donc, mais essentiels. Cette ressortie accompagne une rétrospective du cinéaste à la Cinémathèque française jusqu'à fin avril, ainsi que l'exposition Quand Fellini rêvait de Picasso jusqu’au 28 juillet 2019.

Les recommandations de Plan Large

Les éditions LettMotif éditent également le DVD de The Girl from Monday et le scénario du film. Et en attendant que d’autres de ses films inédits soient édités en France, vous pouvez toujours allez les voir sur le site officiel du cinéaste : www.halhartley.com.

Journée spéciale Jean-Luc Godard sur France Culture le lundi 15 avril avec la diffusion d'un grand entretien mené par Olivia Gesbert dans l'émission La Grande Table de 12h à 13h30 suivi d'une Dispute spéciale sur son œuvre à 19h. L'intégralité de l’entretien sera ensuite disponible sur le site de France Culture à partir du 24 avril, à l'occasion de la diffusion de son dernier film Le Livre d'image sur Arte. 

Satyricon de Federico Fellini est disponible en DVD et Blu-Ray aux éditions Potemkine, à partir du 7 mai 2019. 

Rétrospective consacrée au réalisateur serbe Zelimir Zilnik,représentant de la Nouvelle vague yougoslave, en sa présence, du 12 avril au 12 mai, au Centre Pompidou à Paris. Il est l'invité de Marie Richeux, dans l'émission Par les temps qui courent, le mercredi 17 avril à 21h sur France Culture. 

Extraits de films

  • The Unbelievable Truth (L'incroyable vérité) d'Hal Hartley (1989)
  • Trust Me, d'Hal Hartley (1990)
  • Simple Men, d'Hal Hartley (1992)
  • Amateur, d'Hal Hartley (1994)
  • Henry Fool, d'Hal Hartley (1997)
  • The Girl From Monday, d'Hal Hartley (2005)
  • Surviving Desire, d'Hal Hartley (1992)
  • Prova d'orchestra (Répétition d'orchestre), de Federico Fellini (1978)
  • Les Clowns (I Clowns), de Federico Fellini (1971)
  • Extrait de la bande originale de Prova d'orchestra, de Federico Fellini, composée par Nino Rota (1978)

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