H comme Sterling Hayden, le colosse qui avait peur des caméras

Sterling Hayden dans Docteur Folamour, de Stanley Kubrick (1964)
Sterling Hayden dans Docteur Folamour, de Stanley Kubrick (1964) - La Rabbia
Sterling Hayden dans Docteur Folamour, de Stanley Kubrick (1964) - La Rabbia
Sterling Hayden dans Docteur Folamour, de Stanley Kubrick (1964) - La Rabbia
Publicité

Silhouette massive au regard singulier, Sterling Hayden, devenu star hollywoodienne malgré lui, est autant acteur qu'un navigateur et écrivain hors pair. Avec près de 50 films à son actif, il a déployé un jeu hanté, parfois distant, au naturel désarmant, en creux d'une vie totalement atypique.

Avec

Sterling Hayden méprisait le métier d’acteur, et le sentiment de supercherie que lui inspiraient les cachets mirifiques touchés pour des rôles qu’il jugeait sans intérêt. Ses apparitions à l’écran sont inoubliables, mais devant une caméra, il était en état de panique. Il avait commencé marin et l’est resté toute sa vie ; adolescent, il se rêvait Jack London, et ne s’accomplit vraiment adulte qu’en accouchant dans la douleur de deux grands livres. De la « starlette masculine » de ses débuts, « l’Homme le plus beau du cinéma », vanté par son studio, la Paramount, au character actor de la maturité, aux traits burinés moins sous les vents du Pacifique que par des années d’alcoolisme, Sterling Hayden a traîné sa carcasse d’1m84, ses yeux tristes, sa lippe désabusée et ses boucles blondes dans une cinquantaine de films.

Un metteur en scène, malgré les difficultés rencontrées avec Sterling Hayden, le reprenait toujours pour un second film. (...) Hayden sait amener du malaise et de la distance dans ses rôles, des personnages qui fonctionnaient malgré lui. Il se considérait comme un imposteur. Philippe Garnier

Publicité
Sterling Hayden, dans Journey Into Light, de Stuart Heisler (1951)
Sterling Hayden, dans Journey Into Light, de Stuart Heisler (1951)
- Park Circus

Mais qu’ils soient des « films de merde », comme il disait, ou des chefs d’œuvre signés John Huston, Nicholas Ray, Stanley Kubrick, Robert Altman, Francis Ford Coppola ou Bernardo Bertolucci, « il amenait presque toujours quelque chose de plus – un bagage, une accumulation d’expériences, un mal-être, une philosophie foldingue que peu d’hommes dans son métier ont su traîner avec tant de grâce », comme le dépeint dans son nouveau livre, aussi émouvant que richement illustré : Sterling Hayden, l’irrégulier, le journaliste, écrivain, et traducteur, Philippe Garnier, introducteur en France d’autres grands fracassés américains : Charles Bukowski et John Fante, résurrecteur des auteurs oubliés du Hollywood classique, notre invité dans Plan Large, avec à ses côtés Mathieu Macheret. 

Robert Altman a vu que ce personnage d'écrivain alcoolique dans "Le Privé" était Sterling Hayden. Il tirait orgueil de ce succès. On voit Hayden au plus proche de ce qu'il était. Non seulement il improvise, mais ça vient de lui. Philippe Garnier

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

En fin d'émission, la chronique de Mathieu Macheret qui revient sur la trilogie matricielle des morts-vivants, de George A. Romero, qui ressort en salles le 23 octobre. Il y a un peu plus de cinquante ans, dans un cimetière de Pittsburgh, en Pennsylvanie, apparaissait la première créature horrifique moderne : le mort-vivant, ou le zombie, avec notamment La Nuit des morts-vivants, Night of the Living Dead, en 1968, premier volet d’une trilogie que poursuivra George A. Romero avec Dawn of the Dead, Zombie, en 1978, et Day of the Dead, Le Jour des morts-vivants, en 1985. 

George A. Romero a inventé une situation au sens quasi "debordien" du terme, une situation qui cristallise une critique radicale de la société américaine, aussi remarquable pour sa capacité de renouvellement que pour sa force de frappe métaphorique. (…) Les morts-vivants de Romero ne sont pas qu’une métaphore fixée.  Tour à tour masse silencieuse, retour du refoulée, force révolutionnaire … Ils sont autant des outils critiques que des coquilles vides, ils tendent un miroir à une humanité en sursis devant laquelle s’ouvre l’immensité du néant. Mathieu Macheret

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

Les recommandations de Plan Large 

Rétrospective Sterling Hayden à la Cinémathèque française, à Paris, du 23 octobre au 4 novembre. 

Sterling Hayden, l'irrégulier, de Philippe Garnier est édité par La Rabbia, et les deux romans de Sterling Hayden que sont Wanderer (son autobiographie) et Voyage, sont édités par Rivages

La trilogie des morts-vivants de George A. Romero ressort en salles le 23 octobre. Les trois films seront projetés pour la soirée d'Halloween, le 31 octobre, au Louxor, à la Filmothèque et au Grand Rex à Paris. 

Autre biographie d'acteur atypique, celle de Bruce Lee, un gladiateur chinois, d'Adrien Gombeaud, édité aux éditions Capricci. 

Shining, de Stanley Kubrick, sort dans sa version intégrale et restaurée, en combo DVD et Blu-Ray (Warner).  

Les extraits de films 

  • Cinéma-Cinémas Sterling Hayden, de Claude Ventura et Philippe Garnier (1983)
  • Quand la ville dort, de John Huston (1950)
  • La Star, de Stuart Heisler (1952)
  • Johnny Guitar, de Nicholas Ray (1954)
  • L'Ultime Razzia, de Stanley Kubrick (1956)
  • Docteur Folamour, de Stanley Kubrick (1964)
  • Le Privé, de Robert Altman (1973)
  • La nuit des morts-vivants, de George A. Romero (1968)
  • Zombie, de George A. Romero (1978)
  • Le jour des morts-vivants, de George A. Romero (1984)
En savoir plus : Zombie or not zombie
LSD, La série documentaire
54 min

L'équipe