K comme Andreï Konchalovsky, l'inclassable

Sibériade, d'Andreï Konchalovsky (1979)
Sibériade, d'Andreï Konchalovsky (1979) - Potemkine Films
Sibériade, d'Andreï Konchalovsky (1979) - Potemkine Films
Sibériade, d'Andreï Konchalovsky (1979) - Potemkine Films
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Cosmopolite, éclectique et terriblement russe, Andreï Konchalovsky est le seul cinéaste soviétique a avoir fait carrière à Hollywood avant de revenir en Russie. Plan Large sur un auteur et mercenaire en compagnie de Michel Ciment, Eugénie Zvonkine et N.T. Binh.

Avec
  • Eugénie Zvonkine Maîtresse de conférences à l’Université Paris-8, spécialiste du cinéma soviétique, russe et ukrainien
  • N.T. Binh Journaliste, critique, enseignant de cinéma (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
  • Michel Ciment critique de cinéma, écrivain, producteur de radio

D'après le philosophe Isaiah Berlin, il y a deux types de créateurs, et cela aide à comprendre Konchalovsky. Il y a d'un côté les hérissons, qui sont les cinéastes qui creusent leur sillon et font tout le temps le même film, comme Bresson, Aneglopoulos, Tarkovski ...  et il y a les renards, qui prennent des allures différentes à chaque oeuvre comme Andreï Konchalovsky, qui a une incroyable capacité de métamorphose. Il se réinvente à chaque film. Michel Ciment 

Premier représentant de la Nouvelle Vague russe des années 60, avec un autre Andreï, Tarkovski, dont il fut le scénariste, notamment sur Andreï Roublev, il est célébré par le pouvoir soviétique avant d’être interdit pour déviationnisme naturaliste et formaliste, et devra attendre 20 ans pour que son premier chef-d’œuvre, Le Bonheur d’Assia, sorte enfin sur les écrans. Après 10 ans de profil bas et d’adaptations littéraires, il ne représente l’URSS au Festival de Cannes avec une vaste fresque sur l’histoire de la Sibérie, Sibériade, Grand Prix Spécial du Jury en 1979, que pour partir immédiatement à Hollywood y réaliser aussi bien un grand film d’auteur intimiste comme Maria’s Lovers ou ce pur bijou du film d’action des années 80 qu’est Runaway Train, qu’un des pires navets avec Sylvester Stallone, Tango et Cash. Le seul Soviétique a avoir fait carrière à Hollywood n’en revient pas moins en Russie dès la chute du communisme pour y interroger la spécificité du rapport de ce vaste pays au totalitarisme, avec Le Cercle des intimes, filmer sa difficile conversion à l’économie de marché, Riaba ma poule, ou encore la guerre de Tchétchénie vue d’un asile psychiatrique, avec La Maison de fous. Tout en tournant un Casse-noisette à grand spectacle ou L’Odyssée d’Homère pour la télévision américaine ! 

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L'oeuvre de Konchalovsky est une succession de leçons de mise en scène. Le hors-champs est pour lui beaucoup plus explicite que le champs lui-même, il décuple la puissance du discours. N.T. Binh

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Konchalovsky l’éclectique a coutume de dire que, contrairement à son frère cadet, l’également cinéaste et homme de certitudes Nikita Mikhalkov, lui il doute. Et a de ce fait toujours suscité l’interrogation : dissident discret ou apparatchik déguisé ? Non, répond Michel Ciment, celui qui l’avait repéré dès son premier long-métrage, Le premier maître, en 1965 : Ni dissident, ni partisan, ni courtisan, c’est le titre du livre de conversations  avec le cinéaste, qu’il publie aux éditions Actes Sud / Institut Lumière. A ses côtés dans Plan Large, Eugénie Zvonkine, historienne et spécialiste du cinéma russe, maîtresse de conférences à l'Université de Paris 8, qui a notamment dirigé l'ouvrage Cinéma russe contemporain, (r)évolutions.

Andreï Konchalovsky est devenu un cinéaste incontournable en Russie. Eugénie Zvonkine

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En fin d'émission, la chronique de N.T. Binh sur la rétrospective en 11 films du duo cinéaste-acteur Akira Kurosawa et Toshiro Mifune.  Après nous avoir fait découvrir au début du mois l’unique film réalisé par de l'acteur japonais Toshiro Mifune, L’Héritage des 500 000, Carlotta propose depuis le mercredi 17 avril cette rétrospective de la très fructueuse collaboration de l’acteur avec Akira Kurosawa, dont les films ont ouvert les portes de l’Occident au cinéma japonais, après le Lion d’Or et l’Oscar obtenu par Rashomon en 1950. Mifune-Kurosawa, ça a bien sûr donné Yojimbo, Sanjuro, Le Château de l’araignée, et leur dernière collaboration, Barberousse. Mais aussi des films beaucoup plus méconnus que leurs épopées de samouraï, des films contemporains de leur tournage, injustement sous-estimés, et que Kurosawa a toujours dû imposer contre la volonté du studio qui l’employait, la Toho. 

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Les recommandations de Plan Large 

Michel Ciment, Une vie de cinéma, aux éditions Gallimard, qui rassemble une cinquantaine de ses textes critiques publiés sur plus d’un demi-siècle. 

Rétrospectives :  le cycle Le cinéma de (mauvais) genre tawaïnais est à voir jusqu’au 2 mai à la Cinémathèque française à Paris. Et l'intégrale Jean-Pierre Melville est à voir à l'Institut Lumière du 24 avril au 14 juillet. 

Ressorties : Le Testament du Docteur Mabuse de Fritz Lang et Camille Claudel de Bruno Nuytten, sont à voir en salles depuis le 17 avril, 

Rééditions : Network de Sidney Lumet, est disponible en DVD ultracollector chez Carlotta et l'intégrale Nicolas Philibert Les Films, Le Cinéma est disponible en coffret 12 DVD chez Blaq out. 

Liste des extraits de films 

  • Le Bonheur d'Assia, d'Andreï Konchalovsky (1967)
  • Sibériade, d'Andreï Konchalovsky (1978)
  • Maria's Lover, d'Andreï Konchalovsky (1983)
  • Runaway Train, d'Andreï Konchalovsky (1985)
  • Rabia ma poule, d'Andreï Konchalovsky (1994)
  • Les Nuits blanches du facteur, d'Andreï Konchalovsky (2017)
  • Vivre dans la peur, d'Akira Kurosawa (1955)
  • Entre le ciel et l'enfer, d'Akira Kurosawa (1963)
  • Les salauds dorment en paix, d'Akira Kurosawa (1960)

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