Regards et plaisirs partagés : Plan Large sur Ernst Lubitsch, maître du cinéma muet et roi de la comédie parlante, en cinq films, avec Natacha Thiéry et Charlotte Garson.
- Natacha Thiéry Maître de conférences en Esthétique du cinéma à l’Université de Picardie Jules Verne
- Charlotte Garson Rédactrice en chef adjointe des Cahiers du cinéma
Dans le cinéma d'Ernst Lubitsch, les mots ont une dimension tactile.
Natacha Thiéry
« Comment ferait Lubitsch ? », se demandait incessamment Billy Wilder, il avait même fait broder la formule pour la faire trôner au-dessus de son bureau. Comment faisait Lubitsch, pour nous réjouir toujours autant, plus de 70 ans après sa mort ? « Plus de Lubitsch », se désolait alors le même Billy Wilder. « Pire que ça !, lui rétorquait William Wyler : plus de films de Lubitsch ! » Eh bien les films de Lubitsch sont toujours là. Cinq d’entre eux sont édités en DVD et en Blu-ray, en copies restaurées haute définition par Elephant Films, et qui montrent toute l’étendue de son génie : un mélodrame pacifiste, le seul drame parlant tourné par le roi de la comédie, L’Homme que j’ai tué ; une opérette, avec notre Maurice Chevalier national, Une heure près de toi ; son œuvre la plus courte, au sein du film collectif Si j’avais un million : Le Greffier, 2 minutes18, la plus censurée aussi, coupée qu’elle fut pour subversion dans plusieurs pays ; et enfin, last but not least, deux chefs-d’œuvre de la comédie sophistiquée, la sex comedy, apports majeurs de leur auteur à l’histoire du cinéma : Sérénade à trois, et La huitième femme de Barbe-Bleue.
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De quoi est faite la fameuse "Lubitsch Touch" ?
Si la Lubitsch touch est restée inégalée, c’est qu’elle résulte d’une combinaison unique de traits esthétiques qui définissent un cinéma proprement érotique. Un style, des caractéristiques formelles faits d’une articulation singulière entre bande sonore et bande image : Lubitsch use de la concision comme du détour, du hors champ et des ellipses, de l’implicite et de la métonymie, mais aussi, simultanément et nécessairement, d’une importance particulière donnée à la parole et à sa mise en scène et, enfin, d’un jeu incessant avec le spectateur, véritable partenaire du cinéaste comme des personnages.
Natacha Thiéry
Dans Plan Large aujourd'hui, deux éminentes lubitschiennes : la maîtresse de conférences en esthétique et théorie du cinéma, et responsable du département Arts du Spectacle de l’U.F.R. des Arts d’Amiens, Natacha Thiéry, qui a attaqué le mont Lubitsch par la face sonore, avec son livre Lubitsch, les voix du désir, publié aux éditions du Céfal_._ A ses côtés, Charlotte Garson, qui il y a quelques mois nous avait déjà chanté dans une chronique son amour pour Sérénade à trois.
"Elle et Lui", de Leo McCarey, un auto-remake, pour une oeuvre unique
En fin d’émission, la chronique de Charlotte Garson à propos de deux merveilleuses comédies romantiques, qui n’ont pas à rougir face au cinéma de Lubitsch. Elles sont signées du même cinéaste, Leo McCarey, et portent le même titre en français : Elle et Lui, et pour cause, l’une est l’auto-remake de l’autre, à dix-huit ans de distance, et toutes deux sont analysées dans un brillant essai : Elle et Lui / 1939-1957, par Fabienne Costa, paru aux éditions Yellow Now.
Extraits de films
- Chanson Mitzi, de Maurice Chevalier, dans le film Une heure près de toi d'Ernst Lubitsch (1932)
- L'Homme que j'ai tué, d'Ernst Lubitsch (1932)
- Une heure près de toi, d'Ernst Lubitsch (1932)
- Si j'avais un million, d'Ernst Lubitsch (1932)
- Sérénade à trois, d'Ernst Lubitsch (1933
- La Huitième Femme de Barbe-Bleue, d'Ernts Lubitsch (1938)
- Le Lieutenant souriant, d'Ernst Lubitsch (1931)
- Elle et Lui, de Leo McCarey (1939)
- Deux extraits de Elle et Lui, de Leo McCarey (1957)
Réécoute du 23 juin 2018
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