Plan Large fait, et fête, "Tralala", avec Jean-Marie Larrieu, le retour de Mathieu Amalric, la révélation Bertrand Belin (et sa guitare), la grande Josiane Balasko, et le maître ès-musicals, N.T. Binh.
- N.T. Binh Journaliste, critique, enseignant de cinéma (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
- Jean-Marie Larrieu Cinéaste
- Josiane Balasko Comédienne, réalisatrice, metteur en scène et romancière
- Callisto Mc Nulty Réalisatrice
- Bertrand Belin Chanteur, guitariste, auteur, compositeur,écrivain
- Mathieu Amalric Acteur et réalisateur
Alors qu’ils étaient en salle de montage, les frères Larrieu nous avaient raconté, en janvier 2021, ce que ça avait été de tourner en contexte épidémique et entre deux confinements. Depuis, leur comédie musicale Tralala a enchanté le Festival de Cannes 2021, et est enfin sortie en salles ce mercredi 6 octobre. L’occasion pour Plan Large de fêter comme il se doit ceux, et celles qui l’ont conçue et interprétée, à commencer par ce duo fraternel qui depuis près de 35 ans fait souffler un vent de désir essentiel et bienvenu dans les cimes du cinéma français, les frères et cinéastes Arnaud et Jean-Marie Larrieu. Depuis Un homme, un vrai, la comédie musicale les travaille. Ce nouveau film s’est écrit autour d’une trinité, celle André Breton, Jim Harrison, et Philippe Katerine.
On est passé du flirt à l’acte. A la base, on s’est questionnés sur ce que ça voulait dire quand des acteur.ice.s chantent, et de travailler cette émotion-là, qui ne peut pas rivaliser avec celle des chanteur.euse.s. Le modèle de notre vierge (interprétée par Galatéa Bellugi) que rencontre Tralala à Paris, c’est un peu la Nadja d’André Breton. Ce film croise une anecdote de Jim Harrison qui s’était fait reconnaitre dans un bar alors que ce n’était pas du tout lui. Et enfin cette Nadja-fille en bleu rejoignait une chanson de Philippe Katerine qui s’appelle "Sainte Vierge", non seulement qu’il a écrite, mais qu’il a vécue. Et on a piqué une phrase qui dit "Ne soyez pas vous-même", issu d’une de ses chansons intitulée "Delta".
Jean-Marie LarrieuPublicité
La famille Larrieu
A leurs côtés, un comédien et cinéaste également, qui était venu avec cette seconde casquette nous parler de son si beau Serre moi fort, Mathieu Amalric est depuis 20 ans si intimement lié au cinéma des Larrieu qu’on n’aurait pu se passer de lui. Pour eux, il a gravi en jeune père de famille la Brèche de Roland, filmé des coqs de bruyère comme Un homme, un vrai, couru nu sur les quais de la Seine à Paris pendant Les Derniers jours du monde, et frôlé les abimes du thriller hitchcockien, puisque L’amour est un crime parfait. A leurs côtés également, on le connaissait comme chanteur incontournable de la "nouvelle scène française", il s’impose dans ce film comme une bête de l’écran, avec une décontraction à la Robert Mitchum, c’est Bertrand Belin. Et il est venu avec sa guitare, pour interpréter une des chansons du film, la merveilleuse Clint Eatswood.
Je me faisais une idée assez facilement de ce que pouvait être ce personnage, qui avait abandonné en route une des trajectoires possibles de son existence en partie liée à la musique, et une certaine disponibilité à un tempérament artistique, qui finalement est abandonnée comme une mue pour laisser libre court à une vie plus rêche, plus contrainte avec beaucoup de déceptions. C’est quelque chose qu’en tant que musicien je me suis souvent imaginé, parce que la vie d’artiste est faite de beaucoup d’interrogations.
Bertrand Belin
Sans oublier, Josiane Balasko, qui nous raconte comment elle s’est emparée de la chanson qui lui était dévolue, signée Dominique A., et à quel point elle s’est amusée sur ce tournage.
Delphine Seyrig et Carole Roussopoulos, des muses désobéissantes
L'actrice Delphine Seyrig, la Mme Tabard de _Baisers Volés_¸ ou la fée des lilas dans Peau d’âne, et Carole Roussopoulos, vidéaste pionnière, se sont rencontrées au début des années 1970. Naîtra de cette amitié un collectif, les Insoumuses, et plus tard encore le Centre Simone de Beauvoir, le tout autour de l’invention d’une forme : une série de films militants et férocement drôles, comme S.C.U.M. Manifesto ou Maso et Miso vont en bateau. Le film Delphine et Carole, insoumuses sort en salles, après avoir été diffusé sur Arte en 2020, et est signé de la petite-fille de Carole Roussopoulos**, Callisto McNulty**, qui raconte cette histoire sous la forme d'un excellent montage d’archives. Ou comment la mythique Portapak de Sony, la première caméra vidéo portable, est devenue une arme de libération massive, 40 ans avant les réseaux sociaux.
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
La chronique de N.T. Binh
En fin d'émission, N.T. Binh parle de la ressortie du film Le Ciel est à vous, de Jean Grémillon, en salles depuis le 29 septembre, qui reste sans aucun doute son chef-d’œuvre. Il tient pour beaucoup, entre autres immenses qualités, à sa façon tout à fait inédite de montrer l'amour conjugal, alors même que le film a été tourné en pleine Occupation.
Le journal des sorties
Une kiosquière, filmée par sa fille, avec les moyens du bord, et qui raconte avec humour et curiosité un petit bout de Paris et la dématérialisation du monde, c’est Le Kiosque, d’Alexandra Pianelli.
Une petite fille de 4 ans en quête de sa mère dont elle refuse la mort, c’est la toujours bouleversante Ponette, de Jacques Doillon, qui revient sur les écrans 25 ans après le prix d’interprétation vénitien décerné alors à la toute jeune Victoire Thivisol – Jacques Doillon est présent tout ce week-end au cinéma Le Saint-André-des-Arts à Paris pour des séances d’analyse de son cinéma.
Mysticisme toujours, on entend le chœur des carmélites, encore un retour sur grand écran, celui du sublime Thérèse, d ’Alain Cavalier, qui lui valut 6 Césars en 1987, et c’est toujours aussi beau.
Des jumelles mystiques, c’est La double vie de Véronique, qui ressort en salles, 30 ans après, accompagné de la trilogie des Bleu, Blanc et Rouge, parallèlement à la rétrospective que la Cinémathèque française consacre au grand cinéaste polonais Krzysztof Kieslowski jusqu’au 25 octobre.
Des jumeaux encore, les frères palestiniens Tarzan et Arab Nasser, de retour 6 ans après Dégradé avec leur nouveau film, Gaza, mon amour, ou comment faire advenir le désir tout en se libérant du virilisme dans un des lieux les plus désespérés de la planète, avec la toujours impeccable Hiam Abbass.
Des jumeaux toujours, un frère et une sœur confrontés à la maladie mortelle d’un des deux, c’est l’admirable et très émouvant Petite sœur, des jeunes cinéastes suisses Stéphanie Chuat et Véronique Reymond, avec des acteurs exceptionnels, les Allemands Nina Hoss et Lars Eidinger, acteurs phares de la Schaubühne de Thomas Ostermeier, et le Danois Jens Albinus, vieux complice de Lars Von Trier, vraiment à ne pas rater.
L'équipe
- Production
- Chronique
- Collaboration
- Réalisation
- Réalisation