M comme Henri Matisse, homo cinematographus

Henri Matisse Les Abeilles, 1948, Musée Matisse, Nice Don des héritiers de l’artiste, 1963
Henri Matisse Les Abeilles, 1948, Musée Matisse, Nice Don des héritiers de l’artiste, 1963 - Succession H. Matisse Photo : François Fernandez
Henri Matisse Les Abeilles, 1948, Musée Matisse, Nice Don des héritiers de l’artiste, 1963 - Succession H. Matisse Photo : François Fernandez
Henri Matisse Les Abeilles, 1948, Musée Matisse, Nice Don des héritiers de l’artiste, 1963 - Succession H. Matisse Photo : François Fernandez
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Un studio centenaire, un artiste-peintre inspirant une génération de cinéastes ... Toutes ces histoires se retrouvent à Nice, où Plan large a posé ses valises, au cœur de deux expositions sur l'histoire des mythiques studios de la Victorine et les liens féconds entre Henri Matisse et le cinéma.

Avec

« Quand je travaille, c’est vraiment comme une sorte de cinéma perpétuel », a dit un jour Matisse. Car, on le découvre aujourd’hui dans cette fulgurante exposition, Cinématisse, au musée Matisse de Nice (à voir jusqu'au 5 janvier 2020), l’immense peintre aux couleurs vives était non seulement un visiteur assidu des salles obscures, véritablement cinéphile, mais ses recherches rejoignaient au plus près celles du cinématographe : capter le mouvement, la métamorphose, ce qu’il a toujours fait, dans sa pratique de la série, des variations et des répétitions. 

Et puis Matisse, « homme-cinéma », était aussi, avec Jean Renoir, l’autre « patron » de la Nouvelle Vague. Son influence s’affiche ouvertement chez Rivette, qui l’utilise comme cheval de Troie critique, chez Rohmer et Godard, qui citent à l’image la même Blouse roumaine, ou encore chez Demy et Varda, utilisant les aplats de couleur comme le peintre découpait ses gouaches. 

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Les parapluies de Cherbourg, de Jacques Demy (1963)
Les parapluies de Cherbourg, de Jacques Demy (1963)
- Ciné Tamaris

Avant même sa rencontre célèbre en 1930 avec Murnau à Tahiti sur le tournage maudit de Tabou, il faut dire que Matisse se mouvait dans un bain déjà proprement cinématographique, la ville de Nice, qui n’a pas attendu la création des très célèbres studios de la Victorine, dont on fête cette année le centenaire, pour être rebaptisée, dès 1917, par Louis Feuillade : « Cinémapolis ». 

La ville où furent tournés aussi bien A propos de Nice que les Visiteurs du soir et les Enfants du Paradis, Le Mystère Picasso que La Nuit américaine, Et Dieu… créa la femme que La Baie des Anges, célèbre cette année par la Biennale des arts, le 7ème art, avec pas moins de 7 expositions dans les musées de la ville. Avant donc de visiter l’exposition Cinématisse avec ses commissaires, Dominique Païni, et Claudine Grammont, la directrice du musée Matisse, nous évoquerons rien moins que 123 ans de cinéma à Nice avec le grand ordonnateur de la biennale d’art de la ville, l’ancien ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon.

Photogramme de La Baie des Anges, de Jacques Demy, production 1962
Photogramme de La Baie des Anges, de Jacques Demy, production 1962
- Sud-Pacifique Films, Consortium Pathé, Ciné-Tamaris

En fin d’émission, la chronique de Mathieu Macheret sur le coffret ultra collector Christine, de John Carpenter édité par Carlotta. Après les précurseurs Carrie de Brian De Palma, dès 1976, et le cauchemar Shining de Stanley Kubrick en 1980, on pouvait en 1983 découvrir coup sur coup le Dead Zone de David Cronenberg, le Cujo de Lewis Teague, et donc Christine. Un film longtemps minoré dans la filmographie de John Carpenter, qui l’a toujours présenté lui-même comme un modeste film de commande, mais considérablement réévalué aujourd’hui.

Au-delà du décorum fantastique, Christine nous décrit le passage à l'âge adulte et donc celui de l'aliénation. Par un mise en scène élégante et une totale maîtrise du Cinémascope, John Carpenter transcende le roman de Stephen King, en arpentant le chemin de la fable, plutôt que celui de la métaphore. Mathieu Macheret

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Les recommandations de Plan Large 

Nice : Les samedi 28 et dimanche 29 septembre 2019, ouverture gratuite des Studios de la Victorine à Nice à l’occasion de leur centenaire. Une rétrospective consacrée à Tony Gatlif est à voir à la Cinémathèque de Nice jusqu'au 29 octobre dont l’intégrale sort parallèlement en DVD chez Arte. On peut également y voir dès le 27 septembre Divine Victorine, le documentaire sur les studios signé Julien Donada, en sa présence.

Rétrospective « Israël, vues d’ailleurs » est à voir au Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme, à Paris jusqu'au 25 septembre.

Ressorties en salles, le mercredi 18 septembre : Un flic sur le toit, de Bo Widerberg, Rambo, First Blood, de Ted Kotcheff, Angel Heart, d’Alan Parker et Carrie, de Brian de Palma.

Livres : Cinéma et peinture, de Joëlle Moulin, sort le 24 septembre, chez Citadelles & Mazenod. Stephen King à l'écran, de Ian Nathan, est publié le 16 octobre aux éditions Bragelonne. 

Extraits de films et musique

  • La Nuit américaine, de François Truffaut (1973)
  • Les Enfants du Paradis, de Marcel Carné (1945)
  • Henri Matisse, de François Campaux (1973, édité par Argos Film)
  • Désiré, de Sacha Guitry (1937)
  • Le Bonheur, d'Agnès Varda (1965)
  • Pauline à la plage, d'Eric Rohmer (1983)
  • Fats Waller, Honeysuckle Rose, version de 1939
  • Deux extraits de Christine, de John Carpenter (1983)
Plan large
58 min