P comme Jean-Daniel Pollet, cinéaste et poète

Claude Melki et Laurence Bru, dans L'Acrobate, de Jean-Daniel Pollet (1976)
Claude Melki et Laurence Bru, dans L'Acrobate, de Jean-Daniel Pollet (1976) - La Traverse / éditions de l’œil (2020)
Claude Melki et Laurence Bru, dans L'Acrobate, de Jean-Daniel Pollet (1976) - La Traverse / éditions de l’œil (2020)
Claude Melki et Laurence Bru, dans L'Acrobate, de Jean-Daniel Pollet (1976) - La Traverse / éditions de l’œil (2020)
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Longtemps restée un secret jalousement gardé entre cinéphiles, l'œuvre inclassable de Jean-Daniel Pollet se redévoile par une riche actualité. Plan large sur un cinéma du contretemps, de l’expérience et du mouvement, une oeuvre qui n’en reste pas moins, aujourd’hui encore, un mystère …

Avec
  • Jean-Paul Fargier Cinéaste, critique de cinéma
  • Vanessa Nicolazic Doctorante en études cinématographiques à l'Université Rennes II
  • Mathieu Macheret Critique de cinéma, journaliste au Monde et aux Cahiers du Cinéma

Disparu en 2004, Jean-Daniel Pollet est, envers et contre tout, un des cinéastes les plus singuliers du cinéma français moderne. Contemporain de la Nouvelle Vague, sans y avoir jamais appartenu, inventeur mélancolique et burlesque et expérimentateur insolite, il a allié, par d'envoûtants mouvements d’appareils, à coups de collages et de variations, deux approches a priori inconciliables. Car son cinéma, comme ses travellings, circulait, par des chemins de traverse, sur deux rails : celui des comédies douces-amères, la saga Léon, dans le prolongement du cinéma populaire des années 1930, et celle du film-essai, où la limpidité du plan et la scansion d’un montage mélopée réinventaient le cinéma comme pur langage poétique.  

Jean-Daniel Pollet ne cherchait pas à théoriser ces deux tendances. Il s’accomplit dans l’une et dans l’autre. Il a un goût pour la recherche intellectuelle, les formules de cinématographies très formelles. On dit que c’est un poète, mais il relève de ce qu’on appelle un cinéma de la poésie. Cela a été théorisé par Pasolini. Contrairement au cinéma de prose, le cinéma de la poésie, c’est celui où la forme se voit et se met en avant. Et dans tous ses films, Jean-Daniel Pollet met en avant la recherche d’une forme et d’un mouvement. Jean-Paul Fargier

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Riche de dix-huit longs métrages, de dix-huit courts, dont plusieurs réalisés avec le comédien Claude Melki, l’œuvre restaurée du cinéaste se déploie aujourd’hui, de rétrospectives en ressortie en salles, d’édition DVD en publication de livres. Pour nous guider dans ce cinéma du Contretemps et à Contre-courant, deux éminents pollétiens : son complice de longue date, le critique, théoricien et vidéaste Jean-Paul Fargier, auteur de La vie retrouvée de Jean-Daniel Pollet, « autobiographie » posthume dont il est le ghostwriter ; et la chercheuse Vanessa Nicolazic, contributrice à l'ouvrage collectif Machine Pollet, et qui a consacré un mémoire à la genèse du processus d’écriture d’un de ses derniers films, Ceux d’en face, un exemple probant de la méthode Pollet :

Le premier scénario de "Ceux d'en face" proposait un montage très associatif, avec une histoire de regards, qui permettait de mettre en scène par le montage les photographies. Et pour des questions de subventions, il y a eu une écriture plus classique qui a permis malgré tout de mettre en abyme son processus de création. Le film nous raconte sa méthode de travail. Par la fiction, il nous raconte son écriture. Vanessa Nicolazic

Pedro Costa, un cinéma en résistance

En fin d'émission, la chronique de Mathieu Macheret sur Le Cinéma du réel (l'émission a été enregistrée avant l'annonce de l'annulation du Festival). En plus d'une rétrospective des géniaux documentaires de Mosco Boucault, celui qui nous occupe aujourd’hui, c'est le portugais Pedro Costa, en attendant, enfin, la sortie en salles de ses deux derniers films, toujours inédits : Cavalo Dinheiro et Vitalina Varela, Léopard d’Or au dernier Festival de Locarno.

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Auteur de 9 longs-métrages en trente ans, Pedro Costa a bâti une œuvre parcimonieuse et rigoureuse, initiée en 1989 avec le film Le Sang, une filmographie de "l'exigence esthétique, éthique et politique". Issu d'une jeune génération de cinéastes portugais apparue au début des années 1990, son cinéma s'est fondé au fil des films par une "redéfinition toujours plus poussée du rapport entre fiction et documentaire".

En savoir plus : Pedro Costa
L'Heure du documentaire
55 min

Jean-Daniel Pollet, à (re)voir, à lire ... 

La rétrospective intégrale des films de Jean-Daniel Pollet est à voir à la Cinémathèque de Toulouse jusqu'au 18 mars. Cette dernière s'accompagne de deux expositions : Pollet-Sollers, rencontre en Méditerranée à voir jusqu'au 24 mars et Jean-Daniel Pollet, de l’écrit à l’écran à voir jusqu'au 19 avril.

22 films de Jean-Daniel Pollet ressortent en salles à partir du 18 mars, avec une grande partie des films édités en DVD, par les éditions de l’œil dont Méditerrannée, L'Ordre et L'Acrobate

Ces mêmes éditions publient La vie retrouvée de Jean-Daniel Pollet, une "autobiographie" signée Jean-Paul Fargier. A lire encore, le premier livre de référence sur le cinéaste, auquel participe Vanessa Nicolazic notamment, intitulé Machine Pollet, c'est aux éditions ESBAN/ Editions MF

Le nouveau numéro de la revue de cinéma Trafic, est en partie consacré à Jean-Daniel Pollet, et toujours édité par P.O.L. 

Les extraits de films 

  • Pourvu qu'on ait l'ivresse, de Jean-Daniel Pollet (1958)
  • Méditerranée, de Jean-Daniel Pollet (1963)
  • L'amour c'est gai, l'amour c'est triste, de Jean-Daniel Pollet (1971)
  • L'Ordre, de Jean-Daniel Pollet (1974)
  • L'Acrobate, de Jean-Daniel Pollet (1976)
  • Jour après Jour, de Jean-Daniel Pollet et Jean-Paul Fargier (2006)
  • Le sang, de Pedro Costa (1989)
  • Vitalina Varela, de Pedro Costa (2019)
  • Labanta Braço, de Os Tubaroes, sur l'album Pepe Lopi

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