Paolo Taviani : "Nos films sont les chapitres d'une longue histoire écrite à deux, comme le roman d'une vie de cinéma"

Valentina Bellè et Luca Marinelli dans Una questione privata de Paolo et Vittorio Taviani
Valentina Bellè et Luca Marinelli dans Una questione privata de Paolo et Vittorio Taviani - Pyramide
Valentina Bellè et Luca Marinelli dans Una questione privata de Paolo et Vittorio Taviani - Pyramide
Valentina Bellè et Luca Marinelli dans Una questione privata de Paolo et Vittorio Taviani - Pyramide
Publicité

Plan Large sur le cinéma des frères Taviani, de Roberto Rossellini à Quentin Tarantino et rencontre avec Paolo Taviani pour un retour sur plus de soixante ans d'une œuvre à deux têtes, tristement interrompue par le décès de Vittorio le 15 avril dernier.

Avec
  • N.T. Binh Journaliste, critique, enseignant de cinéma (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
  • Paolo Taviani Cinéaste italien
  • Olivier Favier Interprète

En voyant Païsa de Roberto Rossellini, j'avais 16 ans et Vittorio 18 ans, nous avons vu cette guerre que nous avions vécu, que nous pensions connaître. Mais Rossellini nous révélait à travers ce film des vérités que nous ne connaissions pas. En sortant de la projection, on s'est dit que si le cinéma avait ce pouvoir, cette force de révéler notre propre vérité, alors nous ferons du cinéma. Paolo Taviani

Bien avant les Coen, Dardenne et autres Safdie, deux frères ont inventé une façon unique de faire du cinéma, deux têtes pour un seul cinéaste, aux apports aussi indiscernables, ont-ils toujours aimé dire, que le café et le lait dans un cappuccino. En 60 ans de carrière, jusqu’à la disparition d’un des deux, Vittorio, en avril 2018 à 88 ans, les frères Taviani ont signé une vingtaine de longs métrages, dont bon nombre sont entrés dans l’Histoire du cinéma : Padre Padrone, qui leur valut une Palme d’or en 1977, décernée par Roberto Rossellini, celui qui avec Paisa leur avait donné le virus du cinéma. La Nuit de San Lorenzo, leur plus autobiographique, sur un massacre perpétré par les Allemands pendant la Seconde Guerre Mondiale dans leur petit village natal de Toscane. C’est cette période à laquelle ils reviennent dans leur nouveau film, sorti le 6 juin 2018 en salle : Una questione privata, l’histoire d’une obsession amoureuse sur fond de combats entre fascistes et partisans dans les montagnes piémontaises, interprétée par avec Luca Marinelli, Valentina Bellè et Lorenzo Richelmy.  

Publicité

Lors de la remise des David di Donatello (l'équivalent des Césars en France), il y avait tout le cinéma italien. Nous avons rencontré Luca Marinelli. On a discuté et à côté de lui, il y avait une femme qui n'était ni son épouse, ni sa maîtresse mais sa grand-mère. Cette chose nous a frappé au cœur, ce fut une évidence qu'il serait notre acteur pour Una questione privata ! 

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

C’est l’occasion rêvée pour Plan Large de revenir, avec Paolo Taviani, sur leur riche filmographie, qui allie poésie et lyrisme alliés au dépouillement stylistique et à l’économie de moyens, et procède d’une vaste réflexion sur l’utopie et sur les rapports de l’individu à la tradition. Un cinéma très empreint de littérature, aussi : Tolstoï, Goethe, Pirandello, Boccace, Shakespeare, leur ont donné matière pour Saint Michel avait un coq, Les Affinités électives, Kaos, Contes italiens et l’étonnant César doit mourir, tourné avec les détenus du quartier de haute sécurité d’une prison romaine, et Ours d’or à la Berlinale en 2012. Un cinéma d’artisans, enfin, résolument familial, à l’image de ces deux frères, fils d’un restaurateur de cathédrale, qui partaient à Hollywood construire les décors d’Intolerance, le film de Griffith, dans une de leurs plus belles œuvres : Good Morning, Babilonia. (La traduction est assurée par Olivier Favier) 

Nous n'avons jamais fait de films politiques, pour envoyer un message aux spectateurs, même si nous avions nos idées. Dans les années 1960, la politique n'était pas comme aujourd'hui, elle était pensée et philosophique. Nous étions des jeunes gens actifs et politisés, qui avons raconté ces histoires pour parler de la vérité qui appartenait aux personnages principaux de nos films. Paolo Taviani

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

En fin d’émission, la chronique de N.T. Binh à propos du film Une histoire simple de Claude Sautet, réalisé en 1978, pour lequel Claude Sautet a écrit un rôle sur mesure pour son actrice préférée, Romy Schneider et dresse le portrait d’une femme moderne, indépendante et responsable, et qui lui valut par ailleurs le César de la meilleure actrice. Il est édité en version restaurée, en DVD et Blu-Ray chez Pathé. 

Dans les films de Claude Sautet, Romy Schneider a acquis une indépendance cinématographique en jouant des rôles de femmes libres, épanouie. Une histoire simple est un film à redécouvrir, grâce à ce côté féministe très actuel. N.T. Binh

Une Histoire Simple de Claude Sautet
Une Histoire Simple de Claude Sautet
- Pathé

Programmation :

  • Una Questione Privata, des frères Taviani (2018)
  • Saint Michel avait un coq, des frères Taviani (1971)
  • Allonsanfan, des frères Taviani (1974)
  • Good Morning, Babilonia, des frères Taviani (1987)
  • Padre Padrone, des frères Taviani (1977)
  • Extrait de la bande originale de Allonsanfan, composée par Ennio Morricone (1974)
  • Une histoire simple, de Claude Sautet (1978)
  • Extrait de la bande originale de Une histoire simple, composée par Philippe Sarde (1978)