S comme Space Opera, des sons dans l'espace

Entre un do et un do à l'octave supérieur, on peut mettre l'Univers. Michel Chion

"Dans l’espace, personne ne vous entend crier", nous terrorisait en 1979, le slogan du premier Alien. Personne ? Sauf Michel Chion : ça fait près de 40 ans, depuis son essai fondateur d’une théorie du cinéma comme art sonore, La Voix au cinéma, que ce compositeur de musique concrète écoute les films, comme les médecins auscultaient les patients avant l’imagerie médicale, et analyse chaque élément de la bande-son dans son rapport avec les images. Alors qu’est réédité, dans une version refondue et complétée, sa somme de 1995, La musique au cinéma, celui qui conçoit le cinéma comme une « symphonie audiovisuelle » revient à un de ses amours, la science-fiction, dix ans après le livre qu’il lui avait consacrée aux Cahiers du Cinéma, avec Des sons dans l’espace - A l’écoute du Space Opera. 

Le cinéma pur, le minuscule face au gigantisme

Le Space Opera, ce sous-genre de la science-fiction qui nous fait voyager dans l’espace, explorer des planètes et découvrir des civilisations intergalactiques, longtemps dédaigné avant que Stanley Kubrick ne lui donne ses lettres de noblesses et que George Lucas en fasse à la fois le plus grand pourvoyeur de mythes des 40 dernières années et la franchise la plus rentable de son temps, est souvent moqué pour son « irréalisme » sonore, puisque comme chacun sait, dans le vide intersidéral, la propagation du son est impossible. 

Ce petit livre est né d’une énigme que me posent non les films, mais certains de leurs spectateurs : ceux qui, tout en admettant des ellipses de temps, des places de caméra délirante et l’effet "on the air" ne nous rappellent au respect du “réalisme” que dans des cas bien précis – notamment celui du “son dans l’espace”. Michel Chion, in"Des sons dans l'espace" aux éditions Capricci

Michel Chion est aujourd’hui dans Plan Large, pour apporter quelques réponses à cette énigme, et explorer avec nous quelque 90 ans de cinéma, de La Femme sur la Lune de Fritz Lang, en 1929, au Premier Homme sur la Lune de Damien Chazelle, sorti en 2018.

En fin d'émission, la chronique de Fernando Ganzo, de la revue So Film, dirige son téléscope sur Uma Thurman, qui fait la couverture du dernier So Film. Alors qu'elle est de retour dans la série Netflix Chambers, Uma Thurman est devenue une icône pop il y a près de 15 ans, en interprétant Beatrix Kiddo dans les deux épisodes de Kill Bill, de Quentin Tarantino. Fernando Ganzo dresse le portrait d'une actrice singulière. 

Les recommandations de Plan Large 

Publications de Michel Chion : Des sons dans l'espace : à l'écoute du space opera (Capricci, 2019) et La Musique au cinéma, revue et augmentée (Fayard, 2019)

Site officiel de Michel Chion. La prochaine session de formation par Michel Chion, intitulée "Bruits et effets sonores au cinéma et dans l'audiovisuel" se tiendra les samedi 15 et lundi 17 juin dans les locaux de l'association Acoulogia à Paris. Toutes les informations sont à retrouver sur la page Facebook de l'association. 

Le film Ikarie XB-1, de Jindřich Polák (1963) est disponible en DVD chez Capricci. 

Chant-contre-chant, de Pierre Sky est éditée par Marest éditeur. 

Extraits de films

• Planète interdite, de Fred M. Wilcox (1956)
• Ikarie XB-1, Jindřich Polák (1963)
• 2001, l'Odyssée de l'espace, de Stanley Kubrick (1968)
• Star Wars, de George Lucas (1977)
• Alien, de Ridley Scott (1982)
• Interstellar, de Christopher Nolan (2014)
• Angels Are Hard to Find, de Hank Williams Jr., dans le film Gravity, d'Alfonso Cuaron (2013)
• Kill Bill, vol. 2, de Quentin Tarantino (2004)
• You never Can Tell, de Chuck Berry, dans Pulp Fiction, de Quentin Tarantino (1994)