T comme François Truffaut, le règne du cinéma

François Truffaut dirige Fanny Ardant sur le tournage de Vivement Dimanche !
François Truffaut dirige Fanny Ardant sur le tournage de Vivement Dimanche !  ©Getty - William Karel / Sygma
François Truffaut dirige Fanny Ardant sur le tournage de Vivement Dimanche ! ©Getty - William Karel / Sygma
François Truffaut dirige Fanny Ardant sur le tournage de Vivement Dimanche ! ©Getty - William Karel / Sygma
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35 ans après sa disparition prématurée, François Truffaut est l'auteur d'une oeuvre unique, parfois insaisissable, ancrée dans la mémoire collective, faite de 21 longs-métrages, entre audace et classicisme. Plan large sur son cinéma avec deux truffaldiennes, Anne Gillain et Charlotte Garson.

Avec
  • Charlotte Garson Rédactrice en chef adjointe des Cahiers du cinéma
  • Anne Gillain Professeure des Universités, spécialiste de François Truffaut

Quand François Truffaut fait un film, c'est pour comprendre quelque chose, tenter de résoudre une énigme. Il ne théorisait jamais son cinéma, mais il savait parfaitement ce qu'il faisait. Il manipule le système perceptif de son spectateur, il veut qu'il sorte du cinéma, et ne sache plus où il se trouve. C'est un cinéaste de la perception et de la possession. Anne Gillain

Truffaut aimait comparer ses films à des boules d’ivoire qu’on peut toucher mais non casser, des surfaces lisses et patinées, impénétrables aussi. « Beaucoup de choses trouvent leur sens réel à la revoyure, écrivait-il, et c’est un peu le danger dans tous mes films puisque la majorité des gens ne les voient qu’une fois. » Il faut donc revoir Truffaut, déjà parce que, 35 ans après sa disparition prématurée à 52 ans, son appréciation critique reste empreinte de nombreux clichés. Truffaut, ce serait ce critique pamphlétaire qui n’aurait dénoncé la « qualité française » des années 50 que pour mieux prendre sa place. Ce cinéaste d’abord audacieux qui, victime consentante d’un « déclin bourgeois », livrera finalement un cinéma des plus classique, pour ne pas dire académique, symbolisé par les dix César remporté par Le Dernier Métro. Truffaut, ce serait aussi ce cinéaste « charmant », « gentil, tendre et doux », du côté des femmes et des enfants. 

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En savoir plus : François Truffaut
Une vie, une oeuvre
59 min

Phénomène unique, l’ensemble de ses films a été distribué commercialement aux Etats-Unis, mais il n’y serait apprécié qu’en tant qu’emblème d’une « French Touch douce-amère, d’une psychologie sentimentale qui doivent paraître assez exotiques outre-Atlantique pour correspondre à l’idée qu’on s’y fait de la France », comme on peut le lire encore aujourd’hui dans un dictionnaire de cinéma. Or s’il faut revoir Truffaut, cette œuvre et cette personne ancrées dans la mémoire collective, c’est bien parce que, « destinés à séduire, ses films dissimulent leurs enjeux : la « revoyure » les révèle », écrit notre invitée dans Plan Large, Anne Gillain, qui après avoir enseigné de longues années aux Etats-Unis, et écrit plusieurs livres sur Truffaut, revient à l’ouvrage avec Tout Truffaut, une étude systématique de ses 21 longs-métrages (et 2 courts). Elle nous dévoile quelques uns des enjeux en question, et des stratégies formelles qui ont permis à celui qui a toujours voulu « tenir le public assis bouche ouverte » de transformer un matériel intime et personnel en récits universels, avec à ses côtés la critique de cinéma Charlotte Garson

Il y a un sous-texte dans "La Nuit Américaine" qu’on ne voit pas. Une fois que l'on met le nez dedans, c’est un film qui peut rendre fou par ses rimes et ses correspondances. Il signe un grand tournant dans l’œuvre de Truffaut, c’est le début de la seconde partie de son œuvre qui devient alors magistrale. Tous les grands films vont s’accumuler les uns après les autres. C’est aussi un changement thématique, on passe de l’amour à la créativité. Anne Gillain

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En fin d’émission, la chronique de Charlotte Garson, sur la ressortie en salles, en version restaurée le 27 février du film Les Amants du Capricorne d’Alfred Hitchcock, suivi d’une édition DVD/Blu-ray le 2 avril (éditions L’Atelier d’Images). Les Amants du Capricorne, Un film de dernières fois : dernier film en costume pour Hitchcock, dernier film avec Hitchcock pour Ingrid Bergman, avant d’aller rejoindre Roberto Rossellini en Italie, ce que raconte aussi un livre destiné au jeune public récemment paru aux éditions A dos d'âne : Ingrid Bergman, l'aventurière du cinéma, de Gabrielle Sébire et Margot Hackel. Il faut dire qu’un des bonheurs à revoir Les Amants du Capricorne et ses impressionnants plans séquence tout en mouvement de caméra, c’est le jeu d’Ingrid Bergman, et tout particulièrement le spectacle de son visage. 

Les Amants du Capricorne, d'Alfred Hitchcock (1949)
Les Amants du Capricorne, d'Alfred Hitchcock (1949)
- En DVD et Blu-ray chez L’Atelier d’Images © 1949 Transatlantic Pictures

Les recommandations de Plan Large 

Publications relatives à François Truffaut : Tout Truffaut, 23 films pour comprendre l'homme et le cinéaste, d'Anne Gillain (Armand Colin) ; François Truffaut, chroniques d’Arts Spectacles, 1954-1958, textes réunis par Bernard Bastide (Gallimard, à paraître le 28 mars 2019) ; Maurice Jaubert, de François Porcile, édité chez Bleu Nuit éditeur ; Le Paris de François Truffaut, de Philippe Lombard, aux éditions Parigramme. 

La prochaine séance France Culture au Majestic Bastille, a lieu le mardi 12 mars à 20h avec la projection de Sunset de László Nemes, suivie d'une rencontre avec le cinéaste. 

La Chute de la Maison Usher de Jean Epstein en ciné-concert, accompagné par le duo électro Dafake Panda et Larsp, c'est le vendredi 15 mars à 20h au cinéma Le Cyrano à Versailles, dans le cadre du festival Electrochic

Sorties DVD : L’Homme du sud de Jean Renoir (Lobster Films) ; La meilleure façon de marcher de Claude Miller (Splendor Films) ; Chaussure à son pied de David Lean et The Goose Stepes Out de basil Dearden & Julien Mitchell en DVD dans la collection My British Comedies chez Tamasa.

Extraits de films 

  • Les 400 coups, de François Truffaut (1959)
  • Jules et Jim, de François Truffaut (1962)
  • L'Enfant sauvage, de François Truffaut (1970)
  • La Nuit américaine, de François Truffaut (1973)
  • La Chambre verte, de François Truffaut (1978)
  • Vivement dimanche !, de François Truffaut (1983)
  • Archive : extrait des entretiens entre François Truffaut et Alfred Hitchcock
  • Les Amants du Capricorne, d'Alfred Hitchcock (1949)
  • Musique du film Les Amants du Capricorne, d'Alfred Hitchcock, composée par Richard Addinsell (1949)

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