L'archéologie : pour comprendre l'espace ?

France Culture
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Avec
  • Joëlle Burnouf professeure d’archéologie médiévale à l’Université de Paris I.

Emission en partenariat avec le Centre d'art et de culture Georges Pompidou et l'Institut national de recherches archéologiques préventives Géographie et archéologie ont, depuis vingt cinq ans, tissé des liens féconds. L'important colloque international et interdisciplinaire qui se tient au Centre National et de Culture Georges Pompidou, sur « l'avenir du passé et la modernité de l'archéologie », co-organisés par l'Inrap, l'institut national de recherche archéologiques préventives, met ce rapprochement en valeur. L'une des tables rondes de ce colloque porte sur l'apport de l'archéologie à la compréhension de l'espace. C'est ainsi l'occasion de prendre contact avec une discipline peu connue et en essor : la géoarchéologie. Pour les géographes, comme ceux de l'équipe animée par Eric Fouache par exemple, la géoarchéologie reconstitue les paysages disparus. On peut ainsi retrouver les anciens lits des fleuves ou des cours d'eau, remettre les lacs grecs sacrés de l'Antiquité, tel celui de Délos, à leur juste place et comprendre l'aménagement hydrique et du territoire, mettre à jour les variations des lignes de rivages marins pour comprendre la vie des hommes dans les espaces littoraux, découvrir les traces de séismes qui ont modifié la géographie d'une région. Cela induit des changements de paradigme autant que de méthode ainsi qu'une modification de la représentation et de l'appréhension des espaces. Cette approche, selon que la définition en est donnée par les géographes ou les archéologues, n'est pas forcément identique. Mais elles sont comme les différentes facettes d'une volonté pluridisciplinaire commune de faire bouger les lignes, non seulement des deux disciplines, mais surtout de notre regard sur nos paysages et notre environnement naturel autant que social. Comme l'indique Gérard Chouquer, l'archéogéographie est cette construction intellectuelle associant deux disciplines et qui consacre l'efficacité actuelle des relations entre archéologues et géographes. Elle amène à comprendre autrement les dynamiques des milieux, des espaces, des paysages et des environnements. Ainsi, les « grands défrichements » médiévaux peuvent être qualifiés de « mythe », par notre invitée : c'est alors toute une représentation du paysage français forgée par chacun depuis son enfance qui est remise en cause.

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