Printemps des Poètes: Charles Juliet, Les années sombres

France Culture
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Aujourd'hui, Maelys Ricordeau lit un poème inédit de Charles Juliet.

Les poèmes que vous écouterez cette semaine dans la voix de Maelys Ricordeau  ont été composés spécialement pour le 14ème Printemps des Poètes.

Charles Juliet  est né en 1934 à Jujurieux (Ain). A trois mois, il est placé dans une famille de paysans suisses qu'il ne quittera plus. A douze ans, il entre dans une école militaire dont il ressortira à vingt, pour être admis à l'Ecole de Santé Militaire de Lyon. Trois ans plus tard, il abandonne ses études pour se consacrer à l'écriture. Il travaille quinze ans dans la solitude avant de voir paraître son premier livre (Fragments  préfacé par Georges Haldas). Il vit aujourd'hui à Lyon. Ses poèmes et ouvrages sont traduits en allemand, espagnol, italien, anglais (E.U.), polonais, japonais, vietnamien, turc, coréen, chinois... Juliet vit l'écriture comme une longue et exigeante approche de soi. Son oeuvre foisonnante et singulière explore tant la poésie que le roman, le journal ou l'essai et constitue l'une des plus importantes, sans doute, de la littérature contemporaine. Des extraits de ses ouvrages figurent dans des manuels scolaires. Charles Juliet a réalisé plusieurs séries d'émissions à France-Culture.* Un lourd destin* , pièce de théâtre, a été créée par Roger Planchon en janvier 2002, au T.N.P. de Villeurbanne. Florence Marguier a interprété en janvier 2002 Dans la lumière des saisons  au Théâtre des Marronniers à Lyon. Rodolphe Barry lui a consacré un film documentaire : Libre le chemin  (52', production Abacaris Films).

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Dernier ouvrage paru : Ces mots qui nourissent et qui apaisent  (P.O.L, 2008)

Les années sombres

le chagrin fou de l’enfance

ses émotions le mettent en charpie

il se défie des adultes et se mure dans le silence

l’ennui l’ennui des heures interminables

quand il garde ses vaches

assiste aux messes du petit matin

dans l’église ténébreuse

chaque soir il est terrorisé

quand il descend dans l’antre noir

pour y chercher du vin

la joie qu’il éprouve un matin de Noël

à voir une orange glissée dans sa galoche

cette stupeur qui le saisit

quand celle qu’il croyait être sa mère

lui apprend que sa mère vient de mourir

puis à douze ans

loin de la mère au grand cœur

il se retrouve dans une caserne

où il va rester huit ans

et ce fut sa chance

les brûlures le chagrin fou

d’une enfance disloquée