Aujourd'hui, Maelys Ricordeau dit ce poème de Sophie Braganti, extrait de Trac paru en janvier aux éditions Gros textes.
Sophie Braganti est écrivaine, poètesse, critique d’art. Après un diplôme et un emploi de préparatrice en pharmacie, elle s'oriente vers des Études de Communication et Sciences du langage à Nice et à Paris, puis un DU de Langues et Civilisations italiennes. Elle n’est donc ni universitaire, ni autodidacte. C'est en vivant à Paris qu'elle commence à publier dans la revue Dada dès le numéro 2 en 1992 et rencontre de nombreux artistes pour lesquels elle écrit, livres d'artiste ou catalogues .
Elle a écrit dans les revues Verso arts et lettres , L'art aujourd'hui, Area . Ses poèmes sont aussi publiés en revues et en littérature jeunesse. Depuis 2000 elle intervient en milieu scolaire, associations, musées, médiathèques et maisons de retraite où elle anime des ateliers d’écritures poétiques. Durant trois années, en mars, pendant le Printemps des poètes, elle a été commissaire pour la Ville de Nice de la manifestation "Des poètes et des artistes disent...".
Enfin elle part en mer un mois, au Chili, en 2007, avec une mission scientifique sur le Marion Dufresne et l'IPEV de Brest, suite à une résidence de 6 mois à L'Observatoire Océanologique de Villefranche-sur-mer. Il en résulte des entretiens, des photographies, une vidéo, un journal, des poèmes et un récit. Elle vit à Nice et s’échappe régulièrement dans les montagnes de l’arrière-pays niçois, à Roubion.
Dernier ouvrage paru: Vrac (éditions Gros textes, 2010)
Aujourd'hui, Maelys Ricordeau dit ce poème deSophie Braganti, extrait de Trac paru en janvier aux éditions Gros textes:
Rien les chemins les sentiers les raccourcis à Nice plus rien de mes lieux d'errenfance n'a survécu à la voracité spéculative immobilière devenus voies privées tous mes escaliers boisés de collines maîtrisés par des barrières ils sont tristes droits dans leurs bottes macadam aux camélias les cheminschiens les sentiergenêts les raccourciseaux ils n'existent que de loin dans un sac à mots
Mes monstres de nuit quand l'insomnie les réveille ils me font peur cette nuit encore avec des suées sous le drap peur de me lever et d'aller là où vous savez quand on a peur dans le noir à peine fendu par l'orange d'un réverbère j'en ai vu un qui cachait sous un chiffon blanc recouvrant une partie du crâne ce qui était un visage avant d'être une face de chair et de cratères comme au vitriol il me parlait mais je n'entendais rien tandis que mes Pocket Monsters il faut que je les garde sur moi pour les jours où on m'embête et que je les sorte comme des jokers hier encore j'aurais pu tendre mon Pokemon Oursbruni au gendarme qui m'a verbalisée pour rien traitée en délinquante de la route pour rien j'aurais pu dresser Chiendacier Dragondole et dire même pas mal
Est-ce le temps qui fuit où nous qui fuyons c’est si loin je vivais en dehors du monde j’étais née avec la fin de l'Algérie Française les Rolling Stones les Beatles et 68 j’étais petite je ne voyais n'entendais rien en tournant dans un autre monde j’aimais bien marcher sur la pointe des pieds pour gagner quelques centimètres et entrer dans les grandes conversations qui ne sont pas obligatoirement les conversations des grands mais rien du monde n’y filtrait dans le monde du silence du monde je vivais en traçant des sillons dans la terre avec une brindille en y versant de l'eau je me racontais des rivières mais l'eau disparaissait je ne vivais que pour ça recommencer à faire que l'eau coule à l'infini
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