Printemps des Poètes: Vénus Khoury-Ghata

France Culture
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Aujourd'hui, Maelys Ricordeau dit un poème inédit de Vénus Khoury-Ghata.

Les poèmes que vous écoutez cette semaine dans la voix de Maelys Ricordeau  ont été composés spécialement pour le 14ème Printemps des Poète sur le thème Enfance(s. 

Ecrivaine d’origine libanaise, Vénus Khoury-Ghata  vit à Paris depuis 1972. Elle a publié une douzaine de romans, et autant de recueils poétiques. Elle a bâti au fil des ans une œuvre riche, alternant poésie et roman, qui a été couronnée de nombreux prix (prix Apollinaire, prix Mallarmé et en 2011 le Prix Goncourt de la Poésie) Née au nord du Liban dans le village montagneux de Bécharré, Vénus Khoury-Ghata effectue des études de lettres et débute sa carrière comme journaliste à Beyrouth. En 1959, elle devient Miss Beyrouth. En 1972, elle s'installe en France et collabore à la revue Europe , dirigée alors par Louis Aragon qu'elle traduit en arabe avec d'autres poètes. Le thème de la mort s'impose souvent dans ses poèmes, sûrement en raison des deux premiers drames de sa vie : la guerre civile et la mort de son époux en 1981. Son oeuvre est riche et abondante : quinze recueils de poèmes ont reçu plusieurs prix et ont été récompensés en 1993 par le Prix de la Société des gens de lettres et quinze romans, dont La Maestra  couronnée par le prix Antigona. Insatiable et passionnée, Vénus a su s'imposer très naturellement dans un monde d'homme et devenir l'une des plus célèbres écrivains et poétesses françaises.

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Dernier ouvrage paru :Où vont les arbres (Mercure de France,2011)

Aujourd'hui, Maelys Ricordeau dit ce poème de Vénus Khoury-Ghata:

Septembre attaché au figuier

On tournait le dos à l’été ramasseur de noix vides

Siffleur de jeunes abeilles

Les derniers feux de la Saint-Jean enfumaient les lampes insomniaques

Les encriers

Suspendus à la ceinture du père

On courait moins vite que le paysage

Le chemin risquait d’arriver sans nous à la maison

se lover dans nos lits

renverser l’écuelle du chat

manger les graines jaunes du canari

Mais le père se disait plus long que le chemin

Plus fort que le train

Des épaules de loup au long cours

Des bras hauts comme des madriers

Le père trayait la forêt le fleuve entre chien et crépuscule

fendait d’un coup de hache le froid récalcitrant

Une forge dans sa poitrine le père abritait le feu

Seule l’odeur blanche de la neige le calmait

Ses coulées sur nos murs avaient la douceur du ventre de l’alouette

La compassion des pierres du cimetière