Depuis quelques semaines, le nombre de personnes positives au Covid19 explose. La réponse du gouvernement : vacciner au maximum. A une centaine de jours de l'élection présidentielle, la campagne est belle et bien lancée. Avec le pacte pouvoir de vivre, la CFDT compte peser dans le débat.
- Laurent Berger Ex- Secrétaire général de la CFDT, auteur de l'essai "Du mépris à la colère" (Seuil)
Depuis 2018, la CFDT est le premier syndicat de France avec environ 610 000 adhérents. Laurent Berger préside également depuis mai 2019 la Confédération européenne des syndicats qui représente 45 millions de travailleurs. De quoi pouvoir peser dans la campagne…
Le rôle de la CFDT dans la campagne présidentielle
A trois mois de l’élection présidentielle, la CFDT confirme qu’elle ne soutiendra aucun candidat. Pour autant, elle souhaite peser dans le débat. Avec une soixantaine d’organisations, ils ont mis en place le pacte du pouvoir de vivre. Leur objectif : recevoir tous les candidats et leur exposer 90 propositions sur : les salaires, la précarité énergétique, le logement, la santé, les migrations, la jeunesse, etc. On trouve parmi les signataires : Christophe Robert (de la fondation Abbé Pierre), le Secours Catholique, Amandine Lebreton de la fondation Nicolas Hulot, Najat Vallaud Belkacem, la Cimade, Oxfam, Unsa, Fage…
La CFDT a trois principes dans la campagne présidentielle : on fera tout pour que l'extrême droite et ses idées ne soient pas véhiculées outrageusement et que l'extrême droite ne prospère pas. C'est une conviction chez nous, cela fait partie de nos valeurs. La deuxième c'est qu'on va dire ce que l'on a à dire. On va faire des propositions avec le pacte du pouvoir de vivre mais la CFDT en propre en fera aussi. On va même recevoir les candidats et on va aussi les interpeller à travers un questionnaire. Le troisième principe, c'est qu'on va rester indépendant. Il n'y aura pas de candidat et de candidate de la CFDT. Chaque adhérent et citoyen fera son choix mais la CFDT entend les éclairer.
Le pass vaccinal
Alors que le nombre de cas de Covid19 ne cesse d’augmenter depuis un mois (le nombre de contaminations s’élève à environ 300 000 par jour), le projet de loi sur le pass vaccinal était en débat à l’Assemblée Nationale en début de semaine. Après trois jours de débats houleux, le projet de loi a été adopté tôt jeudi matin par 214 voix pour, 94 contre et 27 abstentions. Le pass vaccinal devait entrer en vigueur le 15 janvier. La loi contient différentes mesures : pas de pass vaccinal pour les moins de 16 ans, des contrôles d'identité renforcés, des jauges temporaires, davantage de sévérité pour les fraudeurs. Mardi, dans les colonnes du Parisien, Emmanuel Macron a assuré vouloir emmerder les non vaccinés : « Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu’au bout." Le Président n'aurait pas du dire cela selon le secrétaire général de la CFDT :
Moi je suis pour plus de contraintes mais dans le respect des uns et des autres. Je crois qu'on a besoin d'apaisement et par respect de la fonction présidentielle et par respect des citoyens, ce n'est pas bienvenue d'employer ce genre d'expression. Franchement en ce moment, on a besoin d'apaisement.
La loi sur le pass vaccinal devrait donc entrer en vigueur mi janvier. Selon Laurent Berger,
il faut de la contrainte supplémentaire pour les citoyens qui ne sont pas vaccinés. Moi je n'ai pas d'ambiguïté là dessus. La CFDT est très claire. Il faut que ceux qui choisissent de ne pas se vacciner aient des contraintes supplémentaires pour accéder à un certain nombre d'établissements. Nous, on n'a pas été pour l'obligation du pass vaccinal dans le monde du travail pour deux raisons. La première, c'est que ce n'est pas là où il y a les principales contaminations parce que les protocoles sanitaires, les gestes barrières sont globalement respectés. La deuxième raison, c'est tout simplement qu'il faut faire attention à ce dont on parle. On demanderait à des gens de ne pas pouvoir accéder à des professions où ils ne sont pas en contact avec le public. Pour ceux qui sont en contact avec le public, on est pour la vaccination obligatoire. On a été très clair dès le départ. Pour les soignants, et pour les autres, il y a des pass sanitaires qui ont été demandés. Ca a été le cas pour les salariés de l'hôtellerie restauration. Lorsque vous êtes dans un bureau, dans un atelier et que vous n'êtes pas en contact avec du public, je ne vois pas l'intérêt du pass sanitaire.
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La tension dans les écoles et dans les services hospitaliers
Les enseignants sont démunis avec le nouveau protocole d'accueil des élèves complexes. Deux syndicats : Snuipp et Unsa appellent à une grève nationale pour le 13 janvier.
Les deux fédérations CFDT éducation (le Sgen CFDT et la fédération des enseignants du privé) ne se joignent pas à cet appel à la grève mais préparent des mobilisations la semaine prochaine. Ils ne veulent pas rajouter du chaos au chaos, notamment pour les parents, mais je peux vous assurer qu'ils sont extrêmement en colère. Extrêmement en colère de deux choses. D'abord des atermoiements à répétition sur les protocoles sanitaires. Et le deuxième élément c'est qu'il n'y a aucune concertation. Il faut, pour certains d'entre eux, lire les médias le dimanche soir pour savoir ce qui va se passer pour eux le lundi matin. Ce n'est pas possible en fait. Ca fait des mois et des mois que le Sgen et la Fed CFDT réclament des masques gratuits FFP2 pour les enseignants, qu'ils réclament des systèmes d'aération dans les classes, et ils ne sont pas écoutés. On a aujourd'hui une forme d'autoritarisme du ministère de l'éducation nationale qui dit voilà ce sera comme ça et on s'en fiche de la façon dont vous le recevez. et après débrouillez vous. Il y aura des interpellations du ministre par les représentants de la CFDT.
Des enseignants exténués donc. A l'hôpital la situation n'est guère mieux...
A l'hôpital on est au bord de la rupture. J'ai d'ailleurs alerté les pouvoirs publics encore cette semaine en disant qu'on est au bord de la rupture, que l'on ne sait pas si ça va tenir. On a des gens qui sont exténués, fatigués, qui sont agacés aussi de voir arriver des gens qui auraient pu éviter d'être là s'ils avaient été vaccinés. C'est très très fort dans les retours.
Le pouvoir d'achat, la principale préoccupation des français
L'Insee estime que la croissance devrait atteindre 6,7 % cette année. Toutefois, le début d'année 2022 devrait être marqué par une inflation toujours forte, "globalement autour de 2,7%" sur un an, prévient l'Insee. Conséquence mécanique de cette progression des prix : le pouvoir d’achat, en hausse de 1,8 % en 2021, devrait connaître une baisse de 0,5 % sur la première moitié de 2022. Le pouvoir d’achat qui est la principale préoccupation des français pour cette élection 2022... Pour pallier l’augmentation des prix, une hausse du smic de 0.9% est prévue au 1er janvier 2022 (pour porter ce salaire à 1603 euros brut). Mais selon Laurent Berger, "c’est très bien mais à chaque fois, il faudrait que l'on augmente les minima de branches pour qu’ils ne soient pas en dessous du Smic". Selon lui, Il y a encore 31 branches où il y a des minima de branches qui sont en dessous du Smic.
Normalement le Smic c'est le salaire d'embauche pour des personnes peu ou pas qualifiées. Aujourd'hui c'est devenu une réalité pérenne pour des millions de travailleurs et particulièrement de travailleuses d'ailleurs. Il y a une forme de paresse aujourd'hui quand on parle des salaires à considérer que l'on règlerait les choses que sur la question du smic. On la règlera si on contraint dans les entreprises et dans les branches à deux choses. Dans les branches à n'avoir aucun échelon qui soit en dessous du smic, et dans les entreprises à réinterroger la répartition de la richesse.
Les ordonnances Macron de 2017
Entrées en vigueur à la fin septembre 2017, les ordonnances réformant le droit du travail contenaient, entre autres la fusion des délégués du personnel, du comité d’entreprise et du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail au sein d’un seul comité social et économique. "Nous sommes rentrés dans les concertations pour, des fois limiter la casse, faire nos propositions... Lorsque ces ordonnances sont parues, on a voté contre parce que l'on pensait que ça n'allait pas être suffisant pour développer le dialogue social. Cinq ans après, on a une centralisation du dialogue social dans les entreprises, un affaiblissement des moyens pour les représentants des salariés".
Une organisation syndicale, cela sert à réunir des gens autour d'intérêts qui sont la défense des travailleurs, cela sert à hiérarchiser des revendications, à les porter, à les négocier et à s'engager lorsqu'elles sont signées. [...] L'enjeu demain dans notre démocratie c'est d'articuler la démocratie élective, qui reste évidemment souveraine parce que c'est le suffrage du peuple, avec la démocratie sociale, c'est à dire celle des associations, des élus locaux qui portent des intérêts particuliers et qui doivent se confronter pour faire émerger des solutions, et une démocratie participative qui est à l'écoute des citoyens. Pas une écoute juste pour justifier qu'on l'aurait faite mais une écoute pour comprendre leurs préoccupations, leurs parcours de vie, leurs difficultés et peut être leurs idées.
NDLR : après vérification, les propos de Bernard Arnault rapportés dans cette émission et commentés par l'invité sont exacts, mais datent de 2016 et non pas de la semaine passée. Mea culpa !
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