Jusqu'au Xe siècle, la doctrine "nataliste" commande aux fidèles de se marier pour procréer. Après cette période, on constate une inflexion de la doctrine. La maîtrise du désir charnel comme idéal éthique commence à être promu, et le célibat est envisagé mais pour une minorité de musulmans...
- Mohammed Hocine Benkheira directeur d’étude à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, section des sciences religieuses – Groupe Société Religions Laïcités du CNRS.
Les rapports charnels dans la tradition religieuse islamique ne sont pas astreints exclusivement à une finalité procréative, mais les relations matrimoniales dans les sociétés musulmanes ont été caractérisées par une conception nataliste. Ainsi, le mariage est-il un commandement religieux. Il est institué comme « la moitié du culte rendu à Dieu » afin que les époux remplissent leur mission de croyants ; celle d’engendrer et d’assurer une descendance en considérant les ébats amoureux comme une aumône. Auquel cas, les célibataires étaient mal vus voire décriés.
Toutes les sociétés anciennes étaient natalistes. Le natalisme, c'est à dire le devoir de procréation des individus, est une doctrine qui est absolument répandue partout, c'est à dire qu'on n'envisage pas la sexualité sans qu'il y ait procréation. Cette nécessité impérieuse de procréer est mise en valeur dans le Coran, mais également surtout dans le hadith. Le nombre de hadiths où il est question de faire des enfants est absolument considérable. (...) On continue à penser que la richesse, c'est avant tout la procréation.
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Cependant, une inflexion se fera sentir au premier quart du IXe siècle. Une casuistique a permis à des individus de s’affranchir des liens d’une vie conjugale pour peu qu’ils se consacrent à l’étude, à l’acquisition du savoir et à sa transmission. Cet idéal de vie souligne, sans exalter la chasteté, « la maîtrise de la concupiscence » et la prééminence de la raison sur le désir charnel. Mohammed Hocine Benkheira, passe en revue ce chapitre de la théologie morale islamique. Il dévoile la logique qui sous-tend le discours en faveur du célibat tenu par une certaine élite du corps des ouléma.
A un moment, on considère que la tâche qui consiste à éduquer les fidèles, à diffuser la science de la religion, la doctrine, devient plus importante que la tâche de procréation. Mais comme c'est une tâche qui est limitée à quelques personnes, on estime qu'elle ne peut pas porter préjudice à la tâche de la procréation qui, elle est collective, c'est à dire que tous les individus s'y adonnent.
Mohammed Hocine Benkheira est directeur d’études à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, il est notamment l'auteur de La maîtrise de la concupiscence (Ed. Vrin, 2017).
La pause musicale
"Hawniyaz", Kayhan Kalhor, Aynur, Salman Gambarov, Cemîl Qoçgirî, label Harmonia Mundi
"Sin País", Ali Khattab, label Nesma Music
" Adele - Hello" ( Oud cover ) par Ahmed Alshaiba
La prise de son a été assurée aujourd'hui par Marie Lepeintre.
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