La seconde vie de Mahomet

Dimanche 17 juin 2018

Du Moyen Age à nos jours, beaucoup d'encre a coulé pour le raconter, le décrire et notre invité ne le démentira pas. Au contraire ! Il en a fait son sujet de recherche.

Avec

Nedim Gürsel Écrivain, enseignant à l’INALCO et directeur de recherche au CNRS

La connaissance de la figure de Mahomet à travers la littérature peut éclaircir quelque peu l’horizon assombri par les fanatismes. Parce que, si le prophète de l’islam ne vécut certes qu’une seule vie, les œuvres littéraires lui ont permis de revêtir divers habits et de montrer de multiples facettes. Il se trouve que la littérature médiévale a peint de grossières caricatures les rituels islamiques, et n’hésite pas à proférer des injures à l’adresse du prophète. Cela est dû au fait qu’au Moyen Âge, l’Occident chrétien voit en Mahomet un imposteur, un faux-prophète, voire un Antéchrist prêt à combattre le Messie.

L'Antéchrist écoutant les paroles de Satan, représentés par Luca Signorelli (vers 1450-1523) dans une fresque de la chapelle San Brizio (cathédrale d'Orvieto).
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Ce n’est qu’au siècle des Lumières, avec Voltaire et Goethe notamment, que l’on tente d’identifier et d’étudier sérieusement le personnage historique. Mais il faut encore attendre les Romantiques, Lamartine et Hugo entre autres, pour que le prophète de l’islam bénéficie d’une image positive en Occident. Il est même alors qualifié de personnage attachant ! Au XXe siècle enfin, de nouveaux auteurs prennent la liberté de faire de lui un personnage de roman. Avec d’autres romanciers Mahomet devient imaginaire, de plus en plus éloigné de la figure traditionnelle musulmane.