Covid-19 : un point sur les traitements

Il n'y a pas moins de 45 essais cliniques en cours en France dans plusieurs domaines de recherche : les antiviraux, le plasma sanguin,  la thérapie cellulaire et l'essai autour du ver marin.
Il n'y a pas moins de 45 essais cliniques en cours en France dans plusieurs domaines de recherche : les antiviraux, le plasma sanguin,  la thérapie cellulaire et l'essai autour du ver marin. ©Getty - dowell
Il n'y a pas moins de 45 essais cliniques en cours en France dans plusieurs domaines de recherche : les antiviraux, le plasma sanguin, la thérapie cellulaire et l'essai autour du ver marin. ©Getty - dowell
Il n'y a pas moins de 45 essais cliniques en cours en France dans plusieurs domaines de recherche : les antiviraux, le plasma sanguin, la thérapie cellulaire et l'essai autour du ver marin. ©Getty - dowell
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Chaque jour, Nicolas Martin, producteur de la Méthode Scientifique, fait un point sur l'avancée de la recherche sur le coronavirus. Il revient aujourd'hui sur l'avancée de la recherche d'un traitement contre la maladie.

Avec
  • Nicolas Martin Auteur, scénariste, réalisateur, producteur, vulgarisateur, et ancien animateur de la Méthode Scientifique.

Nous surveillons comme le lait sur le feu les différentes pistes de recherches pour un traitement – qui sont distinctes de la recherche vaccinale, dont nous vous reparlerons dans une prochaine chronique. Cette recherche avance à grands pas, faut-il le rappeler : il n'y a pas moins de 45 essais cliniques en cours en France dans plusieurs domaines de recherche : les antiviraux – c'est l'essai Discovery sur lequel je vais revenir dans un instant, le plasma sanguin, Coviplasm dont nous vous avons déjà parlé, la thérapie cellulaire avec l'essai Stroma-CoV2 plus l'essai autour du ver marin dont je vous dirai un mot à la fin.

Ces essais se situent dans deux grandes stratégies, qui correspondent aux deux phases de la maladie : une première stratégie virologique, qui consiste à empêcher le virus de se répliquer et donc à ralentir, voire interrompre l'infection. Une seconde immunologique, qui consiste à moduler la réponse immunitaire, pour empêcher la flambée inflammatoire qui se produit dans la 2ème phase de la maladie, en général 7 à 14 jours après l'apparition des signes cliniques, et qui souvent fait basculer le patient dans un état sévère et nécessite une hospitalisation.

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Commençons par Discovery. Je vous rappelle que c'est un essai européen, piloté en France par l'Iinserm, qui a donc vocation à tester plusieurs antiviraux, et qui devrait impliquer en tout 3 200 patients, dont 800 en France. Pourquoi n'a-t-on pas encore de résultats, puisque je vous disais ici même que l'essai devait livrer ses premiers enseignements au bout de 15 jours, il y a déjà plus de 15 jours, l'essai ayant été lancé le 22 mars ?

Eh bien en grande partie parce que le recrutement des patients a pris plus de temps que prévu, nous a expliqué Marie-Paule Kieny, virologue et directrice de recherche Inserm. Sur les 3 200 patients, le week-end dernier, seuls 630 étaient inclus en France. Et il va falloir attendre encore 3 à 4 semaines pour arriver au nombre final. Recruter des patients prend du temps, et l'analyse de l'efficacité et de la sécurité du traitement est évaluée 15 jours après l'inclusion de CHACUN des patients. Comme un trop petit nombre de patients a été inclus dans les tous premiers jours, selon Florence Ader, qui est coordinatrice de l'essai pour la branche française, les premières tendances devraient être disponibles d'ici la fin du mois d'avril.

Je vous rappelle que l'essai Discovery est un essai dit « évolutif », et que tout résultat clairement positif ou négatif serait immédiatement reporté sur le reste des patients suivis.

J'en profite pour rappeler que contrairement à ce qui a pu être dit, les patients du groupe contrôle ne sont pas « abandonnés sans aucun soin » mais bénéficient d'une prise en charge hospitalière avec des soins maximisés, mais sans les molécules testées. Et je conclurai sur Discovery par la critique qui a été faite, sur l'administration d'hydroxychloroquine à des patients dans un état jugé « trop tardif » dans le développement de la maladie, et sans l'ajout de l'antibiotique azythromycine. Florence Ader réplique que l'hydroxychloroquine sera administrée à des patients à différents stades évolutifs de la maladie pour en tester l'efficacité selon le même protocole que les autres médicaments évalués – et que si l'antibiotique n'a pas été ajouté, c'est qu'il n'y avait pas suffisamment d'argument d'efficacité pour justifier son ajout, qui augmente par ailleurs la cardiotoxicité du traitement, comme cela a été rapporté en pharmacovigilance.

J'ajoute pour conclure qu'un essai complet, HYCOVID, hydroxychloroquine et azythromycine, a été lancé par le CHU d'Angers, sur 1 300 patients en randomisé double aveugle – dont les premières tendances devraient être données dans les prochaines semaines. Un essai similaire est également en cours au CHU de Montpellier.

La stratégie de modulation de la réponse inflammatoire

Dans un sens ou dans l'autre : la stimuler lorsqu'elle est trop faible, ou au contraire la réduire lorsqu'elle s'emballe et provoque la fameuse « tempête de cytokines » que vous connaissez bien maintenant

Un nouvel essai en ce sens est à noter, il s'agit de Stroma-CoV2, piloté par Antoine Monsel, médecin anesthésiste à la Pitié Salpêtrière, que nous avons contacté. Il s'agit d'utiliser des cellules issues du cordon ombilical, qui ont d'importantes propriétés anti-inflammatoires. On les appelle « cellules stromales mésenchymateuses ». C'est un traitement que l'on connaît puisqu'il a été appliqué dans d'autres maladies respiratoires – avec plusieurs études de phase II conclusives entre 2013 et 2015.

L'essai a donc commencé à recruter la semaine dernière une soixantaine de patients avec un syndrome respiratoire aigu sévère, dont 20 vont suivre le traitement et 40 recevront un placebo – tout en maintenant bien sûr des soins d'urgence. Ces cellules mésenchymateuses – qui ont une affinité naturelle pour l'épithélium pulmonaire – proviennent d'une banque de dons et ont d'ores et déjà été collectées en nombre suffisant. Des études similaires sont actuellement menées en Espagne et en Egypte.

Un dernier mot sur le petit ver marin, l'arénicole, dont l'hémoglobine avait été vantée comme une solution pour aider à augmenter le transport d'oxygène vers les patients en insuffisance respiratoire. Le 9 avril, jeudi dernier, l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament a suspendu son autorisation à l'équipe qui voulait tester ce « respirateur moléculaire » et pour cause : en 2011, une étude non clinique chez le porc s'était soldée par une mortalité de 100% des animaux qui avaient reçu la substance.

Nicolas Martin et l'équipe de La Méthode scientifique

L'équipe