Si le mot d'antisémitisme reste mal famé, la chose, c'est-à-dire la haine des juifs, resurgit avec une vigueur et même une innocence qui, tous autant que nous sommes, nous ont pris au dépourvu. Essayons d'y voir clair.
- Danny Trom Sociologue, chercheur au CNRS.
- Delphine Horvilleur Rabbin et philosophe
En 1944, Bernanos, auteur comme chacun sait d'une biographie enthousiaste d'Edouard Drumont écrivait " le mot d'antisémitisme fait de plus en plus horreur, Hitler l'a déshonoré à jamais ". Phrase effrayante et profonde. Comment en effet se déclarer froidement, fièrement ou fiévreusement antisémite après les révélations sur les camps de la mort et la tentative nazie d'éradiquer les juifs de la surface de la terre ? L'Europe post hitlérienne s'est même édifiée sur le traumatisme d'Auschwitz. Comme l'a écrit le sociologue allemand Ulrich Beck, "le souvenir européen radicalement autocritique de l'holocauste ne détruit pas l'identité de l'Europe, il la constitue".
Mais voici que l'édifice vacille. Si le mot d'antisémitisme reste mal famé, la chose , c'est à dire, la haine des juifs resurgit avec une vigueur et même une innocence qui, tous autant que nous sommes, nous ont pris au dépourvu. Les actes anti-juifs, apprend-on, ont augmenté de 78% en 2018. Il faut réagir bien sûr mais pour réagir à bon escient il faut comprendre. Il faut essayer d'y voir clair.
Je voudrais partir non de l'étonnement, source de la philosophie, mais de la stupeur. Que se passe-t-il pour que la question antisémite se pose à nouveau ?
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