La tolérance est-elle une vertu ?

Elizabeth Eckford ignore les cris hostiles des Blancs quand elle entre pour la 1e fois à l'école à Little Rock en 1957
Elizabeth Eckford ignore les cris hostiles des Blancs quand elle entre pour la 1e fois à l'école à Little Rock en 1957 ©Getty
Elizabeth Eckford ignore les cris hostiles des Blancs quand elle entre pour la 1e fois à l'école à Little Rock en 1957 ©Getty
Elizabeth Eckford ignore les cris hostiles des Blancs quand elle entre pour la 1e fois à l'école à Little Rock en 1957 ©Getty
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Qu'est ce que la tolérance et comment expliquer son surgissement et son triomphe dans les sociétés occidentales ? Peut-elle occuper à elle seule tout le champ de la morale ?

Avec
  • Pierre Manent Philosophe, historien et directeur d’études honoraire à l’EHESS
  • Claude Habib professeur de littérature à l'université de la Sorbonne nouvelle, spécialiste de la littérature du XVIII° siècle

Dans une lettre datée du 27 décembre 1682 Bossuet écrivait : 'Hérétique est celui qui a une opinion et c'est ce que le mot même signifie : qu'est ce qu'une opinion sinon suivre sa propre pensée et son sentiment particulier. Mais le catholique est le catholique  c'est à dire qu'il est universel, et sans avoir de sentiment particulier il suit sans hésiter celui de l'Eglise." 

Ces phrases nous révèlent à nous-mêmes parce qu'elles nous donnent à lire le très exact contraire de ce que nous sommes. Catholique ou pas , croyant ou athée,  ce qui nous caractérise, ce qui nous  constitue, ce qui fait de nous des modernes c'est la tolérance . La tolérance est devenue notre vertu centrale et même comme l'écrit Claude Habib dans son dernier livre ( Comment peut-on être tolérant ?) " la seule vertu que nous honorions collectivement ".

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Mais nous ne pouvons en rester là . Les évènements nous bousculent et font naître une multitude de questions. Cette vertu peut-elle occuper à elle seule tout le champ de la morale ? Elle terrasse les préjugés mais que faire face à l'intolérable ? Peut-on s'en sortir en disant que le barbare c'est d'abord l'homme qui croit à la barbarie. Si le mal existe, sommes nous armés pour y répondre ?  Où situer la frontière la bienfaisante ouverture d'esprit et le glaçant nihilisme du " tout se vaut , tout est égal" ? Qu'est ce que la tolérance et comment expliquer son surgissement, son triomphe dans les sociétés occidentales ?