La vérité en sursis

• Jusqu'à une date récente on pouvait croire que la rectification de l'histoire et de l'actualité était le sinistre apanage des régimes totalitaires.
• L'opposition semblait claire et définitive. Dans les démocraties où l'information est libre, les faits sont têtus. Sous le règne de Big Brother ils sont fragiles.
• Mais voilà que ce grand partage se brouille . Au lendemain de l'investiture de Donald Trump, le porte-parole de la Maison blanche a certifié, contre toute évidence, "que la foule présente à la cérémonie était la plus considérable de l'histoire américaine".
• Et quand un journaliste s'est ému de cette contre vérité flagrante la responsable de la communication présidentielle lui a tranquillement répondu " Il n'a pas prononcé des contre vérités, il a proposé des faits alternatifs."
• Donald Trump est certes un cas à part  mais ce genre de propositions extravagantes pullule aujourd'hui dans nos sociétés  développées. En France, Maxime Nicolle, l'une des principales figures des Gilets jaunes a mis en doute la réalité de l'attentat de Strasbourg sans être désavoue  ni à fortiori disqualifié par les autres manifestants.
• Il n'y a donc rien de surprenant  à ce qu'en 2016 le mot post-vérité ait été choisi comme mot de l'année par le très sérieux Oxford English Dictionnary .   
• L'heureux élu de l'année 2013 avait été selfie.
• Bienvenue dans le troisième millénaire . Puisqu'il ne nous est pas
• permis de choisir l'époque où il nous est donné de vivre et de mourir , autant essayer de la comprendre.

Que nous arrive-t-il ? Pourquoi nos démocraties sont-elles frappées aujourd'hui par un mal inhérent aux dictatures ? 

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• Ran Halévi Le nouveau régime de la vérité
• Dans           Le Débat 2017/5 (n° 197), pages 28 à 41                                                            

https://www.cairn.info/revue-le-debat-2017-5-page-28.htm?contenu=resume