

De l'évolution des rapports entre les sexes et de leur révolution
- Camille Froidevaux-Metterie philosophe féministe, professeure de science politique et chargée de mission égalité-diversité à l’Université de Reims Champagne-Ardenne
- Jean-Michel Delacomptée Ecrivain, maître de conférences en littérature
Alain Finkielkraut s'entretient avec la philosophe, professeure de science politique, Camille Froidevaux-Metterie, auteure d'un essai, Un corps à soi (éd. Seuil) - et d'une théorie féministe plaçant le corps au centre de la réflexion - et de l'écrivain, essayiste, Jean-Michel Delacomptée, qui fait paraître Les hommes et les femmes, Notes sur l’esprit du temps (éd. Fayard), et s'interroge, non sans inquiétude, sur l’évolution des rapports entre les sexes.
" Longtemps, les femmes n’ont été que des corps, définies par leurs fonctions sexuelle et maternelle. La révolution féministe les a délivrées de ce carcan, mais elle a aussi dévalorisé le corps féminin. N’est-il pas pourtant le nœud singulier de notre rapport à nous-même et au monde ? " Camille Froidevaux-Metterie
" Dans le tumulte d’une époque où les passions prennent le pas sur la raison, à la revendication d’une égalité juste se substitue progressivement la quête utopique d’une égalité totale entre les individus, les sexes, les genres, qui implique l’éradication du patriarcat, source de tous les maux. Exit le père de famille, symbole de l’autorité, voici le règne de l’amour universel comme projet politique consacré par les lois. Étrange amour (...) "Jean-Michel Delacomptée
" (…) La démocratie fabrique, par sa seule existence, le besoin d'un monde où pourrait s'épanouir une véritable communauté humaine." L'historien François Furet a vu juste, ce besoin n'a pas disparu, il renaît sous nos yeux, et le féminisme qui, depuis #Me too, fait l'actualité, se présente comme un projet global de transformation de la société tout entière. Que penser d'une telle ambition ? Faut-il s'en inquiéter ou s'en réjouir, lui résister ou au contraire, l'accompagner ? (Alain Finkielkraut)
Camille Froidevaux-Metterie
Ce dont je parle en évoquant cette révolution à mener, c'est d'un système immémorial qui remonte à l'Antiquité grecque, qui a traversé toute l'histoire, qui a survécu au tournant de la modernité démocratique, qui a survécu encore aux premiers grands moments de la révolution féministe dans les années 70, et qui fait qu'aujourd'hui, nous continuons de vivre dans une société qui repose sur un socle que l'on peut qualifier de patriarcal.
Jean-Michel Delacomptée
Je suis très mal à l'aise avec cette question du patriarcat, je suis très sensible naturellement au propos, je comprends les arguments - " la femme est vue par le prisme de l'homme " - comment ne pas être sensible à la cause des femmes, mais je ne m'y retrouve pas du tout, je ne retrouve aucun sentiment dans tout ça, je ne vois aucune littérature, aucune poésie, la vie, la vie toute simple… En première analyse, c'est ce que je dirais.
Camille Froidevaux-Metterie
Ce que vous décrivez, Alain Finkielkraut, c'est effectivement une dynamique intense d'émancipation sociale et professionnelle voire politique, chez les femmes ; en revanche, ce qu'elle recouvre, cette dynamique de l'intime, à partir des années 2010, c'est que la situation de minoration privée et d'exploitation des femmes continue de perdurer par-delà même leur émancipation sociale - et c'est quelque chose qu'il faut bien repérer - d'où l'intensité et la nécessité des combats d'aujourd'hui.
Jean-Michel Delacomptée
En tant qu'homme, en tant que père de famille aussi, je me sens continuellement agressé par le mouvement " néo-féministe " - pour reprendre ce terme. Donc, à un moment, il y a une sorte d'exaspération, et une nécessité de prendre une parole, parce qu'il est difficile pour un homme aujourd'hui, de s'exprimer sur ces questions. On est suspect, je me sens " suspect…"
Je veux revenir aussi sur un autre point ; vous parlez, Camille Froidevaux-Metterie, du " Corps à soi ", comme si les hommes n'avaient pas de corps ? Mais le corps des hommes existe, oh combien ! J'aimerais savoir en quoi les hommes n'ont pas de corps, je trouve cette proposition étrange.
L'intégralité de l'émission est à écouter sur la page, et sur l'antenne de France-Culture, tous les samedis de 9:07 à 10:00, ou sur l'application Radio-France.
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