Les ambiguïtés d'OnlyFans : réseau social ou plateforme commerciale ?

A Caracas, Valéry Lopez prépare une séance photos pour alimenter son profil OnlyFans
A Caracas, Valéry Lopez prépare une séance photos pour alimenter son profil OnlyFans ©AFP - CRISTIAN HERNANDEZ
A Caracas, Valéry Lopez prépare une séance photos pour alimenter son profil OnlyFans ©AFP - CRISTIAN HERNANDEZ
A Caracas, Valéry Lopez prépare une séance photos pour alimenter son profil OnlyFans ©AFP - CRISTIAN HERNANDEZ
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Les tergiversations d'OnlyFans sur la tolération de contenu érotique sur sa plateforme ont animé le feuilleton et la finance ces derniers jours. Au-delà de la question d'une économie vertueuse, c'est la nature des réseaux sociaux qui est interrogée.

Aujourd’hui c’est OnlyFans qui nous intéresse. OnlyFans n’est pas un réseau social universel comme Facebook ou Twitter. Il est plutôt construit comme Le Bon Coin ou Amazon. La différence c’est qu’on n'y vend pas des liseuses Kindle, produit le plus vendu sur Amazon. Non, OnlyFans, c'est tout simplement un club de strip-tease en ligne. Et comme l’écrit le Figaro, c’est l'ubérisation du contenu porno, la forme la plus crue de l’auto-entreprenariat. 

Le principe est simple. Le feed d’OnlyFans ressemble à celui de Twitter... Sauf qu’il faut payer pour voir les contenus.  

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On y trouve des stars. Des artistes connus qui veulent établir un lien direct avec leurs fans. La rappeuse américaine Cardi B a ainsi annoncé créer un compte OnlyFans pour montrer les coulisses de ses tournages de vidéos. Mais elle a exclu mettre du contenu porno. 

On y trouve aussi des influenceurs d’autres réseaux sociaux qui mettent en ligne des tutoriels de cuisine, de maquillage, cours de yoga ou de photo… 

Mais on y trouve surtout des “créateurs” de contenu porno, des professionnels du porno, et tous ceux qui voient OnlyFans comme une source de revenu facile. Comme le précise Business Insider, de plus en plus d'étudiants et d'étudiantes y postent des photos pour arrondir leur fin de mois. Pour beaucoup, il s'agit d'argent "facile", car personne n'est obligé de montrer son visage, ni même de se mettre complètement à nu.  

En plus de payer l'abonnement à un compte, les fans peuvent donner des pourboires à un créateur, pour le féliciter de son contenu posté mais aussi en échange d'un service (prendre une photo dans telle ou telle pose ou vêtement par exemple). Et le créateur est libre de répondre à la demande du fan. La limite de pourboire est fixée à 500 dollars par jour, pour les deux partis.   

Sur le plan financier, Only Fans compte 150 millions d’abonnés qui ont assuré 6 milliards de dollars de transactions cette année. Le réseau social assure même que plus de 300 “créateurs” gagnent plus de 850 mille euros par an. Mais le mois dernier, les banques qui servaient d’intermédiaires entre les créateurs de contenus et les fans, ces banques ont dit stop. Les spécialistes du monde pornographique ne sont pas étonnés. OnlyFans faisait déjà depuis plusieurs semaines l’objet d’une enquête de la BBC. Cette dernière a publié une série d’articles accusant la plate-forme de plusieurs manquements dans sa modération. Et aux Etats-Unis, les législateurs américains ont exigé une enquête sur des suspicions de pornographie juvénile sur OnlyFans.

Résultat : OnlyFans a d'abord annoncé bannir les contenus sexuels qui ont fait sa popularité -avant de revenir sur sa décision. La direction d’OnlyFans a assuré avoir de nouveau le soutien de banques et des opérateurs de paiements qui menaçaient de couper les ponts par crainte de voir leur réputation entachée. Selon les experts du secteur, cet épisode est en train d’accélérer le passage à la cryptomonnaie pour permettre des paiements anonymes aux acteurs du secteur en dehors du système bancaire traditionnel. 

“Il est évident que la crypto va être la solution", promet l'actrice britannique Adreena Winters, une figure de proue d'un nouveau site X acceptant les cryptomonnaies. Et d'ajouter, visionnaire : "la pornographie a souvent été pionnière dans le décollage de nouveaux concepts, qu'il s'agisse des cassettes VHS, des paiements par carte de crédit en ligne et même d'Internet".  

Rectification : Cardi B est bien une artiste américaine, et non britannique.   

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