Selon le magazine Lire, « R.J. Ellory est un sacré cachottier ». Le journaliste Julien Bisson a mené une enquête. Il révèle que l’auteur de polars britannique est membre de l’Eglise de Scientologie depuis 1986.
C’est par la drogue qu’Ellory est arrivé dans la Scientologie. Il confie au magazine Lire que son frère « a suivi avec l’Eglise un cure de purification, qui aidait les malades à faire des progrès spirituels sans l’obstacle de la drogue. Cela a très bien fonctionné pour lui, j’ai donc suivi ce programme à mon tour ».
Et l’écrivain ajoute : « Si je ne l’avais pas fait, je serais mort avant d’avoir 25 ans ».
Le problème, explique Julien Bisson, c’est que depuis l’écrivain vante « l’aspect humanitaire » des actions qu’il a menées » dans le mouvement fondé par L. Ron Hubbard.
Christine Ferniot évoquait ce « travail associatif » en juillet 2012 dans Les Echos. « Il se consacre à la réinsertion de toxicomanes et à des programmes d’alphabétisation », écrit la journaliste. Mais pas un mot sur le contexte de ce travail « associatif » un peu particulier.
27 ans donc au sein de la Scientologie, sans qu’aucun portrait du romancier ne l’ai mentionné. « Si quelqu’un m’avait posé des questions à ce sujet, alors j’y aurais répondu évidemment », assure Ellory dans un entretien à L’Express.
Pourtant, Ellory n’était pas n’importe qui dans le mouvement, qualifié rappelons le, de secte par un rapport parlementaire.
Ellory a d’abord été « auditeur », nous apprend Julien Bisson. Autrement dit, il était chargé de mener les « coûteuses séances de confession ». Et il est même devenu recruteur en chef de la section de Birmingham.
« Roger s’est servi du programme antidrogues comme d’une couverture publique habile, un écran de fumée qui lui donnait le beau rôle », juge un ancien haut responsable de l’organisation, cité dans Lire.
« Son véritable job consistait avant tout à vendre aux néoconvertis des programmes de clarification pouvant coûter jusqu’à 40 000 livres sterling la semaine »
Et Julien Bisson précise comment Ellory a reçu les honneurs de l’organisation. En 2006, son nom apparaît au tableau d’honneur de l’Association internationale des scientologues, aux côtés des stars de l’Eglise comme Tom Cruise ou John Travolta. D’après le journal L’Express, cette distinction n’est offerte qu’aux membres qui ont soit donné 20 000 dollars, soit recruté au moins 20 personnes dans l’association. Ellory estime lui avoir juste « été dûment remercié, mes actions ayant contribué à rendre possible certains de ces programmes humanitaires ».
Le romancier a quitté le staff de l’Eglise au début des années 2000. Le succès de Vendetta lui a permis de se consacrer à sa carrière littéraire.
Mais d’après l’enquête de Julien Bisson, Ellory prête toujours son nom pour des levées de fonds.
R.J. Ellory ne s’en cache d’ailleurs pas dans L’Express : « Je continue à aider quand je le peux les activités de l’Eglise, principalement dans le domaine de l’éducation aux drogues et le soutien à la communauté ».
L’écrivain revendique même cette filiation intellectuelle. Dans la biographie officielle de son site internet le fondateur de la scientologie L. Ron Hubbard figure parmi ses influences majeures, aux côtés de Socrate, Kant ou Freud.
Ellory vante notamment la « technologie de l’étude ». Ce sont toutes ces méthodes éducatives censées apporter une « réponse au bonheur ». « C’est une approche qui m’a beaucoup aidé dans ma relation à l’apprentissage. Grâce à elle, mon vocabulaire et ma capacité à utiliser la langue anglaise ont beaucoup progressé. »
Mais dans un entretien accordé à L’Express, Ellory assure que son implication dans la Scientologie n’a aucun impact sur son écriture. « Et de fait », commente Julien Bisson du magazine Lire, « il parait difficile d’y décerner un quelconque prosélytisme ».
« Ecrire est ma religion, la musique est ma philosophie », confiait Ellory dans son portrait publié par Les Echos l’année dernière.
Décidément Ellory est donc un sacré cachottier. En septembre dernier, il avait du avouer qu’il commentait lui-même ses propres livres sur Amazon.
Pas sous son nom bien sûr. Mais sous les pseudonymes « Nicodemus Jones » ou « Jelly Bean », comme le rapporte le site BibliObs. Ellory parlait de ses propres livres comme « chef-d’œuvre des temps modernes » et incitait à courir les acheter.
Plus dérangeant, il laissait de mauvaises critiques sur les livres de ses petits camarades, comme ceux de Stuart Billigham.
Mais tout ceci est de l’histoire ancienne.
« A la décharge d’Ellory, écrit Xavier Thomann dans BibliObs, les critiques mises en cause datent de 2008, une époque où l’on ne s’intéressait guère à ses livres ».
« Il faut sans doute distinguer l’homme de l’artiste », s’interroge Julien Bisson dans le magazine Lire.
Et en même temps tout ces secrets donnent presque à Ellory la dimension d’un personnage de polar.
D’autant plus que concernant les commentaires Amazon, c’est l’auteur de romans d’espionnage Jeremy Duns qui avait démasqué son collègue.
Et puis le fondateur de la scientologie Ron Hubbard lui-même était un auteur de science fiction…
Une histoire au final bien romanesque.
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