

Naïve placé en redressement judiciaire, Kanye West qui se déclare surendetté, Tidal qui peine à se faire une place au milieu des Spotify, Apple et Deezer... Seule issue : la fesse, toujours vendeuse. Au minimum, vous créerez le buzz sur les réseaux sociaux...
Ça ne va pas fort, dans la musique, en tout cas pour certains. “Victime du déclin des ventes de CD, le label de musique indépendant Naïve, fondé par Patrick Zelnik en 1998, a été placé début juin en redressement judiciaire en attendant l'arrivée « très prochaine » d'un repreneur, a-t-on lu dans une brève du Monde. La société, qui emploie 52 salariés pour un chiffre d'affaires de 15 millions d'euros, a, par le passé, produit des artistes comme Carla Bruni ou Benjamin Biolay, partis ensuite dans de grands labels.” Et même chez les stars, ça souffre ! “Le rappeur Kanye West, nous apprend Le Parisien, a révélé [mi-juin] qu’il était endetté à hauteur de 53 M$, et qu’il avait demandé à ses fans de souscrire au site de musique en ligne Tidal, parce qu’il avait besoin d’argent pour apporter ses « belles idées au monde ».”
Je vais payer 20 dollars et, ainsi, Rihanna et Beyoncé pourront avoir plus d'argent ? Non merci !
Il faut dire que la plate-forme de streaming de Jay Z rame un rien pour se faire une place au milieu des Spotify, Apple et Deezer, comme le montre une enquête des Echos signée Nicolas Richaud et Jean-Philippe Louis. Souvenez-vous… “C'était le 30 mars 2015 et on avait rarement observé clinquant plus fade. L'élite de la musique actuelle défilait sur l'estrade du Moynihan Station de New York, mains dans les poches, sans grand enthousiasme. Le rappeur avait convié Rihanna, Arcade Fire, Daft Punk ou encore Madonna, tous également actionnaires de Tidal qui en compte aujourd'hui une vingtaine. On allait voir ce qu'on allait voir. « Une nouvelle ère », lançait, bravache, la chanteuse Alicia Keys, animatrice de l'événement, qui se fendait même d'une citation : « Nous pensons que Friedrich Nietzsche ne pouvait pas avoir plus raison quand il a dit : "Sans la musique, la vie pourrait être une erreur" ». Le grand jeu... D'autres artistes parlent de « révolution », la musique aux musiciens. Sauf que les saltimbanques présents sur scène n'ont rien de plébéien et tout de l'aristocratie musicale. « Ils ont commencé sur le mauvais pied dès le début », estimait à l'époque le docteur Todd Green, professeur à la Goodman School of Business à la Brock University. « Vous aviez ce soir-là des gens plutôt, voire très fortunés. » Sur cette scène au décor minimaliste, l'addition des patrimoines se monte, au bas mot, à 1,5 milliard dollars. « Oh ! Je vais payer 20 dollars et, ainsi, Rihanna et Beyoncé pourront avoir plus d'argent ? Non merci ! » résume aujourd'hui, goguenard, John Seabrook, journaliste au New Yorker. […] Une incroyable erreur de communication pour des pros de l'image... […] Disponible dans 46 pays, le service a annoncé, fin mars, avoir atteint les 3 millions d'abonnés payants, loin de Spotify (près de 30 millions), d'Apple (13 millions) mais assez proche des 6,3 millions de Deezer (dont seuls 3 millions sont réellement actifs). Le service se targue d'avoir gagné, en avril, 1,2 million d'utilisateurs (un chiffre comprenant ceux qui ont souscrit à l'offre d'essai de trois mois). La raison ? A la mort de Prince, le public découvre que ses titres ne sont disponibles que sur Tidal. Quelques jours plus tard, le dernier album de Beyoncé est disponible exclusivement, temporairement, sur la plate-forme. Reste désormais à garder les abonnés, passé les fulgurances. Une Beyoncé ne sort pas un album tous les mois. Et une légende ne meurt pas tous les jours.”
Difficile d’accepter un nu frontal… pour peu que le modèle ait plus de 25 ans
Comment dès lors attirer le chaland ? En créant le buzz sur les réseaux sociaux. Et le plus efficace, ça reste toujours les gens à poil. Regardez ce clip, repéré par Le Parisien et Libération… “Dans des draps blancs froissés, décrit Le Parisien, le candidat à la Maison-Blanche Donald Trump dort à poings fermés aux côtés des chanteuses Rihanna et Taylor Swift, de la patronne de Vogue Anna Wintour ou de l'acteur Bill Cosby. En tout, dix célébrités américaines, toutes complètement nues. Au milieu du lit, Kanye West (le surendetté) et sa femme Kim Kardashian. Voilà l'étonnant clip de Famous, la nouvelle chanson du rappeur, dévoilé vendredi soir et abondamment commenté [depuis] sur les réseaux sociaux. Vrais participants ou mannequins de cire ? La deuxième option semble évidente, même si Kanye West jure le contraire. Un porte-parole de Trump a déjà démenti sa présence. Seule certitude : la vidéo s'inspire d'un tableau du peintre Vincent Desiderio Sleep. Avis pourtant aux curieux qui espèreraient y trouver quelque chose d’une grande orgie postmoderne et scandaleuse, tout le monde s’y tient dans une raideur tout à fait cadavérique pendant les dix minutes que dure l’affaire.” The Hotelier, groupe punk-rock du Massachusetts, a lui aussi fait le choix du nu pour le visuel de leur troisième album, Goodness. Sauf que les huit personnes invitées à poser en pleine nature dans le plus simple appareil sont âgées, et ça, ça provoque les foudres des internautes outre-Atlantique, comme l’a relevé Clémence Meunier dans Libération. Evidemment, “Amazon, iTunes, Spotify… tous ont demandé à The Hotelier de retoucher leur pochette. Le groupe a alors décidé de la flouter complètement, pour attiser la curiosité et ne « pas compromettre l’image et sa signification », a expliqué Xirin (l’artiste de Brooklyn auteur de la photo) à Pitchfork. Le blog américain s’est d’ailleurs fendu d’un billet défendant le visuel. D’autant qu’après avoir publié la chronique de Goodness, il avait essuyé une vague de plaintes sur les réseaux sociaux. La majorité des mécontents regrettaient de voir ces corps imparfaits, ridés et non retouchés. A une époque où la moindre pub pour parfum sexualise les corps, difficile d’accepter un nu frontal… pour peu que le modèle ait plus de 25 ans.” Alors quand il a plus de 100 ans, n’en parlons pas ! “Pas de fesses sur les plateformes de téléchargement américaines, rappelle Le Canard Enchaîné. Lorsque le groupe breton Tri Yann est averti que la pochette de La belle enchantée, son dernier album, ne sera pas référencée pour impudeur, il croit à une plaisanterie. Mais ce n’en est pas une. Le dessin de Georges Lacombe, peintre d’avant-garde français, mort en 1916, montre une femme nue à la longue chevelure, de dos, dans les bras de son amant. Traité comme une prude gravure médiévale, le dessin a pourtant fait bondir l’Oncle Sam. Et voilà les trois Yann obligés de rhabiller la belle d’un triste costume de bain. Et, la coiffe bigoudène, par hasard, elle n’est pas un peu phallique ?”
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