

Angela Merkel en lice pour un 4e mandat de chancelière. Elle a été réélue hier à la tête de la CDU et cela fait, la une de la presse mondiale ce matin. Avec 89,5% des voix, Angela Merkel obtient un score en forme de plébicite au congrès du parti conservateur à Essen en Rhénanie-du-Nord-Westphalie
Lors de son étape allemande dans sa tournée diplomatique d'adieu, Barack Obama avait salué Angela Merkel comme son égale, nous rappelle l'hebdomadaire belge le Vif, en ajoutant que le président américain avait qualifié la chancelière de leader du monde libre, comme s'il lui transmettait le flambeau après la victoire de Donald Trump.
Pourtant, 89,5%, si cela ferait rêver n'importe quel homme politique en France, c'est un score assez bas pour Angela Merkel si l'on compare ce chiffre avec les 97,9% de 2012. C'est même son score le plus faible depuis les 88,4% de 2004.
Car entre temps est survenu la crise des migrants et la montée du mouvement populiste AfD, crédité de plus de 10% des voix dans les sondages pour les législatives de septembre 2017.
Et c'est cette lutte contre les populistes qu'Angela Merkel a mis en avant dans son discours d'hier. La Frankfurter Allgemeine Zeitung, le quotidien conservateur de Francfort, met en avant ce défi anti-populiste d'Angela Merkel. Une chancelière, d'après la FAZ, beaucoup plus impliquée dans la campagne qu'auparavant et qui cherche à faire du prochain scrutin le choix Merkel comme le SPD, le Parti Social-Démocrate, avait mis en avant l'élection Willy avec Willy Brandt.
Le site de la RTBF, la radio télévision belge francophone, souligne également cette mise en garde d'Angela Merkel contre les solutions simples des mouvements populistes qui prétendent incarner seuls le peuple, alors que le monde n'est pas en noir et blanc. La Chancelière pense au slogan de la chute du mur en RDA : "Nous sommes le peuple" détourné et repris par le mouvement d'extrême-droite xénophobe, Pegida.
Mais Angela Merkel, double son discours anti-populiste d'une fermeté contre l'Islam radical...
C'est même un virage à droite que propose Angela Merkel pour tenter de contrer Alternativ für Deutschland, avec une fermeté affichée pour la défense de ce qu'elle appelle les valeurs de l'Allemagne;
Et la Tribune de Genève de mettre l'accent sur les propos fermes de la leader de la CDU sur le droit allemand qui prime la charia, sur l'interdiction du voile intégral là où c'est juridiquement possible et sur le durcissement des expulsions des demandeurs d'asile déboutés. Car Angela Merkel le promet aux Allemands, il n'y aura pas de nouvel afflux de migrants comme en 2015 où 900 000 personnes étaient venues se réfugier en Allemagne, ce qui, estime la Tribune de Genève avait profondément bouleversé la société allemande.
Car, affirme Die Welt la Chancelière a changé de discours politique. Merkel attise la peur et se propose comme une solution estime le quotidien berlinois. Une stratégie surprenante pour Die Welt, mais qui a gagné le cœur des congressistes. Elle attise la peur en décrivant une situation mondiale dangereuse, avec en particulier la guerre en Syrie et le terrifiant siège d'Alep, mais elle se présente comme une solution en apparaissant solide comme un roc. Avec toujours ce rôle de "Mutti", la maman rassurante du peuple allemand.
Car Angela Merkel se présente également comme étant une personne modeste ayant besoin des autres pour agir...
Vous devez m'aider. Angela Merkel a prononcé plusieurs fois cette phrase, nouvelle mantra, après le "nous allons y arriver" lors de la crise des réfugiés.
Ce "Vous devez m'aider" explique la Frankfurter Rundschau a pour but de ressouder le parti en utilisant à la fois la modestie d'un appel à l'aide, l'amour du parti et un plaidoyer pour la compréhension. Typiquement du Angela Merkel dans le texte. Car elle sent bien, estime la Frankfurter Rundschau qu'il y a des réticences au sein de la CDU depuis la mise en place de sa gestion de la crise des réfugiés.
Un délégué de la Hesse a d'ailleurs directement demandé à la Chancelière quelle était sa stratégie pour arrêter la spirale descendante du parti. Des accusations d'avoir conduit la CDU trop à gauche ont également agitées les couloirs du congrès du parti démocrate-chrétien.
Pour la Süddeutsche Zeitung Angela Merkel doit clarifier sa relation avec la CDU. Elle doit rassembler et remobiliser les sceptiques dans ses propres rangs, y compris même le chef du parti Horst Seehofer qui l'a critiqué à plusieurs reprises sur sa politique des réfugiés. Mais le quotidien de Munich estime qu'elle y est parvenue. Merkel est de retour affirme la Süddeutsche Zeitung avec comme preuve les près de 11 minutes de standing ovation après son discours.
Et pour parvenir à mettre le parti dans sa poche, Angela Merkel a ressorti sa carte maitresse de la modestie pense le Matin. Le quotidien de Lausanne citant ce passage du discours où Angela Merkel affirme que personne, pas même quelqu'un muni d'une grande expérience ne peut, seul, améliorer les choses en Allemagne, en Europe et dans le monde et certainement pas la chancelière de l'Allemagne...
Mais qui en face contre Angela Merkel ?
La presse internationale voit un homme : Martin Schulz qui vient de quitter le parlement européen où il siégeait depuis 1994 et qu'il présidait depuis janvier 2012. C'est le candidat idéal de la gauche contre Merkel estime le quotidien belge le Soir. Même si, tempère Die Welt personne ne sait ce que veut exactement Martin Schulz, qu'il n'y a pas de candidat naturel à la chancellerie fédérale au SPD, un parti où la ligne politique a toujours été plus importante que la personne pour l'incarner.
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