

A Christchurch, dans le sud de la Nouvelle-Zélande, deux mosquées ont été sucessivemment attaquées par plusieurs assaillants, dont un a été arrêté : il a filmé son passage à l'acte, mettant en scène sur les réseaux sociaux ses références idéologiques clairement suprématistes et islamophobes.
Les projecteurs de la presse internationale sont braqués ce matin sur la Nouvelle-Zélande et ces deux attaques contre des mosquées de Christchurch qui ont fait au moins 40 morts.
Sous le choc, la presse néo-zélandaise, elle, tente d'en savoir plus sur les raisons de ces massacres. Elle mène donc l'enquête sur la personnalité du ou des terroristes. : quatre personnes ont été arrêtées, trois hommes et une femme, rapporte le journal en ligne Stuff mais il ajoute que plus de quatre heures après les deux attaques successives de mosquées, la police de Christchurch n'est pas sûre qu'il n'y ait pas d'autres assaillants encore en fuite.
Quatre suspects arrêtés, donc, mais un en particulier qui retient l'attention du New Zealand Herald : il n'est pas difficile d'en apprendre plus sur lui, puisqu'il a lui-même documenté son passage à l'acte, à la mosquée Al-Noor. Brenton Tarrant, c'est son nom, a 28 ans, il est Australien, ce qui techniquement fait de lui un immigré en Nouvelle-Zélande, et il s'est filmé en direct, dans les derniers préparatifs avant l'assaut de la première mosquée, dans sa voiture, puis tout au long de la tuerie de masse. Le film dure 17 minutes, il a donc été diffusé en direct sur le compte Youtube de Tarrant, avant d'être dépublié par la plateforme video.
Sur son compte Twitter, ajoute l' Otago Daily, le tueur avait publié à l'avance les photos de son arsenal : des armes de guerre, des chargeurs de munition, sur lesquels il avait inscrit au Tippex des messages de haine et de vengeance contre les immigrés, contre l'Islam, contre ce qu'il affirme être l'invasion de sa civilisation supérieure d'homme blanc.
Des références historiques, également : aux généraux sudistes de la guerre de sécession américaine, mais aussi à Charles Martel, à Gaston IV du Béarn ou Bohémond Ier de Tarante, deux personnage centraux de la première croisade et du siège de Jérusalem à la fin du XIIe siècle. Des inscriptions en cyrillique, également, évoquant des héros militaires...
En bref, quasiment tout ce que l'extrême-droite suprématiste peut mobiliser comme arrière-plan idéologique à travers l'Occident. On y retrouve aussi la théorie du "grand remplacement" et la dénonciation des attentats djihadistes, en France en particulier : Brenton Tarrant tueur présumé avait choisi pour illustrer son profil Twitter une photo de victime de l'attentat de Nice, le 14 juillet 2016. Image d'un corps sans vie, à même le bitume, recouvert par une couverture de survie.... et ce qui fait froid dans le dos, c'est qu'on retrouve les mêmes images, dans les médias néo-zélandais ce matin... mais que le terrorisme a changé de camp.
Une précision, d'ailleurs sur ce mot de "terrorisme", qui n'a été utilisé qu'assez tard, par la Première ministre Jacinda Ardern, pour qualifier les tueries de Christchurch. Dans les premiers temps des ces attentats, il était absent des grands titres de journaux et des discours officiels, mais il était abondamment repris par des centaines de lecteurs, en commentaires sur les sites d'info, qui posaient cette question : "pourquoi le terme de terrorisme devrait-il être réservé aux islamistes, et pas appliqué à ceux qui tuent sciemment des musulmans par dizaine ?" Tous les éléments que Brenton Tarrant a lui-même tenu à diffuser pour expliquer son geste le relient clairement à une idéologie, à un courant de pensée identifié à travers la planète et à un mode d'action qui revendique l'utilisation de la terreur comme arme politique. "Il est clair qu'on ne peut que décrire cela comme une attaque terroriste", a finalement clarifié Jacinda Ardern quatre heures après les faits.
Ce qui s'est passé à Christchurch ce vendredi, nous dit le chroniqueur de CNN Mehdi Hasan, c'est "le pire cauchemar de n'importe quel musulman à travers la planète".
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Le cauchemar, d'être "attaqué alors que vous êtes dans un lieu de culte, en train de prier, en particulier pour la grande prière du vendredi. Le moment a été choisi par les assaillants pour avoir un impact maximum, à travers le nombre de morts à Christchurch, mais aussi à travers la peur qui se diffuse immédiatement chez les millions de fidèles qui vont se rendre à la mosquée aujourd'hui".
Le même Mehdi Hasan sur CNN fait aussi un parallèle avec la tuerie en janvier 2017 à la grande mosquée de Quebec : ce jour-là, Alexandre Bissonnette, jeune québécois de 27 ans, adepte des théories suprématistes blanches, avait tué 6 personnes, dans la grande mosquée de la ville. D'ailleurs le nom d'Alexandre Bissonnette, qui vient d'être condamné à 40 années de prison, figurait parmi les inscriptions au Tippex sur les armes de Brenton Tarrant. Leurs références étaient apparemment les mêmes ; "L_e tueur de Quebec_, nous rappelle le chroniqueur de CNN, avait été inspiré, c'est ce qu'il avait expliqué, par les médias ultraconservateurs américains, et la politique de Donald Trump qui venait d'interdire l'accès au territoire américain aux ressortissants de nombreux pays présenté par lui-même comme des pays musulmans".
"C'est terrifiant", conclut Mehdi Hasan, "l'islamophobie est hors de contrôle sur une bonne partie du globe, et il est temps de prendre ce sujet bien plus au sérieux que nous le faisons actuellement".
Cette peur omniprésente, on la retrouve enfin qui s'instille dans cette mosquée de la ville néo-zélandaise de Tauranga, où s'est rendue un journaliste de l'édition locale du New Zealand Herald, dans les minutes qui ont suivi les attaques de Christchurch. Portrait d'une communauté religieuse qui dit avoir toujours vécu, sur l'archipel, dans le respect et la tolérance.
La plupart des musulmans en Nouvelle-Zélande sont originaires du Bangladesh, un pays d'ailleurs où la presse réagit beaucoup aux événements de Christchurch, mais avec un prisme un peu particulier : le Dhaka Tribune nous explique que l'équipe nationale de cricket, les Tigres du Bangladesh, a échappé de peu aux balles de Brenton Tarrant tout à l'heure. Leur bus arrivait juste à la mosquée Al-Noor au moment où le terroriste l'a attaquée : les joueurs devaient s'y arrêter avant d'aller disputer un match amical dans le stade voisin. Finalement ça donne ce titre troublant en Une du Dhaka Tribune : "L_es Tigres ont survécu d'un cheveu, mais on dénombre au moins 40 morts_".
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