Au Mali, un nouveau massacre de villageois questionne l'impuissance des forces étrangères

Militaire norvégienne de la MINUSMA au Mali
Militaire norvégienne de la MINUSMA au Mali ©AFP - HEIKO JUNGE
Militaire norvégienne de la MINUSMA au Mali ©AFP - HEIKO JUNGE
Militaire norvégienne de la MINUSMA au Mali ©AFP - HEIKO JUNGE
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Le massacre de 95 villageois dans le centre-Mali alimente la crainte des djihadistes, les tensions interethniques et le ressentiment contre les forces onusiennes. Le mode de désignation du prochain Premier ministre en question au Royaume-Uni. Salvator Mundi retrouvé sur le yacht du saoudien MBS ?

Ce matin, la presse africaine revient sur ce massacre, perpêtré dans la nuit de dimanche à lundi dans un village dogon du centre-Mali.

"Près de cent morts", nous dit le site Mali Actu ; quatre-vingts quinze,  selon un premier bilan officiel, dans ce village de Sobanou Kou attaqué à la nuit tombante par des hommes armés. Les occupants de ce campement dogon ont "tous été exterminés, d'après le maire de la commune, ceux qui ont tenté de fuir ont été abattus".  Et Mali Actu de publier une vidéo tournée lundi matin, où l'on constate que oui, comme le dit aussi le maire, le village a été en grande partie dévasté par les flammes : les assaillants, avant de s'évanouir dans la nature, ont tenté de brûler un maximum de maisons avec à l'intérieur les corps de leurs victimes. 

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On est face à "une morgue à ciel ouvert", déplore le blogger malien Adam Thiam sur la plateforme Benbere.org. Face, aussi et surtout, à "la énième page sanglante de la chronique d'une région qui brûle", "au coeur du plateau Dogon, au centre du Mali, on est sur l'épicentre emblématique du tourisme malien"... ou ce qu'il en reste. 

Car depuis des mois c'est la menace terroriste qui occupe tous les esprits, et toutes les Une des journaux de la région.  Sur l'antenne de Mikado FM, la radio lancée il y a quelques années par la force de l'ONU au Mali la Minusma, on prend bien soin de rappeler que "les tueurs de Sobanou Kou n'ont pas encore été formellement identifié", mais que le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, avait "mis en garde, dès la semaine dernière, contre le risque de voir ce type d'atrocités se multiplier dans le centre-Mali". Hier le chef de la Minusma a appelé les Maliens à un "sursaut national" face à "cette spirale de violence dans laquelle, dit-il, il n'y a pas les méchants d'un côté et les gentils de l'autre".

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Ces mots nous ramènent directement à ce qui s'est passé dimanche soir à Sobanou Kou, et qui est décrit par le journal en ligne burkinabé Wakat Sera, comme le "cycle infernal des massacres intercommunautaires". Cette fois c'est un village Dogon qui a été décimé : c'est "l'exacte  réplique, confirme Adam Thiam pour Benbere, de ce qui s'était passé fin mars à Ouassagou, où cette fois c'était une centaine d'habitants d'un village Peul qui avaient été tués".  

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Peuls / Dogons, éleveurs/agriculteurs, semi-nomades/sédentaires, musulmans (pour certains)/ catholiques... C'est vrai qu'il serait tentant de réduire ce qu'il se passe en ce moment dans le centre du Mali à une résurgence de tensions meurtrières entre deux communautés rivales. Mais il faut se rappeler de ce qu'écrivait fin avril Aissatou Diallo, dans Jeune Afrique : la journaliste mettait en garde contre les risques de "l'ethnicisation médiatique croissante de l'actualité malienne". A vouloir tout voir à travers le prisme communautaire, on oublie de souligner le poids destructeur des djihadistes dans la région, qui eux n'hésitent pas à jetter de l'huile sur le feu des ressentiments ethniques, pour notamment recruter des Peuls, et renforcer les stéréotypes sur la violence supposée de ces derniers. Et c'est ainsi, poursuit Wakat Sera, que "vole inexorablement en éclat le vivre-ensemble, doublé des légendaires cordialité et hospitalités maliennes, emportés dans le cycle irréversible de la vengeance". 

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Pour ne rien arranger, il faut aussi évoquer l'incapacité des forces armées maliennes à protéger leur population. Et que dire des forces étrangères, françaises en particulier, tout aussi impuissantes malgré leur déploiement il y a maintenant 6 ans ? Sobanou Kou, c'est "la confirmation de l'inutilité des forces étrangères au Mali", écrit Aboubacar Sidick Fomba sur Mali Actu.  

"Le sentiment anti-français se développe au Mali", embraye Wakat Sera, qui rappelle tout de même qu'alimenter cette haine-là, c'est aussi une des armes préférées des djihadistes pour semer le chaos dans le Sahel.

Au Royaume-Uni, la course qui mène au 10 Downing Street est officiellement lancée.  

Il y a dix candidats enregistrés pour ce poste de Premier ministre britannique libéré vendredi par Theresa May. On l'a dit en fin de semaine dernière, le processus sera long, May reste en fonction jusqu'à ce que son successeur soit désigné, pas avant mi-juillet.

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Car le processus de désignation mérite qu'on s'y arrête un peu, tant il pose question d'un point de vue démocratique :  "A voir comment les britanniques vont choisir leur chef de gouvernement, on se dit que finalement le mode d'élection du président aux Etats-Unis n'est pas si mauvais", estime par exemple CNN

Plus fort encore que le complexe système donc des grands électeurs américains, au Royaume-Uni le Premier ministre est choisi "derrière des portes solidement fermées du Parti conservateur" explique CNN, et par un électorat proprement "minuscule" : seuls pourront voter les 330 parlementaires conservateurs, et 160 000 membres du parti. 

Analysé par le très britannique John Oliver, animateur de late show sur la chaine américaine HBO, voilà ce que ça donne (à partir de 2 minutes 30 sur la vidéo):

"Il n'y  aura pas d'élection, explique Oliver, le prochain premier ministre sera choisi par les 124 000 militants du parti à jour de leur cotisation,  dont la plupart sont  issus des classes supérieures et ont plus de plus de 55 ans. Imaginez : un petit groupe de vieux riches va décider seul du futur de tout le pays... C'est comme si la Grande-Bretagne avait sa propre Floride ! "   

Blague à part, CNN clot son article en ligne, en expliquant qu'au final, les citoyens britanniques "seront peut-être tout de même amenés  à voter dans un avenir proche", au cas où le prochain chef du gouvernement échoue à son tour à faire approuver un accord de Brexit au Parlement, ou précipite le Royaume-Uni dans un Brexit sans accord : alors les Conservateurs pourraient bien se retrouver obligés de remettre leur suprématie en jeu dans un suffrage... universel cette fois.

Des nouvelles du tableau le plus cher au monde.

Vous vous en souvenez peut-être, c'est Salvator Mundi, portrait du Christ Sauveur attributé tardivement à Léonard de Vinci, et vendu 450 millions de dollars chez Christies à New-York en 2017. 

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Depuis, personne ne savait qui avait acheté l'oeuvre, ni ce qu'elle était devenue. Eh bien ce matin, The Guardian et nombre d'autres titres de la presse à travers le monde se font l'écho de cette info : le média spécialisé ArtNet a retrouvé Salvator Mundi, et le tableau se trouverait à bords de Serene.

Serene, c'est le yacht ultra-luxueux (sa valeur est estimée par The Guardian à 500 millions de dollars, soit à peine plus que le tableau qu'il abrite) du prince héritier saoudien Mohamed Ben Salmane, alias MBS. C'est donc bien lui le mystérieux acheteur, affirme au passage Artnet, confirmant une rumeur persistante. Et ce serait, ajoute le quotidien britannique, une tendance chez les très très (très) riches de garder les plus belles pièces de leurs collections privées, sur leur superyachts. 

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Il faut aussi rapeller que peu de temps après son achat-record aux enchères, il avait été annoncé le tableau serait exposé au public, à partir de septembre 2018, au sein du nouveau musée du Louvre d'Abou Dabi : ce devait être, selon les dirigeants émiratis, "leur cadeau au monde".  

Finalement il semble que MBS ait préféré garder le cadeau pour lui... à moins, comme le laisse aussi penser The Guardian, que les récents doutes émis par des experts de De Vinci, sur l'authenticité du Salvator Mundi, n'aient incité le prince à cacher cette acquisition, faite à plus de 400 millions d'euros, et qui, s'il était confirmé qu'elle a été peinte par un étudiant de l'atelier de Vinci plutôt que par le maître lui-même, verrait sa valeur ramenée à 2 millions grand maximum.