Caracas affirme avoir déjoué deux tentatives d'invasion paramilitaires par la mer. Parmi les "terroristes mercenaires" arrêtés se trouvent deux anciens soldats américains. Une société paramilitaire proche de Donald Trump semble impliquée. En Colombie, l'armée accuse d'espionner des personnalités.
Ce matin, une certaine actualité sud-américaine en rappelle furieusement une autre, il y a près de soixante ans.
C'était le 17 avril 1961, dans la baie des Cochons à Cuba : la tentative ratée de débarquement d'exilés cubains soutenus et armés par les Etats-Unis. Un fiasco qui devait rester dans l'histoire comme un camouflet pour l'Amérique et ses barbouzeries latino-américaines, mais qui avait à l'époque considérablement renforcé le régime de Fidel Castro...
Eh bien, cette référence historique, elle surgit, forcément, quand on regarde ce qui s'est passé ces derniers jours au Venezuela.
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Prenons par exemple The Financial Times pour retracer l'action : le régime de Nicolas Maduro affirme avoir déjoué dimanche une tentative d'invasion par la mer ; huit hommes présentées comme des « terroristes, des mercenaires » à la solde des Américains et du leader de l'opposition vénézuélienne Juan Guaido, ont été tués, alors qu'ils tentaient de débarquer près du port de Caracas.
Selon Maduro, ces hommes étaient partis de Colombie où ils avaient préparé leur coup avec la complicité des autorités colombiennes, et ils avaient pour but de tuer le chef de l'Etat puis de renverser tout le régime vénézuélien.
Le lendemain, lundi, une autre tentative d'incursion a été empêchée, et là au moins 11 participants du commando ont été arrêtés ; parmi eux, note The Financial Times, se trouvaient deux citoyens américains, deux anciens Marines s'étant illustrés en Afghanistan et en Irak.
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Selon le vice-président en charge de la communication du régime, Jorge Rodriguez cité par le journal d'opposition El Nacional, Juan Guaido est directement impliqué dans cette tentative d'invasion : il aurait signé un contrat avec une société paramilitaire américaine, Silvercorp, pour monter et mener l'opération. Un fac-similé dudit contrat et un enregistrement téléphonique attribué à Guaido, et plutôt explicite sur ses intentions, viennent confirmer ces accusations, selon les médias vénézuéliens pro-régime.
Dans les Ultimas Noticias, cette fois, on lit que la société américaine Silvercorp a clairement revendiqué cette attaque, notamment sur Twitter, en prenant soin d'adresser son message à Donald Trump en personne, et en expliquant bien que les deux tentatives de débarquement maritime n'étaient que le début d'une opération amphibie beaucoup plus vaste, en différents points de la frontière avec la Colombie.
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Bloomberg a même réussi à joindre par téléphone le personnage central de ce quarteron, un ancien des forces spéciales américaines nommé Jordan Goudreau, qui assure avoir 62 hommes en tout, avec pour objectif final de "capturer Nicolas Maduro et libérer le Vénézuéla". Il affirme que, vu que le volet maritime de son raid amphibie a échoué, désormais ses hommes vont se déployer dans la jungle,monter des camps d'entraînements clandestins pour former des combattants et partir bientôt à l'assaut de Caracas.
Mais pour le moment (on en revient à notre point de départ), tout ça ressemble surtout à "une baie des Cochons en mode stupide". La formule n'est pas de moi mais de la section The Intelligencer du New York Magazine qui nous livre les failles de cette opération qui est, à le lire, indigne de la grande tradition américaine de mercenariat en Amérique Latine.
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De ce bétisier, on retiendra en particulier le fait que les barbouzes, ont pris soin d'annoncet leur opération sur Twitter, avec photos de leur visage et de leur arsenal, alors que l'offensive top-secrète venait juste d'être lancée ; autre fait troublant accrédité par l'agence Associated Press, le dirigeant de SilverCorp, Jordan Goudreau, est apparu à plusieurs reprises ces dernières années dans les équipes de sécurité de Donald Trump, notamment dans un meeting du président américain et, plus troublant encore, lors d'une rencontre officielle avec Juan Guaido.
Bien entendu, on lira dans The Guardian les dénégations de Donald Trump en personne et du Pentagone, qui affirme que les Etats-Unis n'ont rien à voir avec cette "opération Gédéon", puisque c'est le nom que lui ont choisi ses instigateurs.
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Dans les colonnes d' El Nacional, à Caracas, Juan Guaido accuse Nicolas Maduro et ses forces de sécurité d'avoir "inflirté le commado et d'avoir attendu le moment propice pour massacrer ses membres". Il accuse surtout le camp présidentiel d'instrumentaliser cette "supposée tentative d'invasion paramilitaire" pour tenter de faire oublier les autres problèmes du pays, et ils ne manquent pas, comme les incessantes coupures d'électricité, les conséquences à venir de l'effondrement des cours du pétrole, alors que paradoxalement le Vénézuéla fait face à des pénuries d'essence. Guaido, pour autant, n'a pas répondu clairement aux accusations qui font de lui l'instigateur de ces commandos mercenaires.
Restons en Amérique Latine avec la Colombie où les vieilles méthodes de "barbouzes" semblent là aussi toujours de mise.
La Colombie qui est donc soupçonnée d'avoir hebergé et soutenu ces mercenaires dont on vient de parler, mais la Colombie du président Ivan Duque qui est aussi secouée par un scandale d'espionnage à grande échelle dans son armée.
Une vaste enquête publiée par La Semana en fin de semaine dernière, dévoile que les services de renseignement de l'armée ont mis sur écoute plus d'une centaine de personnalités colombiennes, des journalistes, des élus d'opposition, des militants des droits humains. Depuis en Colombie on appelle ça "le nouveau scandale des écoutes", parce que, il faut bien le dire, ça fait écho à une autre affaire de ce genre, mêmes pratiques, remontant cette fois à l'année 2009, quad sous la présidence d'Alvaro Uribe la guerre menée contre la rebellion des Farcs justifiait à peu près tous les abus. Aujourd'hui la paix est censée être revenue, mais les vieilles pratiques persistent, déplore donc La Semana.
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Et El Pais Americas pose la question qui est sur toutes les lèvres à Bogota : qui a commandité ces écoutes, qui a bénéficié des informations qu'elles ont permis de recueillir dans une totale illégalité. Le parquet national colombien a frappé un grand coup hier en citant dans l'enquête le général Nicacio Martinez, une figure de l'état-major, pressenti pour aller représenter son pays à l'OTAN.
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Mais ce qui frappe les journalistes du quotidien El Tiempo, c'est que parmi les personnalités mises sur écoutes, il y a aussi des très proches collaborateurs du président Duque. Faut-il y voir une menace pour les institutions, ou de simples et "malencontreuses initiatives individuelles" de quelques militaires mal inspirés, comme l'a suggéré le gouvernement ?
En tous cas selon La Semana, cette affaire des "nouvelles écoutes" n'a pas fini de secouer l'Etat colombien.
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