Le président de la Cour suprême américaine John Roberts a voté lundi contre son camp conservateur pour censurer une loi de l'Etat de Louisiane rendant l'avortement quasiment impossible. En Europe, les désinformations russe et chinoises ont plus d'écho en ligne que les journaux de référence.
Une robe noire déchaîne les passions dans la presse américaine.
Une robe noire et pas n'importe laquelle, puisque c'est celle du "Chief Justice", le président de la Cour suprême des Etats-Unis John Roberts : le plus haut magistrat américain, affilié au camp conservateur, nommé par George W. Bush en 2005 a voté, hier au grand dam des Républicains et des anti-IVG, contre une loi de l'Etat de Louisiane qui voulait rendre impossible de facto de se faire avorter dans cet Etat.
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La loi louisianaise a été jugée contraire au Droit américain par 5 voix de juges de la Cour suprême contre 4. Autant dire, avec CNN, que c'est bien la voix de John Roberts qui a empêché que le droit à l'avortement soit remis en cause aux Etats-Unis, ce dont rêvent les Républicains depuis des années. La digue de "l'état de droit" a tenu pour cette fois, se félicite l'éditorial du Washington Post. C'est d'autant plus important que c'était la première fois que la Cour suprême se prononçait, sur ce sujet très sensible et politisé de l'IVG, depuis que Donald Trump a réussi à faire nommer deux jeuges conservateurs, et donc en théorie à renverser la majorité.
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Sauf que, poursuit Robert Barnes toujours dans le Washington Post, le pas de côté du juge Roberts montre que tout ne se résume pas à une lutte politique ou morale entre deux camps, libéraux contre conservateurs, mais que la Cour suprême doit être au-dessus de ces considérations pour coller à l'esprit de la loi, assurer sa cohérence, et réaffirmer son indépendance vis-à-vis du pouvoir politique : c'est tout cela qu'a fait John Roberts ce lundi, et le Post semble prêt à lui ériger une statue de héros des temps modernes.
Que nenni, conteste le New York Times lui aussi dans son édito : "le juge Roberts n'est pas un héros de la lutte pro-avortement" et il ne le sera jamais. Il a bien expliqué qu'il n'avait pris parti contre la loi de Louisiane qu'au nom du principe juridique de cohérence du droit : la loi louisianaise était quasiment mot pour mot une copie d'un texte déja adopté au Texas et qui avait été invalidé par la Cour suprême en 2016. Il en va donc du respect des décisions précédentes... et surtout pas du respect du droit des femmes américaines à disposer de leur propre corps comme elles l'entendent, au cas où certains auraient cru que le Chief Justice avait soudainement eu une révélation féministe.
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D'ailleurs la décision d'hier ne signifie pas l'échec de la bataille menée par les républicains contre le droit à l'avortement. Au contraire, même, renchérit le New York Times dans un autre article, il y a quelque chose de tristement révélateur à voir à quel point les pro-IVG font de ce revirement en leur faveur une victoire historique, alors que les anti-avortement, eux, s'ils n'ont pas en leur faveur le Droit pour le moment, ont la réalité du terrain avec eux : leurs campagnes de harcelement des dernières cliniques et médecins qui acceptent encore de pratiquer des IVG porte leurs fruits. Cinq Etats n'ont plus qu'une seule clinique qui pratique encore des avortements, nous rappelle le Los Angeles Times, et il y a une "avalanche d'autres textes de lois hostiles" qui s'annonce déjà. Hier la Cour Suprême et son président se sont érigés en obstacle, "jusqu'à quand ?", s'interroge en conclusion le quotidien de Californie.
Pour ceux, enfin, qui craindraient vraiment que la Cour suprême soit devenue d'un coup un repère de "gauchistes", comme le sous-entend le media conservateur en ligne The Federalist, il y a ue autre décisionrendue ce lundi qui devrait les rassurer. En effet, la plus haute juridiction américaine s'est aussi fait remarquer en donnant son accord à la reprise des exécutions, par injection létale, de prisonniers fédéraux condamnés à mort.
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C'est la revue de gauche Mother Jones qui nous le signale : depuis près de 20 ans le gouvernement n'avait plus pu faire appliquer des peines de morts prononcées au niveau fédéral, car elles étaient systématiquement contestées en justice par les condamnés. Mais le ministre de la justice de Donald Trump, Bill Barr, avait dit il y a un an sa volonté de reprendre les exécutions dès que possible ; et hier, les juges suprême lui ont donné ce qui ressemble bien à un feu vert, en refusant d'instruire ces procédures de contestation. Résultat : dès ce mois de juillet donc, l'administration Trump va pouvoir faire éxécuter 4 hommes qui étaient en sursis, dans le couloir de la mort, depuis 17 ans.
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