Bonjour Ali, Bonjour à tous, C'est une ambiance un peu morose ce matin dans la presse... Il y a d'abord ce chiffre de l'inflation dans la zone euro, + 3,5%, un nouveau record historique en mars, "ce qui alimente un peu plus les inquiétudes sur le pouvoir d'achat des Européens" titre ce matin le Luxembourgeois Tageblatt, "alors qu'en parallèle, nous dit-il, la croissance ralentit". Et puis il y a la Une cette semaine de Newsweek sur "la crise de confiance" ou ce numéro d'avril d'Alternatives Economiques, chez nous en France : "Panique bancaire, croissance en berne. Quand la crise menace..." titre le mensuel. Qui s'interroge en pages intérieures : "L'économie américaine va-t-elle s'effondrer ?" "Un constat pousse à la prudence, explique le magazine. Confrontées à la crise financière qui a éclaté il y a maintenant plus d'un an, les autorités américaines semblent avoir oublié, pendant un long moment, les leçons du passé. Ces leçons sont pourtant claires : les crises financières sont, comme les incendies, d'autant plus facile à circonscrire qu'on intervient tôt. Le Trésor, le ministre américain des finances, aurait dû, écrit Alternatives Economiques, prendre l'iniative de mettre en place des coupe-feux pour éviter que la crise ne se propage d'un compartiment du système financier à un autre. Paralysé par le souci de ne pas intervenir dans le fonctionnement de la finance privée, il n'a pratiquement rien fait pour réduire le risque de contagion, pourtant manifeste depuis l'été." Ces deux analystes financiers qui écrivent cet article pour Alternatives Economiques seront peut-être un peu rassurés ce matin... en apprenant l'autre information économique de ce début de semaine... La réforme présentée hier par le Secrétaire au trésor américain Hank Paulson... "Le pari de Paulson" titre l'éditorialiste du Financial Times... sur ce projet de refonte du mode de régulation du système financier américain. Cette réforme, si elle est appliquée, si elle est entérinée par le Congrès, serait la plus importante depuis la Grande dépression des années 30. Contre six institutions aujourd'hui qui supervisent les activités financières, la réforme de Paulson ferait de la Fed, la réserve fédérale, le super-gendarme de la finance aux pouvoirs étendus pour veiller à la stabilité des marchés. Le FT estime que "proposer une réforme au beau milieu d'une crise est un risque mais qui pourrait s'avérer payant". Car en proposant cela, "Paulson n'a certainement pas l'intention de s'attaquer au tout dernier problème. Ce plan, estime l'éditorialiste, n'est pas une réponse-réflexe à la crise. C'est même un soulagement pour tous ceux qui revendiquaient que "Quelque chose soit fait" - la formule médiatique américaine en cours "Something to Be Done". C'est même un pas dans la bonne direction", juge le Financial Times. De l'autre côté de l'Atlantique, même accueil du Temps en Suisse pour ce que le quotidien surnomme "le gigantesque coup de sac de Paulson". "La nouvelle architecture ne pourra pas garantir un monde sans crises, mais au moins pourra-t-elle mieux les prévenir. La police arrête les voleurs, elle ne les empêche pas toujours de commettre leur forfait", estime l'éditorialiste Yves Genier qui poursuit par une autre comparaison : "Comme un pompier, la Fed devra à la foix fixer les normes anti-incendies et éteindre les brasiers." Le dessin à la Une du Temps lui est plus sévère. Sur fond du bâtiment à colonnades de Wall Street qui s'effondre, on y voit ce qui pourrait être Ben Bernanke, le président de la Fed, un appel à témoins dans une main, une valise dans l'autre. L'homme est aux côtés de Georges Bush, songeur. Le financier lance : "Nous recherchons toute personne susceptible de dire... (points de suspension); le président américain finit la phrase : "comment les produits financiers fonctionnent". Et je dévie, je dévie... Mais dans l'International Herald Tribune ce week-end, on pouvait lire que "ni cette crise du système financier américain, ni même les attaques en hausse en Irak ou le prix du riz qui augmente. Aucun de ces titres ne ferait la une de l'actualité si ce que prédisent deux hommes s'avère juste." Ils ont d'ailleurs emmené l'affaire devant les tribunaux, devant la cour d'Hawaï. Ils pensent que l'immense accélarateur de particules de 27 kilomètres de circonférence, construit 100 mètres sous terre, près de Genève, à cheval entre la France et la Suisse et qui ouvrira ses portes exceptionnellement au public ce dimanche... avant une mise en service cet été. Ils pensent que "cette gigantesque installation de métal, d'électronique et de technologie" pourrait provoquer "un trou noir qui sonnerait le glas de la planète Terre, peut-être même de l'Univers." "Cela, disent-il, avalerait la Terre" peut-on lire en titre de l'IHT. Quand je vous disais Ali que la presse ce matin était plutôt morose... Les Suisses, eux, fiers de ce projet scientifique avouent que les superlatifs ne manquent pas pour décrire "le plus imposant et le plus complexe instrument du monde" pour se lancer dans "la plus fabuleuse quête scientifique de tous les temps !". Le Temps justement y consacre un dossier spécial consultable sur leur site internet. On y apprend que "dans ce tube circulaire de 27 kilomètres, des protons circuleront à la vitesse de la lumière, tout ceci dans un vide plus haut que dans l'espace, à une température de -270°. Ces trains de particules entreront alors en choc frontal, créant de faramineux feux d'artifice". "Les scientifiques souhaitent notamment recréer les instants qui ont suivi le Big-Bang. Cela pourrait révolutionner la physique, la quête effrénée d'une "théorie du tout" et même les pensées de Dieu. Mais y a-t-il des dangers ?" s'interroge le quotidien suisse. "Le faisceau qui circulera dans le tube, explique-t-il, est effectivement si intense que l'installation est la première machine du genre à pouvoir s'autodétruire" admet le CERN. "Ce faisceau pourrait au pire dévier, dit-il, et faire fondre les parois des aimants qui entourent le tube. Mais cela s'arrêterait là", rassure le physicien français Jean Illiopoulos. Mais les deux physiciens américains, eux, ne l'entendent pas ainsi, nous raconte l'International Herald Tribune, qui dénoncent "une propagande". Ils ont déposé leur plainte estimant que le Centre Européen de Recherche Nucléaire n'a pas fourni la déclaration d'impact environnemental. Une audience est fixée à la mi-juin soit après la date de mise en service. Le CERN, contacté par le journal américain, n'a pas de commentaire à faire. "Il se demande simplement comment un tribunal d'Honolulu a compétence pour juger une organisation intergouvernementale européenne." Le CERN explique que "le problème d'un trou noir pouvant avaler la Terre est trop sérieux pour avoir été considéré avec légèreté". Bonne journée !
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