Mardi soir en Georgie un jeune homme blanc a assassiné 8 personnes dans des salons de massages chinois. Il nie tout biais raciste, mais la presse américaine y voit un révélateur d'une violence accrue contre les asiatiques. Mort du président tanzanien, sur fonds de rumeurs et de déni du Covid-19.
Quand la géopolitique se mêle au fait-divers.
En ces temps où la Chine est au cœur des préoccupations diplomatiques mondiales, avec cette première réunion bilatérale avec l’administration Biden qui s’annonce très tendue, avec aussi tous les discours stigmatisants que l’on a pû entendre depuis un an, dans la bouche même de l’ex-président Trump sur le "virus chinois", la tuerie qui a eu lieu mardi soir à Atlanta prend une toute autre dimension.
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Pour le rappel des faits, on se fiera à la chaîne CNBC : un jeune homme de 21 ans, inconnu des services de police, fervent chrétien et amateur d’armes à feu, a attaqué successivement trois salons de massages asiatiques de l’état de Georgie, et il y a abattu, à la volée, huit personnes dont sept femmes, six employées de ces salons, six femmes donc issues de la communauté asiatique des Etats-Unis.
La chaîne de télé CNBC précisait cette nuit, de la bouche du sheriff local, que l’auteur des meurtres a avoué ses crimes… mais il a nié tout mobile raciste… affirmant simplement être « accro au sexe » et avoir voulu plus ou moins consciemment supprimer la tentation en s’en prenant à des salons de massage assimilés à des lieux de prostitution.
Le moins que l'on puisse dire c'est que ces dénégations ne convainquent pas les médias américains. En fait c’est comme si ce fait-divers, par son ampleur avec ces 8 morts et ces trois lieux méthodiquement visés, avait fait sauter une chape de plomb, avait libéré la parole de toute une communauté sur des crimes haineux, contre les asiatiques, qui sont commis depuis des mois à travers les Etats-Unis mais ne sont jamais reliés entre eux et ne font donc jamais la Une.
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The New York Times par exemple, nous emmène de l’autre côté du pays, en Californie, la baie de San Francisco ou une série d’attaques contre des commerces tenus par des asiatiques, ou même de personnes âgées dans la rue a entraîné plusieurs morts en quelques mois, et poussé les associations communautaires à s’organiser, lançant des campagnes d’information en langue chinoise sur les risques accrus d’agressions racistes, et allant même jusqu’à imaginer former des milices d’auto-défense.
Sur le site Politico, on revient aussi sur ce climat qui s’est considérablement tendu cette dernière année pour les Asiatiques-Américains, et impossible de nier que le climat politique international, entre Covid-19 et guerre commerciale exacerbée entre Washington et Pékin, y est pour quelque chose. Et de nous rappeler comment Donald Trump et son entourage s’amusaient à parler de "Kung-Flu" pour évoquer le coronavirus, et comment le soir même de la tuerie d’Atlanta, il a à nouveau utilisé, dans une interview à FoxNews, le terme de "virus chinois" pour évoquer la pandémie.
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Alors oui, écrivent Catherine Kim et Maya King dans Politico, le drame d’Atlanta doit être vu comme la culmination d’un phénomène où la désinformation cynique et stigmatisante, entretenue autour du coronavirus est venue exacerber le racisme et la misogynie latentes dans la société américaine à l’encontre des femmes asiatiques. Et la dimension sexiste des meurtres d’Atlanta ne doit pas être non plus minimisée, insiste Hayes Brown dans une tribune publiée par MSNBC : l’hypersexualisation du corps des femmes asiatiques, leur relégation fantasmée autant que réelle à cette image de prostituées qui leur colle à la peau depuis avant même la guerre du Vietnam, tout cela joue forcément dans les dénégations du tueur quand il justifie son geste par "une addiction au sexe" et une "soif de vengeance" face à des femmes qu’il associe à la "tentation sexuelle".
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Pire encore, s’emporte Rex Huppke dans son billet pour le Chicago Tribune, aux premières heures de l’enquête un policier avait déclaré aux caméras de télé que le tueur d’Atlanta "avait passé une mauvaise journée" ce mardi-là, comme si cela pouvait suffire à motiver son passage à l’acte. La police, on l’a dit, donne l’impression depuis le début de cette affaire de minimiser le caractère raciste (et sexiste) des huit meurtres… comme trop souvent, affirme Rex Huppke, aux Etats-Unis quand l’assassin se trouve avoir la peau blanche.
En Afrique de l’Est, la Tanzanie a appris la nuit dernière la mort de son président.
John Magufuli dirigeait le pays depuis 2015, il avait été réélu pour un second mandat à l’automne dernier, il avait 61 ans. Avec son décès c’est "la fin d’une ère" en Tanzanie selon le grand quotidien kenyan The Daily Nation, tant "le Bulldozer", c’était son surnom, aura "secoué" son pays, par sa poigne et par sa détermination à faire prévaloir les intérêts du pays face aux multinationales qui exploitaient les mines ou les cultures de noix de cajou tanzaniennes.
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Mais toujours selon le Daily Nation, le professeur John Magufuli n’était pas non plus homme à s’embarrasser de notions floues comme la démocratie ou encore comme la pandémie. Sa mort met fin à des semaines de rumeurs et de spéculations sur sa disparition de la scène publique, on ne l’avait pas vu depuis la fin février… et son administration avait jusque très récemment nié tout problème de santé.
Forcément, confirme la BBC, cela avait alimenté les on-dit sur une possible contamination du président au Covid-19… d’autant plus ironique que Magufuli restera comme l’un des présidents qui depuis un an a toujours semblé nier la réalité de la crise sanitaire, affirmant qu’il n’y a aucun cas en Tanzanie, appelant sa population à prier et à boire des infusions de plantes… plutôt qu’à appliquer les précautions de base ou se faire vacciner.
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Sur la vaccination, le président avait même refusé une livraison de vaccins proposée par l’initiative internationale Covax. Mais selon le communiqué officiel de la présidence tanzanienne publié cette nuit, le président est mort de « complications cardiaques ». Est-ce que cela suffira à calmer le moulin à rumeurs qui agite les réseaux tanzaniens depuis trois semaines ? Rien n’est mons sûr…
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