.La petite ville de Chemnitz, en ex-Allemagne de l'Est, est devenue un point de ralliement de l'extrême-droite, après un meurtre imputé à des réfugiés. Les démonstrations de force xénophobes choquent la presse allemande qui s'interroge sur l'impuissance des forces de l'ordre et des politiques.
La presse européenne est tournée ce matin vers la petite ville de Chemnitz en Saxe allemande.
Des hommes au visage masqué qui font le salut nazi sur fond de fumigènes face à des policiers indifférents. Images frappantes, ce matin à la Une des journaux allemands. Clichés attrapés hier soir dans la petite ville de Chemnitz, en ex-RDA. C'est là que dimanche matin un homme de 35 ans a été tué à coups de couteau, en marge d'une fête de la ville. Et très vite l'extrême-droite allemande s'est emparée du fait-divers.
"Les tueurs étaient des migrants", a dit la rumeur, et sans attendre que la police n'arrête deux suspects, deux réfugiés, le centre de Chemnitz a vu converger des centaines de manifestants. Les journaux rapportent des faits extrêmement graves, de véritables chasses à l'étranger, ou à tout ce qui pouvait y ressembler: on a dénombré dimanche soir quatre blessés dont trois n'ont pas la nationalité allemande.
Die Welt insiste sur le fait que le parti d'extrême-droite AFD, a clairement jeté de l'huile sur le feu: son député Markus Frohnmaïer a tweeté qu'il était "du devoir de tout citoyen de stopper la meurtrière migration des couteaux". Des citoyens appelés à "se défendre eux-même dans la rue, puisque l'Etat ne le faisait pas".
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L'Etat fédéral, mis en cause également pour ne pas avoir pris la mesure de ce qui s'est passé, à l'image d'une police dépassée et impuissante. "L'Etat de droit a abdiqué", dimanche à Chemnitz, dit Reinhard Muëller dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Mais "même une action rapide contre les meneurs de la foule n'aurait pas éliminé les causes de la haine et de la violence", et ce n'est une surprise pour personne de voir que celle violence et cette haine contre les étrangers explosent à nouveau dans l'ex-Allemagne de l'Est, là où les cicatrices de la réunification sont loin d'être refermées.
Die Welt ne dit pas autre chose, avec cette image d'une foule xénophobe qui parade sous l'imposant monument à Karl Marx, au cœur de la ville. La droite extrême qui se donne rendez-vous sous l'égide de l'auteur du Capital, "on n'aurait jamais imaginé ça", ironise le quotidien... qui conclut ainsi: "quelque chose s'est passé, comme un glissement".
Coup de théâtre dans les négociations commerciales en Amérique du Nord, avec Donald Trump qui se dit prêt à jeter à la poubelle l'ALENA, l'accord de libre-échange nord-américain, pour ne plus traiter qu'avec les seuls Mexicains.
Négocier donc sans les Canadiens qui sont depuis 1994 les troisièmes signataires de l'ALENA. Hier, Donald Trump a pris tout le monde de court en mettant en scène l'avancée des discussions sur les importations automobiles mexicaines, et donc la possibilité d'un accord bilatéral avec Mexico. La ministre canadienne des Affaires étrangères a même du interrompre une tournée européenne pour sauter dans le premier avion en direction de Washington, nous dit le Globe and Mail à Toronto.
Le grand quotidien anglophone nous explique qu'en fait, depuis des semaines déjà, les négociateurs canadiens étaient mis de côté dans les discussions, sous prétexte que celles-ci se concentraient sur les questions relatives au marché automobile. Pour l'ancien diplomate canadien Lawrence Herman, il s'agit bien là d'une "stratégie de mauvaise foi", de la part de Trump qui prouve surtout "qu'il n'aime tout simplement pas traiter avec le Canada".
A Montréal, le Devoir se demande si le président américain, en faisant cela, place le Canada "dos au mur... ou bien en position de force"! Car si les discussions ont avancé plus vite entre Washington et Mexico, c'est parce que le deux capitales ont tout fait pour: la Maison Blanche, parce qu'elle a besoin d'un succès politique probant avant les élections de mi-mandat en novembre; et les mexicains parce qu'ils espèrent faire approuver l'accord commercial par leur Parlement avant que le nouveau président de gauche, Andrès Manuel Lopez Obrador, ne prenne ses fonctions le premier décembre.
Les deux partenaires sont donc pressés par le temps, et le Canada pourrait en profiter pour obtenir plus de concessions, faire abandonner aux Américains un certain nombre de leurs demandes. En sortir gagnant, au final. Car ce matin aucun commentateur canadien ne semble dupe de la stratégie de Trump. Une fin de l'ALENA et un accord bilatéral avec le seul Mexique, ce serait le "scénario catastrophe", certes, mais personne ne veut le prendre au sérieux à ce stade.
Celui qui semble être pris très au sérieux, par le Kremlin, c'est l'opposant russe Alexey Navalny, renvoyé en prison pour trente jours alors qu'il appelle à de grandes manifestations le 9 septembre contre la réforme des retraites.
C'est la deuxième fois cette année que Navalny est condamné à un mois de détention pour avoir participé à des manifestations d'opposition qui n'étaient pas autorisées. A cela s'ajoute, selon le site russe d'information indépendante Meduza, le fait que la Justice vient à nouveau de refuser d'enregistrer le parti politique d'Aleksey Navalny, ce que l'opposant essaye de faire depuis 2012 et qui est repoussé à chaque fois pour des questions de paperasse.
La radio Echo de Moscou, elle, retranscrit ce commentaire lapidaire, de l'écrivain Viktor Shenderovitch: _"Navalny renvoyé en prison, ce n'est même plus de l'actualité, c'est devenu quelque chose de cyclique. Les incendies en Sibérie, les réélections de Poutine, les détentions de Navalny, tout cela fait désormais partie du récit russe habituel. La vrai information ce sera quand Poutine aura été emprisonné"_conclut l'écrivain. En attendant, à quoi bon continuer à écrire sur tous ces sujets?
Une réponse est toutefois apportée par le journal autrichien Der Standard: il faut continuer de s'interroger sur Vladimir Poutine car le président russe est de plus en plus populaire, qu'on le veuille ou non, dans certains partis d'Europe de l'Ouest, à l'extrême-droite, mais aussi chez certains conservateurs plus modérés. L'éditorialiste Robert Misik le constate, et se demande: pourquoi? Trois réponses selon lui: Poutine défend les valeurs traditionnelles de la famille et de la masculinité dans un monde chaotique; il critique le libéralisme mainstream lié à l'hégémonie occidentale; et surtout, nous dit Robert Misik, "Vladimir Poutine apparaît comme quelqu'un de sympathique. Il joue sur le registre de l'auto-ironie, du sarcasme, et ne semble pas du tout ambitieux. Plutôt timide, même, en tous cas dénué de tout habitus autoritaire". Face à tant de qualité dévoilées, on ne s'étonnera pas que cet édito vidéo de Der Standard, qui arrive une semaine après la valse de Vladimir Poutine au mariage de la ministre autrichienne d'extrême-droite, ait été repris et largement partagé sur les réseaux sociaux par l'agence officielle russe Sputnik.
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