En Nouvelle-Zélande, Jacinda Ardern est désormais en position de former un gouvernement. A 37 ans, elle pourrait ainsi devenir la plus jeune dirigeante du monde.
Si le Canada a son Justin Trudeau et la France son Emmanuel Macron, en termes de jeunesse et de charisme, la Nouvelle-Zélande, elle, s'est offerte hier la plus belle promesse de changement de génération. A 37 ans, voici : Jacinda Ardern, peut-on lire ce matin sur le site de la radio publique américaine NPR. Et de fait, à en croire THE NEW ZEALAND HERLAD, celle qui a été propulsée, hier seulement, première ministre d'un gouvernement de coalition est déjà entrée dans la légende, même si, nuance aussitôt la journaliste, sa première tâche sera sans doute de convaincre qu’elle n’a pas volé sa place, quatre semaines après un scrutin législatif qui la mettait en position délicate.
Mais c’est dans les missions impossibles, justement, que Jacinda Ardern se révèle, nous rassure le site NEWS HUB avant de raconter, par le détail, les étapes de son ascension fulgurante. Fille d'un policier, élevée dans la foi mormone (à laquelle elle a depuis renoncé), elle s'intéresse très tôt à la politique jusqu'à devenir députée travailliste en 2008. Mais ce n'est qu'en mars dernier, qu'elle prendra la tête de son parti, après que son prédécesseur eût, lui, préféré jeter l'éponge, devant les scores calamiteux auxquels les sondages promettaient les travaillistes. A l'époque, les caciques de sa formation défaillante la voyaient comme un talent en devenir, mais encore trop tendre pour la joute politique. Sauf que la résignation ne fait pas partie de la stratosphérique, météorique et sûrement un peu chanceuse Jacinda Ardern, souligne de son côté le site d'information NOTED. Dès le lendemain de sa nomination à la tête du Parti travailliste, la jeune femme donne sa première interview télévisée. Et c'est là qu'interrogée par l’un des journalistes sur son choix entre avoir des enfants ou faire carrière, elle décide de pointer un doigt menaçant vers son interlocuteur, en déclarant qu’il est inacceptable que ce genre de question soit encore posé en 2017». Le panache de la jeune femme, peut-on lire à nouveau sur le site de NPR, va alors bousculer le pays tout entier. D’où ce commentaire de la chaîne britannique BBC : D’une certaine manière, cette question à la télévision a été la meilleure chose qui pouvait lui arriver ce jour-là. La controverse qui s’en est suivie a assuré sa promotion à la Une des journaux du monde entier, mettant en avant son profil et faisant disparaître son statut d’outsider, jusqu'à devenir hier, à 37 ans, la plus jeune dirigeante du monde.
Et fera-t-on d'elle, aussi, un poing symboliquement levé en faveur des femmes ? Rojda Felat, ou la naissance d’une icône à Raqqa, c’est le titre de ce portrait à lire dans les colonnes du TEMPS. Après la victoire, mardi, de ses troupes sur les hommes de Daech, les images de la commandante des Forces démocratiques syriennes (FDS) arborant un sourire rayonnant aux côtés de ses camarades de combat et agitant un long drapeau jaune portant le nom de sa milice ont, depuis, littéralement envahi les réseaux. Au point que pour nombre d'internautes, davantage qu’une guerre remportée, la victoire remportée cette semaine contre l'EI par celle qui depuis des mois faisait trembler Daech est devenu un acte symbolique et féministe. Et la journaliste, ce faisant, de s’interroger : La publication de son image répond-elle à un stéréotype que le public occidental aimerait opposer aux hommes barbus de l’organisation Etat islamique ? Et, dans le contexte de l’affaire Weinstein, à quel point l’image d’une femme victorieuse est-elle une lueur d’espoir que les esprits du monde entier veulent entretenir précieusement ? Quoi qu'il en soit, pour LA REPUBBLICA, cette féministe radicale dans l’enfer syrien est aujourd'hui à l’avant-garde d’une mutation culturelle qui doit conduire à la pleine reconnaissance des droits et des aspirations des femmes issues de tous les groupes ethniques.
Suite à la reprise de Raqqa, le quotidien belge DE MORGEN repéré par le Courrier International s'intéresse, lui, cette semaine au cas des femmes de djihadistes qui, ressortissantes européennes, aspirent désormais à rentrer dans leur pays d’origine. Le journal a interrogé plusieurs d'entre elles (belges et néerlandaises) qui logent dans un camp de réfugiés dans le nord de la Syrie. Tous leurs récits se ressemblent, écrit le journal : elles sont arrivées par hasard dans le califat, y ont fait un mariage heureux, sont restées chez elles pendant des années à s’occuper des enfants et n’avaient aucune idée de ce que l’EI faisait à l’extérieur. Et dans de nombreux cas, elles étaient effectivement femmes au foyer, mais pas toujours, explique de son côté un responsable des services secrets kurdes, avant de préciser, «surtout celles qui ont voyagé seules vers la Syrie ». Toujours est-il que le cas de ces femmes et de leurs enfants sans papiers (car nés sur place) est aujourd'hui un vrai dilemme pour l’Europe.
Enfin direction Malte, à présent, où de très nombreux journalistes ont promis, hier de ne pas se laisser intimider, trois jours après l'assassinat à la voiture piégée de Daphne Caruana Galizia, connue pour ses enquêtes anticorruption, dans une île qu’on qualifie souvent de paradis fiscal au cœur de l’Europe. Celle dont le site POLITICO estime que la meilleure façon de penser à elle est de la décrire comme un Wikileaks à elle toute seule, la journaliste et militante anti-corruption de 53 ans qui avait révélé de nombreux scandales, a été tuée lundi par l'explosion d'une bombe sous sa voiture. Et hier, rassemblés devant le Parlement à La Valette, des centaines d'employés des médias ont brandi des messages et des pages de journal comme maculés de sang. «C'est l'un des actes les plus méprisables jamais commis dans ce pays. Personne ne mérite de mourir pour avoir exercé son droit à prendre la parole », a notamment déclaré le rédacteur en chef du site du TIMES OF MALTA. Quant à l'hebdomadaire THE INDEPENDENT MALTA, dans lequel la journaliste écrivait tous les jeudis depuis 20 ans, il a lui publié une simple page vide en sa mémoire, marquée d'un seul ruban noir au centre et d'une promesse de perpétuer son héritage : «Votre stylo a été réduit au silence, mais votre voix continuera de vivre».
Par Thomas CLUZEL
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