Commentaires sur l'accord turco-européen à propos des migrants

France Culture
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La presse internationale scrute ce matin la mise en place de l'accord turco-européen sur les migrants...et il est difficile à faire vivre sur le terrain...

La presse européenne n'est pas très optimiste. Les journalistes présents sur place dans les îles grecques de la Mer Égée ne sont pas convaincus au premier jour de la mise en application de l'accord européen pour fermer la route des Balkans en les bloquant ou en les renvoyant en Turquie, que cela fonctionne. Du moins pour l'instant.

Le quotidien britannique le Guardian s'est rendu à Izmir, en Turquie, port de départ des candidats à l'exil. Et il constate que les migrants continuent à prendre le bateau. Comme le précise un Syrien "Je dois y aller, je me moque de cet accord, s'ils me reprennent, ils me reprennent."

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Le quotidien allemand, Frankfurter Allgemeine Zeitung, s'est lui rendu de l'autre côté, en Grèce, à Lesbos.

Et le journal de Francfort a dénombré 875 nouveaux arrivants la nuit dernière, même si les chiffres sont en baisse, puisque samedi, 1 500 étaient parvenus dans l'île. Les Turcs auraient déjà retenus 3 000 migrants.

Mais la FAZ craint que tout miser sur Erdogan ne débouche sur un fiasco. Et le journal de Berlin, Tagesspiegel d'ajouter qu'avec cet accord, l'Union européenne a mis à mal ses valeurs et la solidarité entre ses membres.

Mais cet accord est-il viable ?

C'est la question que pose le quotidien grec Ekathimerini. Car s'il ferme effectivement la route des Balkans, que vont devenir les migrants renvoyés en Turquie. Est-ce que ce pays peut véritablement être considéré comme un pays sûr ? Peut-on faire confiance à Ankara, demande la quotidien d'Athènes, du point de vue du respect des droits de l'homme ? Quel sera le sort des réfugiés renvoyés en Turquie ?

le Irish Times se fait l'écho des inquiétudes des Nations Unies au sujet de l'application de cet accord. Le quotidien de Dublin revient sur les questions du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés qui demande comment va s'appliquer cet accord sur le terrain. L'ONU qui craint que l'Union européenne ne débloque des moyens humains trop tardivement pour aider les demandeurs d'asile les plus fragiles.

Une question que se pose également le Vif en Belgique. D'autant plus que d'après l'hebdomadaire, rien n'est prêt en Grèce pour l'application de cet accord européen. Ni les structures, ni les personnels. Même si le Vif ajoute que le gouvernement grec a cependant déjà affrété des ferries à Lesbos et Chios pour réinstaller les migrants. Mais le Vif de rappeler qu'il y a actuellement en Grèce, plus de 47 000 migrants dont plus de

10 000 qui s'entassent à la frontière avec la Macédoine.

La Macédoine justement. Skopje fait ses comptes. Le quotidien Nova Makedonija publie les chiffres du gouvernement macédonien. Depuis le 1er janvier, le pays a vu transiter sur son territoire près de 90 000 demandeurs d'asile. 35 000 hommes, 19 000 femmes, 34 000 enfants accompagnés et 226 enfants seuls.

La majorité, 45 000 étaient des Syriens, mais il y avait également 26 000 Afghans et 18 000 Irakiens.

La crise des migrants qui continue à alimenter le discours des partis populistes.

Le Matin, évoque la proposition de deux conseillers fédéraux suisses de l'UDC, le parti de droite radicale et xénophobe, qui souhaitent un plan d'urgence en cas d'afflux massifs de migrants dans la Confédération Helvétique avec retour des contrôles des frontières avec la mobilisation de l'armée à ces frontières. Le Matin qui rappelle que la Suisse s'attend à 60 000 demandes d'asile pour 2016.

Mais d'après le quotidien de Lausanne, la Suisse n'a surtout pas prévue les moyens de les accueillir. Il manque de places d'hébergement et les financements ne sont pas débloqués dans les cantons.

Et déjà, les chefs d'état européens préparent le coup d'après, c'est-à-dire quelle sera la prochaine route des migrants, maintenant que celle des Balkans est en voie d'être fermée.

Et le Daily Telegraph nous apprend que David Cameron a déjà le regard tourné vers la Libye. Le premier ministre britannique, qui sait que le référendum sur le Brexit se jouera aussi sur le dossier des migrants, met en garde les dirigeants européens sur le fait qu'il faudra arrêter cet été des centaines de milliers de migrants en provenance d'Afrique depuis la Libye. Et le journal de rappeler que déjà la semaine dernière, les gardes côtes italiens ont récupérés 2 000 migrants et qu'il y a eu deux réfugiés morts noyés.

Et Federica Mogherini, la cheffe de la diplomatie européenne de rappeler dans le site Politico que la situation en Libye est actuellement très volatile et que potentiellement, 450 000 migrants peuvent prochainement tenter la traversée depuis la Libye.

Ce dossier des migrants ne va pas se terminer avec la route des Balkans.