Le régime communiste cubain a mis fin ce 1er janvier à la double monnaie, supprimant le peso convertible indexé sur le dollar. Les salaires ont été revalorisés mais les prix à la consommation s'envolent. Les pandas d'Edimburg, victimes collatérales de la pandémie et du Brexit ?
A Cuba, c'est le jour 3 de sa révolution monétaire.
Oui le "Jour Zéro", comme on peut le lire dans la presse cubaine, c’était vendredi, le premier, jour choisi par le régime communiste pour imposer un véritable cataclysme économique : la fin de la double monnaie à Cuba.
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Jusque-là, explique le quotidien espagnol El Mundo, les prix sur l’île s’entendaient soit en peso cubain (CUP), la monnaie officielle au taux de change fixé artificiellement par la banque centrale, soit en peso convertible (CUC), indexé sur le cours du dollar, la monnaie théoriquement réservée aux touristes étrangers mais qui était devenue depuis un quart de siècles celle de tous les jours, en tous cas, si on voulait pouvoir acheter des produits dans les seules boutiques à ne pas souffrir de pénuries, celles en peso convertible.
Au premier jour du 62e anniversaire de la révolution castriste c’est donc bien une "révolution monétaire" qui a lieu à Cuba, et elle a des conséquences immédiates sur le pouvoir d’achat des Cubains : avec une valeur officielle fixée à 24 pesos pour un dollar américain, note Leticia Pineda dans La Prensadu Honduras, les Cubains ont vu du jour au lendemain leurs salaires multipliés par 5, mais ils ont aussi pris connaissance dans la Gazette officielle du 1er janvier de l’augmentation équivalente de tous les prix des produits de base.
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La liste, longue comme le bras, est à retrouver sur le site d’info Cibercuba : tous les prix sont fixés par l’Etat, fruits et légumes, ("35 pesos la livre de pois-chiches, 47 la livre d'ail", etc)… enfin si vous arrivez à les trouver en rayon car le problème en ces temps de crise du Covid-19 ce sont surtout les pénuries dans les magasins d’Etat, explique pour sa part Hector Lemieux, correspondant à la Havane du Temps de Genève, qui revient sur ces inventaires de nouveaux barèmes de prix dont Jacques Prévert aurait sans doute apprécié la sombre poésie.
Parmi les nouvelles échelles de salaires, les technocrates scrupuleux du socialisme cubain ont par exemple établi que "le salaire minimum est fixé à 64 euros par mois, mais pour 18 centimes de l’heure, les modèles artistiques n’exposeront que leurs pieds ou leur visage ; pour les faire poser nus, il faudra les payer le double. Bonne nouvelle, poursuit l’article, les croque-morts cubains ne factureront plus que 4 pesos par kilomètre pour le transport d’un corps… par contre, le prix du pain de 80 grammes est multiplié par vingt."
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Et "pourtant, il est toujours aussi mauvais", se plaignent des habitants de la petite ville de Quivican où, nous dit El Periodico Cubano, plus de 6000 miches de ce pain populaire n’ont pas trouvé preneur le 1er janvier, à cause de ce nouveau prix rédhibitoire.
Les Cubains ont six mois pour se débarrasser de leurs derniers pesos convertibles (ils vont perdre au passage l'essentiel de leur épargne en allant la faire changer à la banque)… et beaucoup moins de temps par contre pour s’habituer à toute cette nouvelle échelle de valeurs. Tous vivent dans la crainte d’une inflation qui semble inévitable car, comme le note à nouveau Hector Lemieux, pour Le Temps, le régime cubain a choisi "le pire moment pour mener cette réforme nécessaire mais régulièrement repoussée" depuis 2013 : les sanctions économiques imposées par l’Amérique de Donald Trump ont torpillé l’embellie observée sous l’ère Obama, la pandémie a fait fuir les touristes étrangers (quatre fois moins nombreux cette année), même la Russie a gelé des investissements de plusieurs milliards d’euros prévus sur l’île...
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Sauf à se raccrocher à un possible réchauffement des relations avec Washington, une fois Joe Biden arrivé à la Maison-Blanche, Cuba est donc face à "une crise sans précédent depuis la chute de l’URSS". Et dans les rues de la Havane, en ce lundi matin le cours du billet vert au marché noir n’en finit pas de s’envoler d’après le Periodico cubano, on en propose sur internet à 60 pesos pour un dollar, quand le cours officiel est rappelons-le, d’un dollar pour 24 pesos.
Le gouvernement mené par le président Diaz-Canel a beau insister sur le fait que les tarifs du gaz et de l’électricité ont eux, un peu baissé au 1er janvier, c’est bien l’appréhension qui domine chez les Cubains de la rue. "Le régime communiste, notait déjà le Financial Times à la mi-décembre, craint une montée de mécontentement dans la population plus que toute autre chose". Ce n’est pas pour rien qu’il s’est montré particulièrement dur, ces derniers mois, dans la répression des voix dissidentes dans le milieu artistique en particulier, qui demandaient plus de liberté pour Cuba... 62 ans, donc, après le lancement de la révolution castriste.
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