Sept migrants nord-africains sont morts en tentant de rejoindre les îles Canaries depuis le Maroc. Les corps de cinq d’entre eux ont été découverts à bord d'un canot pneumatique. Deux autres hommes sont morts alors qu'ils tentaient de rejoindre la terre ferme à la nage.
C’était hier, dans l’archipel espagnol des Canaries. Là-bas, l’île de Lanzarote est réputée pour son temps chaud toute l'année et, bien sûr, ses plages, ses volcans et ses stations balnéaires. Lorsque leur embarcation a été repérée, eux n’étaient plus qu’à une 20 aine de mètres, seulement, de la côte. Autant dire de l'Edlorado. Mais pour eux c’était, déjà, trop tard. Lorsque les forces de l’ordre sont arrivées, alertées par un habitant, il y avait 5 personnes à l’intérieur du zodiac à la dérive : 5 cadavres, dont trois pourraient être des mineurs, précise THE JAPAN TIMES. Deux autres de leurs compagnons d’infortune avaient visiblement réussi à s'extraire du bateau pour rejoindre la côte à la nage. Trop tard. Là encore. Au total, les services d’urgence des Canaries ont confirmé le bilan : 7 morts, sans donner davantage de détails sur le sexe ou l'âge des victimes d'origine nord-africaine. C'est ce que la presse nomme, généralement, un nouveau drame de l'immigration clandestine.
Un thème qui fait, notamment, échos aux derniers propos polémiques du président américain sur l'immigration en provenance de «pays de merde». Que l’Afrique, dont il sait à peine sur quelle planète elle se trouve, ne soit pas la priorité de ce maudit pitre imbu de sa personne, on veut bien. Mais a-t-on besoin de lui rappeler que ce sont des millions et des millions d’enfants de cette Afrique, arrachés à leur terre par ce crime qu’est l’esclavage, qui ont en grande partie fait de son «America first» cette puissance économique qu’elle est de nos jours ?, interroge ainsi l'éditorialiste du journal de Ouagadougou L'OBSERVATEUR PAALGA. Et de préciser encore : a-t-on besoin de lui apprendre que des descendants d’esclaves ont contribué à l’érection de cette fameuse Maison-Blanche, qu’il souille chaque jour de ses extravagances ? Sur le continent africain, mais aussi aux Etats-Unis, le «shithole gate» n’en finit pas, donc, de provoquer des réactions outrées. Sans compter qu'au-delà des mots prononcés, grossiers et racistes, une chose est sûre, écrit la correspondante du TEMPS : Donald Trump semble méconnaître totalement le profil des immigrés africains. Aux Etats-Unis, les immigrés d’Afrique subsaharienne représentent environ 4,5% du nombre total d’immigrés et, comme le rapporte un article du LOS ANGELES TIMES, près d’un quart d'entre eux sont des réfugiés qui ont fui des persécutions ou des conflits armés. Mais 17% des ressortissants d’Afrique noire devenus résidents permanents sont arrivés via un système de loterie permettant chaque année à près de 50 000 participants d’obtenir la très convoitée «green card». Or n’importe qui ne peut pas participer à cette loterie : il faut au moins justifier l’équivalent d’un diplôme de fin d’études secondaires ou avoir deux ans d’expérience professionnelle dans des domaines précis. Et surtout, selon l'Institut sur la politique migratoire basé à Washington, 41% des 1,4 million d’immigrés africains de plus de 25 ans ont un niveau de «bachelor», là où les citoyens nés aux Etats-Unis ne sont que 32% à pouvoir prétendre à cette catégorie. Ou dit autrement, résume LE TEMPS, la plupart des immigrés africains qui vivent aujourd’hui aux Etats-Unis disposent d’un meilleur niveau d’éducation que la moyenne des Américains.
Et puis la dernière outrance verbale de Donald Trump ne doit pas faire oublier, non plus, la colère provoquée par sa décision de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, la «claque du siècle» selon les propres mots du président palestinien Mahmoud Abbas. Et c'est ainsi, précise ce matin le site du TIME, que les dirigeants palestiniens ont voté, hier, en faveur de la suspension de la reconnaissance de l'Etat d'Israël. Une mesure qui, le cas échéant, remettrait en cause l'un des principes fondateurs de l'effort de paix. Reste à savoir si ce vote est ou non contraignant. La décision finale, précise THE TIMES OF ISRAEL, incombera probablement au président Mahmoud Abbas.
Les portes qui claquent, toujours et encore, en Allemagne où les efforts pour parvenir à la formation d'une grande coalition semblent, chaque jour, un peu plus compromis. A quelques jours d'un congrès crucial pour le parti, beaucoup de sociaux-démocrates se disent, en effet, déçus. La FRANKFURTER RUNDSCHAU cite notamment les propos du chef de file des jeunes socialistes, qui dans une interview dénonce le caractère trop approximatif du document exploratoire présenté en fin de semaine. «Nous ne pouvons pas être d'accord avec ce document», dit-il. Que ce soit sur le plan fiscal ou celui de la santé, où le SPD visait une réduction des inégalités face à l'assurance maladie, le parti n’a pas obtenu gain de cause. Et puis outre la branche des jeunes, d’autres responsables du SPD ont également pris leurs distances avec l'ébauche de programme négociée avec les conservateurs d'Angela Merkel. Dans une interview au TAGESSPIEGEL, là c'est le maire SPD de Berlin qui estime qu’après le scrutin législatif de septembre, «refaire la même coalition avec la même politique ne constitue pas la réponse appropriée». D'où ce commentaire agacé de la FRANKFURTER ALLGEMEINE ZEITUNG, ce matin : Ça suffit ! Nous ne pouvons plus rester les bras croisés à attendre. Dites oui ou non. Evidemment, c'est plus facile à dire qu'à faire, reconnait toutefois l'éditorialiste. Pourquoi ? Parce que le SPD est confronté à une élection historique, peut-être même la plus importante de son histoire. Dimanche il devra soit (comme le veulent les jeunes socialistes) rejeter la grande coalition en pariant qu'un gouvernement minoritaire accélérera la fin d'Angela Merkel mais avec le risque qu'à terme de nouvelles élections se révèlent désastreuses pour lui. Soit accepter la main tendue d'Angela Merkel et se couper ainsi de sa base, ce qui signerait probablement l'effondrement du parti. Et l'éditorialiste d'en conclure : Faites votre jeu, chers camarades!
Enfin la situation semble tout aussi inextricable pour les indépendantistes catalans. Hier, le chef du gouvernement espagnol leur a lancé un avertissement, en les prévenant que l'autonomie de leur région resterait suspendue, dans le cas où Carles Puigdemont tenterait de gouverner depuis Bruxelles. De son côté, Puigdemont souhaite être investi par le biais d'une téléconférence, ou en faisant lire son discours par un autre élu de sa liste, en partant vraisemblablement du principe que le monde s'indignera de la prétendue répression orchestrée à l'encontre d'un leader démocratiquement élu, relève l'éditorialiste d'EL PAIS. Sauf que selon lui, le discrédit frapperait non pas l'Etat désireux d'empêcher cette procédure, mais bien ces politiques qui n'hésitent pas à transformer la Catalogne en cirque. Le journal madrilène qui, comme son confrère d'EL MUNDO, se délecte par ailleurs ce matin de ce qu'un tribunal de Barcelone a déterminé, hier, que le parti de l'ex-président nationaliste, Carles Puigdemont, s'était financé illégalement.
Par Thomas CLUZEL
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