En Biélorussie, un millier d'arrestations dans les rangs d'une opposition endeuillée

Hommage à un manifestant tué, Minsk le 15/11/20
Hommage à un manifestant tué, Minsk le 15/11/20 ©AFP - Sergueï Supinsky
Hommage à un manifestant tué, Minsk le 15/11/20 ©AFP - Sergueï Supinsky
Hommage à un manifestant tué, Minsk le 15/11/20 ©AFP - Sergueï Supinsky
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Les rassemblements de ce dimanche en hommage à Roman Bondarenko, manifestant anti-Loukachenko tué jeudi, ont été violemment réprimées par la police biélorusse qui a procédé à des centaines d'arrestations. Emmanuel Macron s'en prend au New York Times pour sa couverture de l'actualité française.

Cent jours de contestation en Biélorussie et le président Alexandre Loukachenko ne semble décidément pas prêt à céder le pouvoir.

Il l’a redit, ces derniers jours encore à des médias officiels triés sur le volet, pour ne surtout pas poser de questions qui fâchent. A lire sur le site d’info indépendant Naviny, l’homme qui préside la Biélorussie depuis 27 ans ne voit pas pourquoi il devrait céder la place avant d’avoir décidé de lui-même quand le moment lui semblera opportun. 

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Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Alexandre Loukachenko ne semble pas trouver le moment opportun,100 jours aujourd’hui après cette élection présidentielle qui a vu sa réélection contestée et qui a fait entrer en dissidence toute une frange de la population réclamant du changement, enfin.

Pour le 99e jour de la contestation ce dimanche les habituels milliers d’opposants étaient descendus dans les rues de Minsk ; mais ce rassemblement-là n’en était pas un de plus, un de ceux qui, à force de se répêter chaque dimanche depuis 3 mois, ne font même plus lever un sourcil à nous autres, voisins européens. 

Non, explique la Deutsche Welle allemande, ce 15 novembre il y avait un cas de force majeure pour venir une nouvelle fois faire face aux policiers anti-émeute : il fallait honorer la mémoire d’un manifestant tué, trois jours plus tôt, pour avoir lui aussi exigé le départ de l’autocrate biélorusse. Roman Bondarenko avait 31 ans, il était artiste, et d’après le récit que fait le quotidien russe Novaya Gazeta de ses dernières heures, il a été battu à mort par des jeunes militants pro-Loukachenko (vraisemblablement aidés des agents des services de sécurité en civil) qu’il a surpris en train d’arracher des drapeaux de l’opposition, sur une des places où se déroulent les manifestations depuis trois mois. 

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Juste avant cela, Roman Bondarenko avait écrit "Je sors, je vais faire un tour" sur la messagerie Telegram, pour prévenir ses compagnons de lutte. Ce sont ses derniers mots, et c’est très vite devenu un mot d’ordre pour ceux qui poursuivent la contestation : sortir, reprendre la rue, ne pas se laisser intimider par ces semaines de répression, de violence, d’humiliations, les milliers d’arrestation et les récits de ce que les interpellés subissent en détention.

Pas plus tard qu’hier, raconte le site tyt.by, quand les policiers ont fondu sur les rassemblements pacifiques en hommage à Roman Bondarenko, on a dénombré environ un millier d’arrestations… du jamais-vu, en une seule journée, depuis le mois d’août. 

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Plus d’un millier, même, selon la BBC qui cite l’organisation biélorusse de défense des droits humain Viasna, laquelle insiste sur le fait que des mobilisations et des répressions similaires se sont déroulées hier dans de nombreuses villes du pays, et pas seulement à Minsk. 

Alors forcément, il y a cette question qui vient à l’esprit, de la BBC comme de la Deutsche Welle: la mort de Roman Bondarenko peut-elle être un tournant dans la mobilisation pour exiger le départ de Loukachenko ? Ce dernier se sent-il plus menacé que ces trois derniers mois, alors que l’Union Européenne vient enfin de les placer, lui et son fils, sur la liste des sanctions appliquées aux dirigeants biélorusses ? 

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L’autocrate, en tous cas, a fait mener ce dimanche une répression encore plus forte que ces dernières semaines même s’il se vante, dans l‘interview qu’il a donné aux médias qui lui sont restés loyaux et citée par tyt.by, d’avoir jusque-là "retenu ses forces de sécurité de faire un vrai carnage". Voilà qui sonne bien comme une menace, et qui rejoint tout à fait ce que le New York Times écrivait samedi, sur "le système de terreur organisée" qui permet au président de se maintenir au pouvoir sans partage depuis 27 années. 

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"Dire non n’est pas une option", en Biélorussie, explique le journaliste Ivan Ne-tche-pourenko… car si ce ne sont pas les policiers qui vous tombent dessus, ce sont les différents hommes de mai en civil du régime, les espions du voisinage, les fonctionnaires zélés, ou les jeunes du club de sport d’à côté recyclés en exécuteurs de basses oeuvres… c’est contre tout cela que les Biélorussses se battent depuis trois mois… en plus de se battre contre l’oubli et l’indifférence que nous leur renvoyons.

Citer le New York Times, est-ce bien raisonnable alors que notre président Emmanuel Macron a maille à partir avec ce quotidien ?

C’est vrai, Emmanuel Macron a des griefs contre le grand quotidien américain : il accuse sa couverture de lactualité française de "légitimer la violence" sur des dossiers particulièrement sensibles comme le racisme en France, la manière dont l’Islam est traité par le gouvernement, la lutte contre le terrorisme ou encore contre le "séparatisme". 

Le président français a donc pris son téléphone, jeudi dernier, et a personnellement appelé Ben Smith qui est chorniqueur médias au New York Times  pour se plaindre de cette "presse anglo-américaine" qui a l’outre-cuidance de pointer les ratés de la poilitique d’intégration des minorités en France, plutôt que de tout simplement s’apitoyer sur notre République assiégée par les terroristes. 

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"Lorsque la France était attaquée il y a cinq ans, dixit le chef de l’Etat_, toutes les nations du monde nous avaient soutenu_» ; et là, il ne comprend pas pourquoi selon lui une institution comme le New York Times se permet de dépeindre la France comme un pays raciste et islamophobe. Ces discours-là légitiment la violence, accuse donc Emmanuel Macron, selon qui je cite "les fondamentaux sont perdus".

On se souvient que, déjà en septembre, le président français avait eu les mêmes critiques contre le Financial Times britannique, qui avait accepté de retirer l‘article incriminé et de publier une tribune d’Emmanuel Macron. Le site Politico Europe a lui aussi retiré sur demande de l’Elysée un article qui posait la question je cite de « la laïcité, une dangereuse religion française ».  

Cette fois, Ben Smith du New York Times entend les critiques françaises et y répond point par point ; il revendique aussi l’importance de parfois mettre "un coup de pied dans la fourmilière" et poser, avec la distance de l’observateur étranger, des questions que les journalistes français retiennent parfois dans des temps aussi troublés que ceux que nos traversons. 

Je vous laisse vos faire vous-même u avis sur la question, le New-York Tmes a eu la gentillesse de traduire son article en français.