La transition démocratique promise après le départ d'Evo Morales du pouvoir tarde à prendre forme en Bolivie, à cause du coronavirus et des ambitions de la présidente par intérim Jeanine Anez. En Autriche, la maison natale d'Hitler va devenir un commissariat de police.
Prenons des nouvelles de la soi-disant transition démocratique promise il y a six mois en Bolivie.
Transition, "refondation démocratique", ce sont les termes qu'avait employés Jeanine Anez, l'obscure seconde vice-présidente du sénat bolivien, issue d'un parti de droite conservatrice, quand elle s'était emparé en novembre dernier du pouvoir laissé vide par Evo Morales. Le président socialiste, ardent défenseur des peuples indigènes de ce pays andin, venait alors de fuir La Paz sous la pression de grandes manifestations après avoir été pris en flagrant délit de falsification des résultats de l'élection présidentielle, cette élection dont il voulait qu'elle lui assure un quatrième mandat, contre l'avis de la Constitution bolivienne et de sa propre population.
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Ce mardi, en Bolivie, on apprenait en lisant le quotidien La Razon que les élections présidentielles auront lieu le 6 septembre. Le scrutin devait initialement se tenir le 3 mai, mais il avait été ajourné sine die pour cause de pandémie_._ Tous les partis concernés ont donné leur accord sur cette nouvelle date du 6 septembre, et ça mérite d'être signalé car depuis des semaines les critiques montaient contre la présidente par intérim Anez et son gouvernement accusés de tirer profit de la crise du coronavirus qui frappe en ce moment durement les Boliviens pour prolonger sans limite son maintien au pouvoir.
Ces accusations, on les retrouve formulées dans les pages internationales du Guardian daté de ce lundi : si l'improbable Jeanine Anez a pris l'intérim à la présidence en novembre, c'était en théorie "avec la seule mission d'organiser une élection présidentielle reconnue par tous dans les six mois à suivre". Or ces six mois, ils viennent d'arriver à échéance, et Anez est toujours au pouvoir... elle a même dévoilé en janvier ses véritables intentions, de se présenter elle-même à cette élection, ce qu'elle avait exclu au départ. "Beaucoup de Boliviens à l'époque se sont sentis trahis", estime aujourd'hui Fernando Patinio Sarcinelli dans les colonnes de Pagina Siete.
Et depuis, poursuit l'éditorialiste, ils n'ont été que de déceptions en déceptions. The Guardian nous raconte comment la présidente Anez a installé depuis six mois à la Paz "un pouvoir basé sur la glorification de l'armée et de la foi catholique". Les Boliviens ont par exemple été surpris, pendant la période de Pâques qui a coïncidé avec le début de l'épidémie de Covid-19, de voir des hélicoptères militaires survoler leurs villes et y vaporiser des hectolitres d'eau bénite.
Au-delà de cette anecdote révélatrice, les six mois d'intérim de Jeanine Anez n'ont pas vraiment tenu leur promesse de refonder la démocratie bolivienne. "En une demi-année seulement, son gouvernement a vu naître contre lui pas moins d'une quinzaine de plaintes pour corruption en Justice", relève La Razon. Presque toutes les entreprises publiques sont concernées, par des achats réalisés via des intermédiaires douteux. Fin mai, nous rappelle El Pais, le ministre de la Santé a même été limogé et placé en détention pour avoir tenté de détourner de l'argent public sur une commande de 170 respirateurs médicaux destinés aux victimes du coronavirus.
Tout ça fait dire à l'éditorialiste de Pagina Siete que "la malédiction du pouvoir", celle de la corruption et de l'incurie, a frappé Jeanine Anez à peine était-elle montée sur le siège laissé vacant par Evo Morales.
Aujourd'hui le parti de ce dernier, le Mas, accuse la dirigeante, dans le reportage de The Guardian, de faire régner un "r_égime de terreur"_ et de persécution politique sur la Bolivie, avec des manifestants abattus à balles réelles par les forces de l'ordre, des opposants harcelés, des journalistes de gauche emprisonnés.
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Et pourtant dans l'édito d 'El Deber, journal plutôt marqué à droite, c'est la "faiblesse et l'instabilité" du gouvernement Anez qui sont surtout critiquées, le fait que ses ministres sautent les uns après les autres sur fonds de scandales politico-judiciaires. Ce qui perd la présidente par intérim ce sont, lit-on, les "calculs électoraux", cet ambition de rester au pouvoir qui la pousse à fuir comme la peste tout début de polémique en désavouant ses ministres. Car quel que soit le pouvoir acquis ces six derniers mois, Jeanine Anez sait qu'elle va devoir en passer par la voie des urnes : ce sera donc le 6 septembre... à moins que la soi-disant "transition démocratique" bolivienne ne prenne encore d'autres détours d'ici là.
Un coup d'oeil à présent à la presse autrichienne qui nous livre le résultat d'un concours d'architecture mené dans le plus grand secret.
Et pour cause : il s'agissait d'imaginer un nouveau destin à la maison natale d'Adolf Hitler, dans la petite ville de Braunau tout près de la frontière allemande.
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En lisant la Kronen Zeitung, on apprend que les autorités locales avaient fait valloir en 2017 leur droit de préemption sur ce modeste immeuble de trois étages, moyennant le versement d'1,5 millions d'euros à la propriétaire (qui n'avait absolument aucun lien avec voir avec le dictateur nazi). Pour les autorités locales il s'agissait d'acquérir ce lieu pour le "neutraliser", lui faire faire peau neuve et lui attribuer une nouvelle fonction pour qu'il ne puisse plus être, comme c'était encore régulièrement le cas ces dernières années, un lieu de pélérinage pour les néonazis de toute l'Europe.
La chose est donc entendue, confirme Der Standard : la maison natale du Führer va devenir un commissariat de police. L'idée a de quoi surprendre, reconnaissent les médias autrichiens, en particulier en ces temps où certaines pratiques policières et la porosité de certains policiers à des comportements racistes sont mises de Minneapolis à Paris en passant par Rio de Janeiro...
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Mais, fuyant cette polémique, le Standard préfère s'étonner de la grande opacité avec laquelle le concours d'achitecture a été mené sans aucune publicité, comme cela est pourtant la règle : comme si tout ce qui touche à la maison d'Hitler restait sensible, secret. D'ailleurs le projet retenu est le plus discret, le plus neutre en terme de construction.
L'etat autrichien promet que ce commissariat pas tout à fait comme les autres sera un haut lieu de "défense des droits et des libertés des citoyens" de Braunau. Le cœur des fonctions de la police, finalement...
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