En Ethiopie, un Nobel de la paix sur le sentier de la guerre civile ?

Le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed le 04/11/20
Le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed le 04/11/20 ©AFP - Ethiopian Public Broadcaster (EBC)
Le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed le 04/11/20 ©AFP - Ethiopian Public Broadcaster (EBC)
Le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed le 04/11/20 ©AFP - Ethiopian Public Broadcaster (EBC)
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Le Premier ministre de l'Ethiopie, Abiy Ahmed, vient de déclencher ue ofensive militaire dans la région de Tigré, au nord de son pays. Le lauréat du prix Nobel de la paix 2019 est de plus en plus contesté en Ethiopie. En Inde le gouvernement incite la population à manger plus de sucre.

Ce matin nous parlons d'un pays au bord de la guerre civile... et il ne s'agit pas des Etats-Unis.

Parmi les autres sujets majeurs de l’actualité internationale qui sont passés inaperçus ces deux derniers jours, il y a en effet celui-ci : "l’Ethiopie est en guerre", tonne l’ Addis Fortune, en grand titre de Une. L’hebdomadaire anglophone d’Addis-Abeba précise d’emblée que le pays d’Afrique de l’Est est en guerre… contre une partie de lui-même, depuis hier, depuis que le Premier ministre Abiy Ahmed a décidé d’envoyer l’armée, pour une mener une offensive militaire dans la région du Tigré, l’extrême-nord du pays à la frontière avec l’Erythrée.

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Il l’a fait, nous explique la BBC, en représailles à l’attaque meurtrière, mercredi matin, d’une base de l’armée éthiopienne dans cette même région : la caserne serait passée sous le contrôle du TPLF, le Front de libération populaire du Tigré qui détient le pouvoir régional et qui est, depuis des mois, engagé dans un bras de fer avec le pouvoir central. Et pourtant le TPLF était l’allié politique d’Abiy Ahmed, il y a deux ans quand celui-ci est arrivé au pouvoir ; alliés toujours quand le jeune Premier ministre l’an dernier est devenu Prix Nobel de la Paix, pour avoir réconcilié l’Ethiopie avec l’Erythrée… 

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Et donc, ce mercredi, le Prix Nobel de la Paix a littéralement déclaré la guerre à ses anciens alliés ; c’est la formule retenue par Zekarias Zelalem dans le Mail and Guardian sud-africain : le faiseur de paix encensé par la communauté internationale a surtout de facto déclaré la guerre à toute cette région du Tigré et à ses plus de quatre millions d’habitants. Il y a déclaré l’état d’urgence pour six mois, il a ordonné aux opérateurs nationaux que l’électricité, le téléphone et internet soient coupés, à effet immédiat. Et l’on se retrouve donc aujourd’hui avec une région complètement coupée du reste du monde, où l’on ne sait pas ce qui est en train de se passer depuis que le Premier ministre a ordonné cette offensive de l’armée. 

Cette situation de black-out organisé par le pouvoir central, elle est dénoncée dans une tribune par les journalistes de l’ Addis Standard : impossible de faire leur travail dans ces conditions inquiétantes et inacceptables. Aux premières heures de l’offensive une collègue tigréenne de la BBC a tout de même réussi à joindre des proches dans la capitale régionale Mekele : ils lui ont décrit le vacarme des combats très violents qui se déroulaient tout près du centre-ville… et plus aucune info depuis.

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Et l’on ne sera pas rassuré par ce que décrit The Economist du Tigré comme d'une région qui a toujours été "rétive" au pouvoir d’Addis-Abeba, qui a ces derniers mois multiplié les signes de défiance, jusqu’à refuser l’entrée la semaine dernière au nouveau chef régional d’état major de l’armée nationale. Les jeunes tigréens y ont été entrainés, armés, pour combattre aux côtés du TPLF… Ce matin sur Al Jazeera Abiy Ahmed affirme que son armée a déjà remporté des succès militaires face à ceux qu’il qualifie de "terroristes tigréens", mais il prévient aussi que "d’autres batailles restent à mener ces prochains jours". 

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Mais le Wall Street Journal, enfin avertit : si le conflit au Tigré venait à durer, il pourrait destabiliser toute la corne de l’Afrique, où l’armée éthiopienne a besoin de toutes ses forces pour contrer les offensives des islamistes shebabs qui sévissent en Somalie voisine.

En Inde, le gouvernement de Narendra Modi a décidé d’apporter un supplément de douceur dans la vie de ses compatriotes.

C'est une façon de le dire, au sens propre : dans le quotidien Deccan Herald, je lis que le gouvernement indien vient de lancer une campagne pour inciter la population à… manger plus de sucre, une campagne qui comprend notamment un livret de recettes et d’information intitulé « un peu plus de sucre ça peut pas faire de mal ».

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« Une cuillère en plus dans votre thé pour sauver la filière sucrière indienne », voilà en gros l’idée selon le Deccan Herald qui nous explique que les producteurs de sucre indiens n’arrivent plus à écouler leurs stocks ; la crise guette et elle pourrait avoir des conséquences désastreuse sur tout l’économie indienne. Alors, eh bien tant pis pour le diabète, l’obésité et toutes les recommandations diététiques d’usage : mangez du sucre, à défaut d’être bon pour la santé c’est bon pour l’économie ! 

Il faut tout de même rappeler, avec l’ Economic Times of India, que l’Inde est déjà le plus gros consommateur de sucre au monde… en quantité totale, mais le gouvernement précise bien que si l’on regarde la consommation par personne, on reste en deçà de la moyenne mondiale : il y aurait donc une vraie "marge de progression".

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Vous l’aurez compris, et d’ailleurs la presse indienne n’est pas dupe : derrière cette campagne à rebours de toute considération sanitaire, il y a le très puissant lobby sucrier indien, le deuxième producteur mondial. La BBC republie une enquête édifiante de l’an dernier sur les relais politiques de cette industrie qui a su se rendre très influente auprès de Narendra Modi comme elle s’est assuré la loyauté de centaines de députés. Pas étonnant donc que tout ce monde politique ferme les yeux, depuis des années, sur la manière dont sont traités les millions d’employés de la filière, payés des salaires de misère et bien souvent avec des mois de retard. Pas sûr qu’une cuillère de sucre en plus dans le thé suffise à faire passer cette amertume-là.