En Ouganda, le chanteur Bobi Wine veut incarner le réveil de la jeunesse

Affiches électorales de la présidentielle ougandaise, le 06/01/21
Affiches électorales de la présidentielle ougandaise, le 06/01/21 ©AFP - Sumy Sadurni
Affiches électorales de la présidentielle ougandaise, le 06/01/21 ©AFP - Sumy Sadurni
Affiches électorales de la présidentielle ougandaise, le 06/01/21 ©AFP - Sumy Sadurni
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Face au président Museveni en lice pour un sixième mandat, l'opposant Bobi Wine, 38 ans, mise sur sa popularité de chanteur pop et sa jeunesse pour l'emporter à la présidentielle de ce jeudi. En Inde, la Cour Suprême joue les médiatrices dans le bras de fer entre gouvernement Modi et agriculteurs.

Une fois n’est pas coutume, une élection africaine retient l’attention de nombreux médias à travers le monde.

Cette élection, elle va se dérouler ce jeudi en Ouganda, scrutin présidentiel avec un enjeu principal : un "stop ou encore" pour le président Ougandais Yoweri Museveni, 76 ans, en lice pour un sixième mandat. Il est au pouvoir depuis 1986, depuis 34 ans et il va faire face, nous dit la radio publique américaine NPR, à "la plus incertaine des batailles électorales qu’il ait eu à mener jusque-là" car il aura face à lui celui qui est sa bête noire depuis des années déjà. Robert Kyagulanyi, alias Boby Wine, alias "le président du ghetto" selon la BBC Afrique, a pour lui sa jeunesse (38 ans) et une incroyable popularité chez les Ougandais de la rue. Car Boby Wine est autant un homme politique qu’un chanteur de variété tendance reggae.

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Et ses chansons, il les utilise pour faire passer ses messages simples, à commencer par celui du changement demandé par sa génération (oui car Bobi Wine était encore en culottes courtes quand son adversaire de demain s’emparait du pouvoir). Le programme de son parti tient, toujours selon Catherine Byaruhanga de la BBC Afrique, en l’idée de "faire mieux, pour le peuple ougandais" : améliorer l’accès aux soins de santé, à l’éducation, à l’eau potable et à la justice. Au-delà de ça, Bobi Wine "n’a pas vraiment d’idéologie politique", et quand on lui demande s’il est de droite ou de gauche, il répond "je suis pour ce qui marche"… mais le fait est, comme en témoigne Eyder Peralta de la NPR, que partout où il se rend en meetings, l’homme "électrise les foules", et fédère la jeunesse de son pays.

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Et la jeunesse, ce n’est pas un vain mot en Ouganda où 80% de la population a moins de 30 ans, mais qui est pourtant dirigé par un septuagénaire. C’est d’ailleurs le principal argument de cet éditorial signé Okadan Akwap, à lire dans le Daily Monitor de Kampala : avant toute chose, demain dans les urnes, il faudra "penser au futur de cette jeunesse ougandaise", elle qui a subi depuis 30 ans l’affaiblissement de l’Etat, la flambée des inégalités entrainés par cette doctrine de libéralisation des économies africaines qu’avait imposée l’Amérique de Ronald Reagan en échange d’aides au développement. Pour le journaliste du Monitor, Yoweri Museveni a trop longtemps incarné cette politique libérale qui n’a fait qu’appauvrir les Ougandais. La jeunesse d’aujourd’hui doit pouvoir imaginer autre chose, écrit-il… sans pour autant appeler clairement à voter pour Bobi Wine. 

A l’inverse, toujours dans la presse ougandaise, The Independentet son éditorialiste Andrew Mwenda ne trouvent pas de mots assez durs contre le chanteur devenu opposant n°1. Bobi Wine, lit-on cette fois, est "un politicien égoïste et seulement attiré par le pouvoir", un homme qui n’aime pas vraiment l’Ouganda mais qui est piloté par les Etats-Unis, où il a d’ailleurs envoyé sa famille se mettre à l’abri en prévision de possibles violences post-électorales. De source policière, relaie le Daily Monitor, on assure que Bobi Wine "organise déjà son propre enlèvement après les résultats du scrutin" de jeudi, pour se faire passer à nouveau pour une victime.

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Une victime de répression politique et policière, c’est pourtant bien ce qu’il est depuis des années, confirme le reportage de la NPR américaine. On ne compte plus le nombre de fois où il a été arrêté, emprisonné ; en  2018, il a même été forcé de fuir aux Etats-Unis pour se faire soigner après avoir subi, affirme-t-il, des tortures de la part de la garde présidentielle. Chacun de ses meetings est lourdement encadré par les forces de l’ordre, qui finissent par disperser violemment les foules faisant parfois des dizaines de morts.

Mais cette année, quelque chose a peut-être changé dans le rapport de force entre le président et son jeune adversaire. Il y a cette attention internationale portée au scrutin, due vous l’aurez compris, à la personnalité de Bobi Wine, et puis, il y a cette dernière info reprise par le quotidien ougandais New Vision : des proches de Yoweri Museveni, des caciques du régime, ont vu leurs comptes Facebook fermés pour avoir diffusé des "contenus inappropriés de nature à influencer le débat en amont de l’élection". Une sorte de doctrine Trump appliquée à la politique ougandaise qui nous montre que cette fois, tout ne va peut-être pas se passer comme prévu pour le vieux président Museveni. 

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Son gouvernement, depuis, a répliqué en bloquant l'accès à tous les réseaux sociaux, au moins jusqu'aux élections.

En Inde, la mobilisation des fermiers contre la réforme agricole dure depuis plus de deux mois.

Je vous avais décrit ici-même ces rassemblements de milliers d’agriculteurs venus de tout le pays pour bloquer les routes d’accès à la capitale Delhi. Et bien ce mardi, nous apprend The Hindu, la Cour Suprême indienne a décidé, un peu contre toute attente, de suspendre les trois réformes du marché agricole, voulues par le gouvernement de Narendra Modi, qui avaient suscité la colère des campagnes.

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Alors bien sûr, on sera tenté d'analyser la chose, dans les pages internationales du New York Timesnotamment (N.B.: l'article a été depuis modifié), comme un "désaveu cinglant pour le Premier ministre", mais à bien y regarder dans la presse indienne on n’est pas de cet avis : The Indian Expresss’insurge contre cet avis de la Cour qui "outrepasse son rôle en s’immisçant dans un conflit social" et en donnant surtout, au gouvernement nationaliste, un moyen de dégonfler cette crise à laquelle aucune issue ne dessinait. 

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Le Times of India relaie la colère des organisations d’agriculteurs qui voient "un stratagème" de Narendra Modi, derrière la création par la Cour suprême, d’un "groupe de réflexion" chargé de proposer des solutions… Et majoritairement composé de partisans des réformes en question.

Les syndicats ont donc appelé à la poursuite du blocage de Delhi, et ils comptent désormais entrer dans la capitale, le jour de la République indienne, soit le 26 janvier, pour y mener un grand défilé de tracteurs.