En Ukraine, Volodymyr Zelensky remet les oligarques au coeur du pouvoir

Volodymyr Zelensky devant le parlement ukrainien
Volodymyr Zelensky devant le parlement ukrainien ©AFP - STR/NURPHOTO
Volodymyr Zelensky devant le parlement ukrainien ©AFP - STR/NURPHOTO
Volodymyr Zelensky devant le parlement ukrainien ©AFP - STR/NURPHOTO
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Un an à peine après son accession à la présidence ukrainienne, Volodymyr Zelensky change de Premier ministre, un geste analysé par la presse à kiev comme un retour aux commandes des grandes fortunes du pays. 8 mars : l'Amérique latine montre à nouveau la voie, et c'est la voix des femmes.

Nous parlons ce matin d'un pays en guerre aux portes de l'Europe. 

Un pays où cette guerre a encore fait un mort et cinq blessés dans les rangs de l'armée ukrainienne ce mercredi, puisque c'est bien de l'Ukraine dont il est question ici. Dans l'Est séparatiste, le Donbass, le site du magazine Korrespondent rapporte ce matin qu'un bombardement venu des territoires pro-russes a endommagé un gazoduc, ce qui met en péril, en plein hiver, l'approvisionnement en gaz des civils de la région qui n'avaient vraiment pas besoin de ça en plus de tout ce que le conflit leur apporte de privations, de misère et de souffrances depuis presque six années déjà qu'il dure. 

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Mais cela fait longtemps que ce n'est plus ça, la guerre larvée du Donbass, qui occupe la Une des journaux à Kiev. On s'y passionne, par contre, pour cette crise politique qui rattrape, déjà, le président Volodymyr Zelensky au pouvoir depuis un an à peine. Dans le Kyiv Post, je lis donc que ce mercredi, l'ancien comédien devenu président a accepté la démission de son Premier ministre et fait approuver par sa majorité au parlement un tout nouveau gouvernement, avec à sa tête un austère économiste nommé Denys Schmigal. 

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De lui, on ne sait quasiment rien, sauf qu'il a 44 ans et qu'il a travaillé pour l'homme le plus riche d'Ukraine, l'oligarque Rinat Akhmetov dont il n'est pas exagéré de dire qu'il règne en maître et patron sur une grosse partie de l'économie nationale, en particulier dans sa région d'origine : le Donbass, justement.  

Du coup les éditorialistes ukrainiens voient derrière ce remaniement gouvernemental le retour des oligarques aux commandes du pays... si toutefois on considère que ces mêmes oligarques ont jamais lâché les commandes.  Tout de même, analyse Evgueniy Gordeïtchik pour l'hebdoamdaire Focus, le précédent premier ministre Oleksii Gontcharuk incarnait dans l'esprit des Ukrainiens ce changement promis par le président Zelenskiy : un rajeunissement de la classe politique et un accent mis sur la lutte contre la corruption dans toutes les strates des administrations. Un gage aussi d'indépendance vis-à-vis des pouvoirs de l'argent, de l'influence des élites oligarchiques. 

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Eh bien voilà, un an plus tard, ce projet-là a démontré hier son "échec", rapide et complet, écrit Evgueniy Gordeïtchik : le nouveau cabinet est "un exemple classique ce ce que l'on a vu ces dernières décennies, un équilibre savant entre les différents groupes d'intérêts industrialo-financiers" qui replacent leurs intérêts au centre de la politique ukrainienne.  Volodymyr Zelenskiy a eu beau déclamer, hier à la tribune du parlement, que ç'en était fini d'un gouvernement de technocrates, qu'il fallait revenir à un "gouvernement du peuple" (référence à la formule du "serviteur du peuple" qui était le titre de l'émission-télé de satire politique qui lui a permis de devenir célèbre et est devenu depuis le nom de son parti) ... malgré donc cette posture maintes fois répétée, le jeune président démontre qu'il "n'est pas capable de tenir sa promesse de gouverner sans les oligarques, et il leur remet à nouveau les clés du pays".  

Car si le premier ministre Gontcharouk a été révoqué, relance Serhiy Fursa dans son parti-pris pour l' Ukrainska Pravda, c'est bel et bien à la demande expresse d'un autre oligarque, Igor Kolomoiskiy qui n'avait pas apprécié que le précédent gouvernement nomme, sans lui demander son avis, de nouveaux dirigeants dans les sociétés nationales d'électricité (il se trouve que Kolomoisky tire de ce secteur des énergies une partie non négligeable de sa fortune).  Voilà qui nous montre bien ce qui oriente les décisions au sommet de l'Etat... pas l'intérêt général des citoyens à priori. 

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Plus désabusé encore, le journaliste et commentateur politique Vitaliy Portnikov ne mâche pas ses mots contre le président Zelensky sur le site d' EspresoTV : pour lui ce qui s'est passé hier au parlement ukrainien n'est que "la suite d'un triste festival d'amateurisme politique" incarné par Volodymyr Zelensky, une "parodie de démocratie" avec ses députés obligés ce voter la confiance à un gouvernement dont on ne connaissait ni le programme, ni même la composition complète. 

Ce que l'on sait, par contre, et ça n'a pas échappé à l' Ukrainska Pravda, c'est qu'il n'y a pour le moment qu'une seule femme dans l'équipe de Denys Schmigal ; elle est, comme de bien entendu, nommée aux Affaires sociales, et le pire c'est que le nouveau Premier ministre a tout bonnement oublié de la citer quand il a présenté son cabinet. "A peine nommé et déjà pris en flagrant délit de sexisme aggravé", voilà qui promet pour l'Ukraine.

Voilà qui nous amène à parler d'un continent où le féminisme connait un puissant renouveau : l'Amérique latine. 

Là-bas le féminisme est en train de parachever sa "politisation", s'enthousiasme El Pais dans un long papier collectif signé par ses correspondants (pour la plupart d'ailleurs des correspondantes) sur le continent. Elles y suivent, à trois jours de la Journée internationale des femmes, cette vague citoyenne et féminine qui soulève, disent-elles, des milliers de latino-américaines dans la lutte pour leurs droits.

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Elles sont poussés à cette affirmation collective par trois thèmes de société qui trustent le débat ces derniers mois dans tous les pays : la dénonciation des féminicides, celle des violences de genre plus largement, et l'accès à l'avortement.  Autour de ces trois thématiques prend donc forme un nouveau féminisme qui s'affirme d'Ushuaïa à El Paso.  

Et il y a du boulot : au Chili, liste El Pais, le président Piñera mardi encore a choqué, en expliquant que pour réduire les cas de viols il fallait "certes inciter les hommes à la responsabilité, mais aussi que les femmes s'interrogent sur leur propre attitude". Au Vénézuela, Nicolas Maduro aime à appuyer sur la corde reproductrice, dans ses discours du 8 mars, quand il incite les femmes "à faire des enfants, encore et encore, six s'il le faut, pour le bien de leur Patrie" ; le Vénézuéla où l'engagement féministe est particulièrement réprimé. 

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Au Mexique, les femmes appellent à la grève générale le 9 mars contre l'impunité qui entoure toujours les féminicides. En Argentine, le mouvement des "foulards verts" reprend son combat en faveur d'une légalisation de l'avortement qui doit en principe être voté cette année, mais qui se fait attendre. 

On pourrait aussi parler du Nicaragua de la Colombie : à chaque fois, insiste El Pais, ces mouvements féministes sont indissociables des luttes sociales qui agitent l'Amérique latine, contre les inégalités qu'elles soient de classes ou de genre. Des luttes qui essaiment aussi ailleurs dans le monde,  il suffit pour s'en convaincre de voir comment les chants et chorégraphies des féministes chiliennes sont reprises dans les manifestations un peu partout. 

L'Amérique du Sud montre à nouveau la voie, et c'est la voi(x) des femmes.

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