

Accusé de fraude électorale et menacé par ce qu'il dénonce comme un coup d'Etat civico-politico-policier, le président socialiste de Bolivie Evo Morales a démissioné dimanche. En Espagne, les législatives censées résoudre l'impasse politique ne fait que la compliquer en renforçant l'extrême-droite.
C'était "l'un des derniers présidents de gauche sud-américaine issu de la vague rose des années 2000" : le bolivien Evo Morales a présenté sa démission ce dimanche.
Cette image de la "vague rose", on la doit à l'agence américaine Reuters qui met ainsi en contexte cette annonce tonitruante pour tout un continent : Evo Morales quitte le pouvoir, et il le fait contraint et forcé, "acculé, abandonné par tous ses soutiens" selon ce qu'en écrit le grand quotidien latino-américain La Nacion.
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Le leader indigène du Movimiento Al Socialismo, le Mas, sera resté treize ans aux commandes de la Bolivie, mais il est poussé dehors sous la menace des forces armées de son pays : il dénonçait hier un "mandat d'arrêt illégal" lancé contre lui par une police et une armée clairement passées dans le camp de l'opposition. Et c'est vrai que l'un des meneurs de cette opposition Luis Fernando Camacho se vantait ces derniers jours d'avoir obtenu de la Justice un ordre d'interpellation contre le chef de l'Etat, et d'avoir lancé policiers et militaires sur la piste d'un Morales décrit comme aux abois, réfugié dans son fief politique de Cochabamba.
Alors bien sûr, on ne se contentera pas de cette réthorique du "coup d'Etat civico-politico-policier" ourdi par l'opposition contre le socialiste et les siens : il faut aussi rappeler, avec Carlos Corz de La Razon, qu'Evo Morales était vivement, parfois violemment contesté depuis trois semaines, depuis l'élection présidentielle qui lui avait donné une victoire tardive, étriquée et donc contestée pour un quatrième mandat dont le peuple bolivien avait déjà dit, par référendum, qu'il ne voulait pas.
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Trois semaines plus tard, l'"impensable s'est produit", comme le résume La Razon : trois semaines de manifestations, mais aussi d'intimidations tous azimuts du camp Morales, voici donc la victoire de l'opposition bolivienne qui pousse Evo Morales à trouver refuge parmi les champs de coca au-dessus de Cochabamba, là où il avait entamé son ascension politique.
Depuis La Paz, tout ce que nous voyons, dans la presse bolivienne, ce sont des images d'incendies et d'émeutes : les partisans du Mas sont sortis hier par centaines dans les rues de la ville, ils ont incendié des bus municipaux, tenté d'assiéger les locaux de grands médias nationaux ; le journal Pagina Siete par exemple "ne paraîtra pas ce lundi matin, pour des raisons de sécurité", explique-t-on laconiquement sur son site web. Son confrère El Deber nous en dit plus : dans le quartier du siège du gouvernement, des explosions se sont fait entendre dans la soirée, des partisans d'Evo Morales, rassemblés par le puissant chef de l'Association des producteurs de coca Alex Quisbert ont semé la violence et les pillages.
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Dans une interview à Los Tiempos de Cochamamba, le vice-président démissionnaire lui aussi (Alvaro Garcia Linera, connu pour être l'éminence grise d'Evo Morales) explique pourtant que si lui et son président renoncent aujourd'hui au pouvoir, c'est pour éviter la violence fomentée par leurs opposants depuis trois semaines, mais également pour, je cite, "préserver l'ordre démocratique et les conquêtes sociales" de leurs 13 années à la tête du pays.
"Nous reviendrons et nous serons des millions", conclut Garcia Linera, et c'est une référence à l'un des héros de la nation andine des Aymara, le chef rebelle Tupac Katari qui au 1XVIIIème siècle avait mené une révolte indienne contre la tutelle espagnole. Manière de dire que la question ethnique en Bolivie ne manquera pas de se reposer bientôt car elle sous-tend cette profonde crise politique.
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La Razon nous alerte enfin sur le fait que le pays, ce lundi matin, va se réveiller dans une situation de "vacance totale du pouvoir" : la présidente du Sénat Adriana Salvatierre, qui devait selon la Constitution assurer l'intérim à la présidence, y a renoncé hier soir. L'opposition, elle, se prépare à s'emparer du pouvoir mais son meneur Luis Camacho appelle les siens à "poursuive la mobilisation pour bloquer le pays deux jours encore, le temps de constituer un gouvernement de transition".
L'autre grand titre de l'actualité internationale ce matin c'est l'Espagne, au lendemain d'élections législatives qui n'ont pas permis de lever les blocages politiques.
Mais qui y croyait vraiment ? Je vous le disais jeudi dernier ici-même, il y avait peu de chance qu'une quatrième élection en 4 ans, une deuxième cette année, ne permette de constituer une majorité claire, tant les tensions entre partis se sont tendues, tant surtout les électeurs espagnols sont lassés, sans illusions, et prompts à aller chercher "ailleurs" une solution que les partis traditionnels ne sont pas capables de leur proposer.
"Ailleurs", et donc (faut-il s'en étonner ?) à l'extrême-droite, avec la formation Vox réée il y a moins de 5 ans et qui, nous dit El Pais, est la grande bénéficiaire de ce scrutin. Elle voit son nombre de députés plus que doubler, passant de 24 en avril à 52 7 mois plus tard. Vox "vampirise le parti centriste Ciudadanos" en pleine déroute, Vox "se normalise" en devenant la troisième force politique espagnole, mais surtout "Vox profite à plein (c'est l'analyse d' El Mundo ) du cadeau que lui a fait le premier ministre socialiste Pedro Sanchez".
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La tête de file du PSOE accusé à demi-mots d'avoir sciemment fait monter l''extrême-droite pour fragiliser l'opposition de droite traditionnelle, et ensuite s'affirmer comme le seul recours possible face au retour de la bête nationaliste et du démon séparatiste ;à présent Sanchez peut nourrir l'espoir de former une grande coalition d'union républicaine... qui aurait été inconcevable avant le vote.
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Ainsi toute "amère" qu'elle soit, c'est tout de même une "victoire" des socialistes que salue El Periodico en Catalogne ; et de rappeler que le PSOE qui espérait être renforcé par les urnes hier s'en sort avec trois élus de moins qu'au printemps dernier. Bref, les élections qui devaient clairifier la situation n'ont fait que la compliquer en y renforçant l'extrême-droit, conclut El Pais qui titre ainsi son édito du jour : "Retour à la case départ" pour l'Espagne.
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